Le fabuleux destin de Sandra Jayat !

 » Si tu ne sais plus où tu vas, tu dois savoir au moins d’où tu viens « .

Sandra Jayat, peintre et poétesse tzigane

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Ma rencontre avec Sandra Jayat a d’abord été littéraire. Il y a quelques mois, une amie m’a offert un livre «  La zingarina ou l’herbe sauvage « . Ce cadeau inattendu a vraiment ouvert bien des portes en moi.

J’ai été captivée par ce récit poétique et autobiographique, qui raconte l’incroyable parcours d’une jeune adolescente tzigane. A 15 ans, au début des années 50, Sandra Jayat fuit un mariage arrangé, quitte l’Italie et décide de rejoindre Paris, à pied, pour retrouver un cousin, le célèbre guitariste  Django Reinhardt.

Elle connaîtra, la solitude, le rejet, la peur, mais une bonne étoile veille sur elle. Sa vie sera jalonnée de rencontres essentielles et de hasards bienheureux.

Après un long périple d’une année qui ressemble à une véritable quête initiatique, Sandra Jayat arrive à Paris. Autodidacte, elle peint, écrit des poèmes, danse les couleurs de son âme.  Une vie de bohème et d’abondance qu’elle partage, avec d’autres artistes , tels que Marcel Aymé ou  Jean Cocteau qui seront de fidèles compagnons sur le chemin de la création. La vie et le parcours de cette femme montrent qu’il est possible de vivre une vie en accord avec les couleurs de la liberté, de la confiance et de l’intuition, à condition d’apprendre à lâcher le passé pour suivre l’appel de l’inconnu.

J’ai eu envie de rencontrer Sandra Jayat car au-delà de son parcours , j’ai aimé sa façon de peindre son monde intérieur, avec grâce et légèreté.

Très gentiment, Sandra Jayat a accepté d’échanger avec moi et je la remercie.

C’est une dame aujourd’hui âgée de 73 ans. Elle vit toujours à Paris. Grâce à elle, j’ai encore une fois beaucoup appris.

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Sandra Jayat : peintre et poète

Nous nous rencontrons au Cabinet de Paris, dans le 5ème arrondissement. Drôle d’endroit pour une rencontre. Le cabinet de Paris n’est pas une galerie d’art, mais une agence immobilière. C’est pourtant là que sont exposées de nombreuses toiles de Sandra Jayat. Et ce n’est pas un hasard. Dans les années 60, ce lieu était un club où défilait les plus grands poètes. C’est le fils des anciens propriétaires, aujourd’hui responsable de l’agence immobilière qui par attachement pour le passé bohème de ses parents, a décidé de rendre hommage aujourd’hui encore  au travail de l’artiste tzigane.

J’ai le sentiment d’explorer encore une fois une maison abandonnée, où la lumière n’a jamais cessé de briller malgré les années. L’époque a changé, mais les murs vibrent. Ils se souviennent d’un temps où des artistes idéalistes se retrouvaient pour créer un autre monde. Un monde d’une beauté nouvelle.

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Elle apparaît avec ses grands yeux bleus qui n’ont rien perdu de leur éclat mystérieux. Sandra Jayat est une dame élégante, le cou serti d’un ruban bleu. J’ai des dizaines de questions qui me viennent et qui s’entrechoquent entre mes lèvres tant ma curiosité est grande. Elle me regarde avec un sourire amusé. «  Vous savez, je sens les gens, je ne peux pas vous l’expliquer, c’est peut-être l’instinct, mais je sens les gens », me dit-elle. Je ris, soulagée. Si elle est restée, c’est qu’elle est prête pour la conversation. Le courant passe. Je suis comblée.

Qu’est-ce qui me fascine chez cette artiste ? Qu’est -ce qui m’a poussé à la rencontrer ? Voilà la véritable question. En lisant ses poèmes, en écoutant ses chants, en plongeant le coeur dans ses toiles, j’ai senti que l’art, la créativité était bien plus qu’un passe-temps ou qu’un don.

Créer aide à vivre. C’est aussi simple que cela. Et c’est le plus grand secret que m’a révélé Sandra Jayat.

Ses errances, sa solitude, son passé difficile, les souvenirs de la guerre, où ,enfant, elle est cachée pendant des mois dans un grenier avec son grand-père pour éviter les camps de concentration où les tsiganes seront amenés au même titre que les juifs, les homosexuels et tous les êtres jugés déviants, sous l’ère nazie, tout cela est resté figé dans sa mémoire. Elle m’en parle, avec émotion.  » Peut-on jamais guérir du passé ? Aujourd’hui à mon âge, les souvenirs douloureux refont surface », me lance-t-elle, le regard perdu dans ses pensées. J’ai envie de lui dire que oui, on peut guérir, mais je me tais. Je sais que je suis venue ici écouter comment cette magicienne, a transformé la douleur en lumière.

Qu’est-ce que le destin  ? Est-il menaçant, injuste où se présente-t-il simplement à nous lorsque notre âme ressent l’appel de la liberté  ? Sandra Jayat a répondu à cette question avec le recul de ses 73 printemps.

En quittant une vie sécurisée au sein de son clan, la jeune tzigane a suivi sa propre voie, au prix d’une grande  solitude. Chez les nomades  quand sonne l’heure du départ, aucun retour en arrière n’est possible. «  Le gitan part à ce signal que personne ne donne et auquel tous obéissent », me souffle-t-elle. L’ âme de Sandra Jayat  avait choisi un autre destin que celui que sa condition lui avait attribuée et elle a eu le courage de partir sans savoir où elle allait.

Commence alors une vie d’errance dans l’Europe des années 50. Elle est seule sur les routes,  elle sait qu’elle doit rejoindre Paris, c’est sans doute sa seule certitude. Le reste ne sera qu’infinie solitude.  Elle marche donc seule, rejetée par des villageois souvent cruels et ignorants. « Je pouvais passer de longues semaines sans croiser ou parler à quelqu’un, mais dans ma tête je n’étais pas seule. Je créais des tableaux dans mon esprit. Je parlais aux pierres et à la lune. J’écrivais déjà des mots sur le papier  invisible de mon monde intérieur.  J’ai appris la vie comme ça. Le grand livre de la vie, c’est la Nature« , m’explique-t-elle.

Un chemin solitaire qui sera malgré tout éclairé par des rencontres bienfaisantes. Dans les pires moments de désespoir, une âme charitable lui tend toujours la main. C’est quand elle n’attend plus rien, que le ciel lui envoie des anges terrestres qui la laveront, rempliront son ventre affamé, avant de la remettre sur la route, revigorée.

Un jour, elle rencontre un peintre. Il lui apprendra tout ce qu’elle ne sait pas encore. Elle se sent bien à ses côtés mais elle sait aussi qu’elle ne peut pas restée dans son ombre. Pas après pas, elle arrive à Paris. Ce souvenir, provoque une vive émotion :  » Quand je suis arrivée à Paris, je suis arrivée porte d’Italie. J’ai pleuré de découragement, après tout ce voyage, je croyais que je n’avais fait que tourner en rond, je pensais que je n’avais jamais quitté l’Italie« , poursuit-elle, dans un éclat de rire.

C’est pourtant là que sa vie commence.  Elle était venue pour retrouver son cousin Django Rheinardt mais il est déjà mort. Elle ne pourra pas compter sur lui. Elle erre seule. Une femme la recueille. Aussi incroyable que cela paraisse, cette dame qui a perdue sa fille dans les camps de concentration croit revoir sa chère enfant disparue dans les grands yeux bleus sauvages de la petite tzigane. Sandra Jayat jouera le jeu pour éviter à cette femme une douleur atroce. Mais très vite, elle sent, que ce mensonge ne pourra pas durer. Elle quitte alors encore une fois un foyer sécurisant mais malsain, pour l’inconnu.

Pour survivre, elle vend les pierres bleues qu’elle portait avec elle depuis sa fuite. C’est comme cela qu’elle gagnera ses premiers deniers. La jeune femme a un talent certain. Ses dessins se vendent. Elle écrit des poèmes chaque jour dans un café, puis les déchire aussitôt. Ecrire est une manière pour elle de vider son âme tourmentée par toutes les émotions traversées. Un jour un homme lui demande s’il peut lire ses poèmes. Cet homme, c’est Marcel Aymé. Le célèbre poète deviendra l’un de ses plus fervents admirateurs et un précieux allié.

En plein coeur des années 60, Sandra Jayat représente la femme sauvage, libre, authentique, elle devient alors une muse, crée, danse, inspire. Suivra alors une ascension créatrice qui fera d’elle une pionnière. Elle deviendra la première ambassadrice du peuple tzigane. Elle ira raconter son histoire dans des écoles, tout en poursuivant une prolifique vie créatrice à travers la poésie et la peinture.

La recherche de la liberté est à son apogée à cette époque de grand changement. Les années 70 célèbrent l’amitié, le partage, la créativité. Son histoire et sa personnalité fascinent tous ceux qui s’éveillent à cette nouvelle réalité, au moment où de nombreux schémas sociétaux s’effondrent.

Tout ce qu’elle me dit résonne avec justesse en moi. J’ai toujours ressenti ce même besoin de liberté. Malgré les désillusions, la période  » Flower Power »  a ouvert bien des voies et distillé des germes d’espoir, d’amour et d’unité qui continuent de vivre aujourd’hui dans de nombreuses oeuvres d’art.

Sandra Jayat me l’avoue. Elle n’aime pas notre époque, si éloignée de ce temps béni où la vie était fluide, les amitiés sincères, l’abondance toujours au rendez-vous malgré le manque d’argent. Elle s’affole des hoquets du monde tenté à nouveau par le repli, la xénophobie, la peur de l’autre, la peur de perdre. » Aujourd’hui les gens ont peur les uns des autres. L’autre dans ses différences est pourtant d’une incroyable richesse », médite-t-elle.

Elle conclut notre entretien, avec des vérités qui font trembler mon coeur de joie.

Voici ce qu’elle me confie :  » Il n’y a pas de liberté possible en dehors de soi-même. Il faut apprendre à se créer sa propre liberté intérieure. Etre libre, c’est apprendre à respirer seul. A chacun de définir son bonheur. Pour moi, le bonheur, c’est être soi-même, s’accepter. Il faut d’abord être bien avec soi-même, pour être bien avec les autres. J’ai vécu des moments difficiles, mais je peux vous dire, que c’est en tombant très bas, que j’ai aperçu la lumière. J’ai appris aussi qu’il ne fallait pas se laisser influencer par les autres. On doit se créer son idéal, s’entourer de personnes positives et surtout écouter sa petite voix intérieure. »

Tout est dit. Je suis prise d’une émotion à ces mots que je ne comprends pas moi-même. Mon âme sait. Aujourd’hui, je sens qu’il est possible de trouver la lumière dans l’obscurité. Il n’y a qu’à suivre les signes que l’univers a laissé pour nous dans le noir.

Je plonge mes yeux dans le regard bleu de Sandra Jayat et je vois alors avec une clarté nouvelle le monde qui m’entoure.

partir de ce jour, je comprends que moi aussi j’ai le droit de suivre ma voie. J’accepte le défi. Je continue le chemin, sans savoir où il me mènera, en acceptant de laisser derrière moi, mes peurs, mes blessures et tout ce qui me pèse. 

Je pars devant en éclaireur chers amis et lecteurs. Cela fait plus d’un an que je cherche ,via ce blog, des réponses. Je ne les ai pas toutes, mais j’avance, à vos côtés, dans la confiance, portée par votre bienveillante énergie.

Ressentez-vous vous aussi, ce puissant appel qui nous pousse à changer notre façon de vivre et d’être au monde ?

Quoi qu’il arrive, vous pourrez compter sur moi, pour transmettre toutes mes découvertes. Nous avançons ensemble, chacun à notre rythme. Et nous irons ensemble au bout du chemin.

N’avez-vous pas vous aussi envie de savoir où il mène ?

Sandra C.

©larevolutioninterieure.com

"Hiver" de Sandra Jayat

« Hiver » de Sandra Jayat

Liens pour aller plus loin :

La biographie de Sandra Jayat

Où trouver ses oeuvres ?

Les fabuleux voyages de Philippe Cap !

« Cela fait partie du travail du photographe de voir plus intensément que la plupart des gens. Il doit avoir et garder en lui quelque chose de la réceptivité de l’enfant qui regarde le monde pour la première fois ou du voyageur qui pénètre dans un pays étrange. »

Bill Brandt, photographe anglais ( 1904-1983)

BirmaniePhotographe: Philippe Cap

Birmanie
Photographe: Philippe Cap

Cette photo est juste sublime. On ne se sait pas où va ce vélo mais il avance. On discerne un pont d’apparence fragile. Mais cela ne trouble pas le cycliste qui poursuit sa route, le dos bien droit et le regard fixé vers le bout du chemin. Cette photo est à mes yeux une magnifique métaphore de la vie. On la doit à un homme qui sait regarder plus loin que l’horizon. Un jeune photographe parisien âgé de 28 ans qui m’a beaucoup inspirée et dont je partage l’histoire avec vous aujourd’hui.

Rencontre avec Philippe Cap, le photographe globe-trotter.

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Philippe Cap

Philippe Cap n’a pas choisi de devenir photographe. C’est la photographie qui l’a choisi. Tout commence lors d’un voyage en Inde. Il a alors 19 ans et vient de finir ses études. Il ne sait pas très bien ce qu’il veut faire de sa vie.  L’Inde lui soufflera les réponses qu’il n’attendait plus. «  J’y suis d’abord allé avec deux autres amis, puis j’ai décidé d’y retourner trois mois seul avec mon sac à dos. Ce pays m’a tellement fasciné que je m’y suis rendu plusieurs fois. En Inde, la rue est un théâtre. Les couleurs, les odeurs, les gens, l’ambiance mystique, tout cela a provoqué en moi des émotions très fortes »,  se souvient Philippe. Il ramènera ses premières photos, comme on ramène des souvenirs. Mais il faudra encore de nombreux voyages avant que l’artiste en lui prenne toute la place.

Entre deux séjours au bout du monde,  il suit des études d’architecture, se forme au graphisme, crée des sites internet. Mais chaque voyage en Asie lui rappelle  qu’il n’est pas fait pour rester assis devant un écran. Il a besoin de mouvement.  » C’est l’Asie qui m’a ouvert les yeux sur ma vocation », poursuit Philippe. Le jeune homme découvre qu’il est un nomade. Son passeport, c’est son appareil photo. A force d’ouverture, son regard s’affine. Ses photos témoignent de l’incroyable diversité des saveurs, des couleurs qu’il goûte avec les yeux.  » Je planifie très peu mes voyages. Je fais des photos à l’instinct, en fonction des rencontres« .

La rencontre avec l’autre est pour lui essentielle. Son appareil devient alors un pont qui le relie aux êtres qui croisent son chemin.  » Au Sud de l’Inde, il y a un village que j’affectionne particulièrement. J’y suis allé trois ou quatre fois. J’ai là-bas comme ma deuxième maman. Je m’y suis souvent improvisé photographe du village. C’est plus facile quand on connaît les gens. Quand je ne les connais pas, j’y vais un peu au culot. J’utilise un polaroid, c’est génial, les gens voient leurs visages et je leur donne systématiquement leur photo. C’est comme un tour de magie, quand la photo est révélée. Les enfants adorent ! », explique Philippe.

 » Le photographe est un passeur « 

 » Ce que j’aime, c’est l’idée d’être un passeur entre des mondes qui ne se connaissent pas. » Quand Philippe parle de ces motivations profondes, l’idée du pont revient toujours. « Si je peux éveiller la curiosité des gens et les inciter à s’ouvrir à d’autres cultures, je considère que j’ai accompli ma mission. Si mes photos peuvent éviter la xénophobie, j’aurai le sentiment d’avoir fait ma part dans ce monde », sourit-il.

Sa quête de photographe est profondément humaniste. Elle résonne avec sa curiosité naturelle. Philippe ne se lasse pas de regarder, d’apprendre et de transmettre. Il aime être le témoin de modes de vie très éloignés des nôtres.  » Ce que j’aime d’ailleurs, c’est le côté intemporel d’une photo.  » Et quand on les contemple, on plonge dans un univers fait d’authenticité et de magie.

Cette photo réalisée à Rangoon en Birmanie en est le meilleur exemple.

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Le barbier de Rangoon Philippe Cap

 » Rangoon est la capitale économique de la Birmanie. C’est une ville qui a gardé une âme un peu lavée par le temps. En me promenant dans les rues, j’ai remarqué ce petit barbier un jour. J’y suis retourné le lendemain et j’ai attendu les clients. J’aime ces hommes avec leurs habits traditionnels. Ils y sont très attachés. Dans notre monde uniformisé cette photo nous laisse entrevoir une autre dimension. Un monde intemporel et ouvert quand chez nous il n’y a que des vitres« , raconte Philippe.

Il y a une autre photo que je ne me lasse pas de contempler. C’est ce père birman qui tient du bout des doigts sa petite fille de 6 jours, à peine.

Fierté du père Philippe Cap

Fierté du père Philippe Cap

 »  J’ai pris cette photo en Birmanie. C’était à côté du lac Inlé. Un lieu assez touristique. J’ai pris un vélo pour visiter les villages alentour et je suis  tombé sur ce monsieur qui était négociant en ail.  Je me suis intéressé à son travail, il a d’abord été surpris puis m’a invité chez lui. J ‘ai alors découvert toute sa petite famille. Ce monsieur était très fier, car il venait d’avoir une petite fille. Il m’a offert un thé et en retour j’ai fait cette photo  pour lui, car il avait envie d’avoir un beau souvenir de lui et sa fille. C’est une photo que je trouve sublime. Il y a tant de tendresse dans son regard » , raconte Philippe.

Autre voyage, autre décor. Ce paysage emprunt de mystère se situe au centre de la  Chine à Yang Gshuo. L’oeil éclairé de Philippe a capturé pour toujours ces pêcheurs traditionnels, accompagnés de cormorans.

Pêcheurs dans la brume Philippe Cap

Pêcheurs dans la brume Philippe Cap

 »  C’est une région située dans le centre de la Chine réputée pour ces montagnes. C’était l’été, tôt le matin. Ces  pêcheurs reproduisent des techniques de pêche ancestrale. Ils élèvent des cormorans et leur posent des bagues au niveau de la gorge. Le cormoran plonge et va récupérer le poisson. C’est une tradition qui est amenée à disparaître car la Chine avance à toute vitesse. Ces images sont rares » , précise Philippe Cap.

L’univers de Philippe Cap est fait de magie, de mystères, de brumes et de couleurs. Il nous invite au voyage et élargit nos horizons. Philippe ne sait pas où le vent le portera. Pour l’instant ses photos ne le font pas vivre. Il travaille dans un restaurant parisien entre deux voyages. Sans regrets. Car rien n’est plus fort que l’appel de l’ailleurs. Il replonge dans l’inconnu dès que ses finances le lui permettent. Une vie de nomade, profondément nourrissante qui nous pousse nous aussi à sortir hors des sentiers battus !

Si son univers vous plaît n’hésitez pas à le soutenir ! Ses photos sont disponibles sur son site internet à découvrir ici . Un beau cadeau à s’offrir !

©larevolutioninterieure.com

Liens pour aller plus loin  :

Le site internet de Philippe Cap

Le pouvoir des mots d’amour !

 » Les mots sont les passants mystérieux de l’âme  »  Victor Hugo

Un Anj'ôleur en action !

Un Anj’ôleur en action !

Les anges existent. Ils dansent dans les jardins et dans les rues des villes. On les appelle «  les Anj’ôleurs « .

Dimanche 24 mars, ils seront au jardin d’acclimatation à Paris entre 14 h et 17 h, pour souffler des poèmes d’amour à des passants aventureux. Le jeu est simple et délicieux. On vous demande de tirer une carte, puis d’accepter de vous laisser bander les yeux. Un ange s’approche alors et vous souffle à l’oreille des mots qui n’attendaient que vous. Un moment magique. Un message rien que pour vous. Un instant d’abandon unique. C’est ce que vous  propose les comédiens de la  » Comédie des Anges », dans le cadre du Printemps des poètes.

Rencontre avec Céline Bellanger, la créatrice de ce spectacle poétique, vivant et thérapeutique.  Un beau moment de partage comme je les aime.

Céline Bellanger, créatrice de la Compagnie théâtrale La Comédie des Anges

Céline Bellanger, créatrice de la Compagnie théâtrale La Comédie des Anges

Depuis toujours Céline Bellanger a deux amours. Le théâtre et les anges. Elle a réuni le tout au sein de la  » Comédie de anges », une compagnie théâtrale qu’elle a créé en 1996 à Paris.  Comédienne, metteur en scène, auteur, Céline Bellanger transmet la beauté dans un souffle, recherchant constamment l’harmonie entre la parole et la présence. Ses créations questionnent notre humanité et s’invitent dans des lieux insolites. C’est ce qui fait toute l’originalité de sa démarche. Elle voit l’artiste comme un passeur,  pas très éloigné de la figure symbolique de l’ange. » J’ai toujours été attirée par les anges. Ils m’ont fascinée dans Les Ailes du désir de Wim Wenders. Ce sont des messagers invisibles très proches des humains. C’est ce qui m’a inspirée le spectacle des Anj’ôleurs« , explique-t-elle. Ce projet artistique atypique naît en 2007, sous l’impulsion du printemps des poètes. Depuis 15 ans cette association a pour objectif de promouvoir la poésie de manière originale :  » Cette année -là en 2007, le thème de la manifestation, c’était l’amour et l’éloge de l’autre. L’idée des anges s’est rapidement imposée.  Les anges apaisent, ils écoutent, ils disent des choses qui font du bien. Nous avons donc décidé de créer un spectacle où les comédiens deviennent l’espace d’un instant, des anges, passeurs d’amour « , sourit-elle.

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C’est dans les poèmes du monde entier que Céline Bellanger puise les mots qui réconfortent et qui apaisent : « Je lis beaucoup de poésie. J’aime la sincérité des poètes. Ils mettent leur âme à nu.  Nous ne choisissons pas n’importe quel poème. Nous disons uniquement des poèmes positifs qui font l’éloge de l’autre. Il faut chercher un peu pour les trouver, mais il y en a partout, sur tous les continents », explique-t-elle. Les poèmes voyagent ensuite au gré du vent. La troupe joyeuse et légère aime investir des lieux où on ne les attend pas : des parcs, des musées, des salles d’attente, des hôpitaux, des ambassades. Ils repoussent la peur de l’inconnu d’un battement d’aile. Grâce aux poètes l’ inconnu devient désirable. » Nous avons beaucoup travaillé l’approche, car ce que nous proposons à quelque chose d’intime. Tout le monde n’accepte pas de se laisser murmurer des mots d’amour à l’oreille« , note la metteur en scène. La peur tient certaines personnes à distance. Mais la plupart du temps, les gens, poussés par la curiosité se laissent enjôler. » On fait intervenir le hasard en demandant aux passants de tirer une carte sur laquelle est inscrite un poème. Ils deviennent alors responsables du message qu’ils vont recevoir et souvent des choses extraordinaires se produisent « , relate-t-elle.

Ces mots d’amour qui guérissent

 » Le comédien ne se contente pas de dire un poème. Il transmet une vibration » , explique l’artiste. Une fois la carte tirée, un foulard sur les yeux pour mieux ressentir les mots qui vont être partagés, le passant entre dans son intériorité. Privé de la vue, le voilà seul avec lui-même. Puis le voilà enveloppé.  » L’Anj’ôleur se met en phase avec la respiration de la personne qui accepte le jeu. Il vibre avec lui. L’écoute du rythme de l’autre est tout aussi importante pour le comédien que le rythme du poème. Il transmet ainsi un texte à chaque fois différent, car il n’est jamais dit de la même manière. Ce n’est pas un spectacle, c’est une rencontre « , poursuit Céline Bellanger.

L’échange est souvent magique. Il revigore, libère, soulage, redonne le sourire :  » Je me souviens d’un homme sur le parvis de la Défense. Au début, il ne voulait pas entendre parler de nos poèmes. Il n’avait pas le coeur à cela, il venait de se faire licencier. Il a fini par accepter et  il nous a remercié chaleureusement. L’expérience lui a fait du bien« , rapporte la comédienne. Le pouvoir des mots d’amour est immense. A leur écoute les corps tendus se relâchent, les visages rayonnent. Les poèmes semblent cacher en eux une formule alchimique ancestrale qui produit  une subtile transformation à l’intérieur des êtres qui les reçoivent :  » Certaines personnes pleurent, d’autres éclatent de rire.  Nous touchons des gens de tout âge et de tout milieu.  Nous offrons ainsi une chose qui manque terriblement dans la société actuelle :  de l’amour inconditionnel  « , conclut l’artiste. Transmettre. Créer du lien. Regarder au-delà des apparences. Rencontrer l’autre tout entier, sans peur. Voilà ce qui motive ce magnifique projet humaniste et artistique.

 Céline Bellanger est sans aucun doute une belle âme et elle est bien entourée. La troupe compte actuellement une dizaine d’Anj’ôleurs. Des anges terrestres, gardiens de l’esprit des poètes. Des messagers, gardiens de l’âme du monde. Ils sont ici et là, invisibles et pourtant accessibles. Et ils répondent toujours à ceux qui les appellent !

Les fruits de l’hiver et de l’été entre mes yeux
Le soleil et l’automne entre mes yeux
Et tout l’or du monde
Et moi
Et toi.
Entre nous deux un signe
Un théâtre ambulant
Une épée d’argent
Un corbeau perdu.
Entre nous deux l’arc-en-ciel…

Issam Maalouf extrait de La terre tourne

©larevolutioninterieure.com

 Liens pour aller plus loin :

Le programme des Anj’ôleurs

Rencontre avec un chasseur d’étoiles !

 » Visez toujours la lune. Même si vous la manquez vous atterrirez parmi les étoiles ».

Les Brown, écrivain américain

Photo : Philippe Contal Saintes -Maries-de-la-mer Camargue

Photo : Philippe Contal Saintes -Maries-de-la-mer Camargue

Photo : Philippe Contal Saintes-Marie-de-la mer octobre 2011

Photo : Philippe Contal Saintes-Marie-de-la mer octobre 2011

J’ai découvert ces photos il y a quelques jours. Et j’ai été saisie par la beauté qui s’en dégageait. Je n’avais jamais vu un ciel pareil lors de mes séjours en Camargue. Et pour cause. Je ne suis pas du matin, contrairement à Philippe Contal, l’auteur de ces clichés. Lui n’hésite pas à se lever aux aurores pour converser silencieusement avec la lune et les étoiles.

Philippe Contal est un photographe amateur de 46 ans, amoureux des mots et de la nature. Il vit dans le sud de la France, près de Montpellier. Philippe publie ses photos sur son site personnel voyage-immobile.com. Elles reflètent un fascinant voyage intérieur qui a éveillé ma curiosité. J’ai eu envie d’en savoir plus.

Très simplement, Philippe Contal a accepté de partager son parcours et son amour pour l’art de la photographie. Et je l’en remercie.

Rencontre avec un chasseur d’étoiles, inspirant et inspiré !

Photo : Philippe ContalDolmen de Lamalou, Hérault

Photo : Philippe Contal
Dolmen de Lamalou, Hérault

 » J’ai pris cette photo le 17 janvier 2013. Je m’en souviens très bien car j’ai vraiment eu très froid. J’étais congelé. J’avais repéré ce dolmen quelques semaines avant de prendre ce cliché. En général, je fonctionne comme ça. Je repère les lieux, et puis après il faut que la météo soit favorable. J’ai choisi de me rendre près du dolmen lorsque le ciel était suffisamment dégagé. Cette nuit là, j’avançais avec une lampe frontale et très vite, la lumière de la lune était si forte que je n’en ai plus eu besoin. Je peux vous dire, que lorsqu’on se retrouve seul, allongé au creux d’un endroit pareil, c’est un moment magique », raconte Philippe.

Cela fait plusieurs semaines, déjà qu’il joue à cache cache avec la lune. Ses dernières photos en témoignent. Elles ont toutes été réalisées la nuit dans le sud de la France :  » Sans doute parce que en ce moment, je suis dans une phase d’introspection, « , sourit-il. Son travail artistique est un véritable miroir de son monde intérieur. Il capture avec le même émerveillement la nuit et le jour, passant de l’ombre à la lumière, de l’introspection à l’ouverture, au gré de ses émotions du moment. Il explore ainsi toutes les facettes de lui-même en plongeant son objectif dans les yeux du monde. » Je suis un urbain. J’apprécie comme tout le monde la technologie, la modernité mais j’aime aussi me ressourcer dans la nature. J’en ai besoin« , explique-t-il.

Philippe est né à Belfort, mais depuis plusieurs années il vit donc dans le sud de la France. Il explore depuis longtemps les territoires mystérieux du Languedoc, de l’Hérault et des Bouches-du-Rhône. Passionné d’histoire, il voue une passion quasi-mystique aux châteaux cathares et à l’Egypte ancienne. Il suit d’ailleurs des cours d’égyptologie en auditeur libre à l’Université de Montpellier.  » J’aime me plonger dans le passé, car cela m’aide à comprendre, le présent, à défaut de pouvoir prédire le futur« , glisse-t-il dans un éclat de rire.

Philippe est diplômé d’une école de commerce et pendant longtemps il a vécu une vie déconnectée de ses rêves et de ses passions.  Il a co- dirigé une petite usine de sous-traitance mécanique pendant de nombreuses années, avant de se remettre sérieusement en question le jour où  le PDG de l’entreprise est parti à la retraite. Il prend conscience alors que son métier ne le satisfait pas pleinement:  » C’était un homme de 55 ans pas du tout épanoui, triste, renfermé. Moi j’avais 33 ans, et je me suis dit que je ne voulais pas finir comme lui« .

Philippe, arrête tout pour se lancer dans un projet fou. Il reprend un musée en pays cathare.  » Un échec financier total. Avec le recul, je me dis que je me suis laissé piéger par mon ego. J’ai vu trop grand et j’ai perdu beaucoup d’argent« , explique -t-il. Philippe tombe de très haut, mais cette épreuve ne l’empêche pas de rebondir et de créer l’activité qui le fait vivre aujourd’hui. Il vend des reproductions historiques. Il a créé le site histophile.com, il y a quelques années : »C’est une petite entreprise qui suit son petit bonhomme de chemin«. Une façon de concilier ses compétences avec sa passion pour l’Histoire.

 La richesse de ses photographies témoigne de la profondeur de sa recherche intérieure :  » Je me suis longtemps cherché, je me cherche encore. Ce qui est important pour moi aujourd’hui, c’est de donner du sens à ma vie, en prenant le temps de faire ce que j’aime « . Il poursuit :  » Je crois beaucoup au libre -arbitre. Nous sommes responsables de notre bonheur« . Longtemps, il a tenté de comprendre le monde qui l’entoure en étudiant le passé, mais aujourd’hui il semble construire son futur en s’abandonnant à l’instant présent. Lorsqu’il prend une photo ,il médite, il se confronte, il se perd et il se retrouve.

Cet homme est un alchimiste qui s’ignore. Grâce à la sensibilité de son regard, il capture de véritables instants de grâce et il nous permet ainsi de transformer nos soucis en lumière.

Photo: Philippe Contal Lever du soleil sur les étangs, chemin de Plagnol, Mauguio, Hérault, France le 3 juillet 2012

Photo: Philippe Contal Lever du soleil sur les étangs, chemin de Plagnol, Mauguio, Hérault, France le 3 juillet 2012

Philippe Contal est un artiste, mais certainement plus un amateur. Il rêve d’exposer un jour ses photos. Je lui souhaite de réaliser son rêve. Un homme qui vit la tête dans les étoiles mais qui sait garder les deux pieds sur terre, mérite que l’univers tout entier conspire pour l’aider à réaliser son rêve.

Cet homme est un éclaireur. Je lui souhaite le meilleur.

©larevolutioninterieure.com

Liens pour aller plus loin :

Le site de Philippe Contal à consommer sans modération !

Un autre chasseur d’étoiles entre ciel et terre : Nuits sacrées !

Rencontre avec Marc Vella : le pianiste nomade !

Sandra, Marc Vella et son épouse Cathy

Parfois la vie nous offre de belles synchronicités. Avant de partir au Québec fin octobre, j’ai découvert Marc Vella. Le parcours  de ce pianiste français m’avait alors vraiment enthousiasmé.  Le hasard a bien fait les choses. Alors que nos agendas respectifs  ne semblaient pas coïncider en France, c’est à Montréal que notre rencontre a eu lieu. Un très heureux hasard. Et une belle rencontre que je partage avec vous.

« Le hasard sait toujours trouver , ceux qui savent s’en servir  » Romain Rolland

Marc Vella est un artiste atypique. Un musicien virtuose au parcours singulier. Il commence le piano à 5 ans et se passionne dès lors pour cet instrument. A 17 ans, il intègre une classe préparatoire en hypokhâgne tout en poursuivant sa formation musicale. Le jeune homme est doué, il rejoint la classe de composition à l’Ecole Nationale de Musique de Paris et remporte un prix de composition à l’âge de 25 ans. Il enchaîne les concours internationaux, mais cette vie confinée au sein des salles de concerts et des conservatoires ne le satisfait pas pleinement.  Il a soif d’aventures. Il a envie de rencontrer l’humanité. Un projet fou naît alors dans son esprit. Il décide de mettre son piano sur une remorque et de faire  le tour du monde avec lui. Il  improvise  des concerts où bon lui semble :  des bidonvilles de l’Inde, en passant par le désert du Sahara ou encore les montagnes du Pakistan. Un improbable périple qui va éclairer sa vie d’une lumière nouvelle. La musique, ce langage  universel, va lui permettre de dialoguer avec l’âme des inconnus qu’il approche.  Au delà des mots et des différences culturelles, il comprend alors ce qui unit les êtres humains et en tire une philosophie de vie résolument positive.

A 50 ans passés, Marc Vella continue de voyager. A ce jour, il a traversé plus de 40 pays et parcouru 200 000 kilomètres. A présent, il partage ses aventures avec les autres.  Depuis 2004, il embarque ceux qui veulent bien le suivre au sein de sa Caravane amoureuse Un projet itinérant ouvert à tous dont l’objectif est de promouvoir la non-violence et la paix, à travers la musique. Marc Vella est également l’auteur de différents ouvrages dont le Pianiste nomade, l’Eloge de la fausse note et le Funambule du ciel.

Marc Vella : Le pianiste nomade

-Qu’est ce qui vous a poussé il y a 25 ans maintenant à partir sur les routes  avec votre piano ?

 » J’avais soif de rencontrer l’humanité. Je crois que c’était parce que j’avais une conscience aigüe de notre fugacité. La vie d’un être humain, c’est un battement de cil. Je ne voulais pas vivre ma vie assis. J’avais besoin d’être présent, de découvrir le mystère de l’être humain et de vivre le mystère de la musique. J’avais envie,  avant de quitter ce monde, de me sentir vraiment vivant. Alors bien sûr ce n’était pas simple, mais amener un piano à queue dans des villages en Afrique, dans la jungle ou dans les montagnes du Pakistan, c’était pour moi une façon très concrète d’étreindre cette planète, d’étreindre la vie. Je ne pouvais pas me contenter de regarder le monde à travers un écran de télévision. Pour moi cela n’avait pas de sens. « 

Qu’avez vous appris de ce tour du monde des hommes ?

 » Je me rends compte après toutes ces années d’errance, que les êtres humains ont soif de la même chose. Ils ont soif d’amour. Ils ont soif d’être entendu, reconnu, regardé, aimé. J’ai malheureusement constaté qu’il y avait aussi une sorte de chape de plomb, une sorte d’interdiction à la jouissance de la vie, une forme de culpabilité à exister. Cette insécurité existentielle a amené les êtres humains à douter de la vie elle-même, c’est ce qui les a conduit à la nécessité de croire. Après avoir traversé tous ces pays, toutes ces cultures et après avoir observé toutes ces façons de vivre et de prier, moi, ça m’a plutôt amené à m’abandonner. Je me suis rendu compte qu’il y avait quelque chose de plus grand que nous, qui s’appelle le mystère et auquel il faut se livrer. Du coup cela m’a libéré du besoin de croire. Cela m’a aidé à prendre conscience qu’il n’y avait justement qu’une chose à faire dans la vie : aimer.  Pas chercher à être aimé, mais aimer et avoir ce regard émerveillé sur toute chose. C’est cela qui va nous permettre de transformer notre vie quand parfois elle est difficile ».

-Justement comment peut-elle  s’opérer cette transformation ?

« Le maître mot de la transformation pour moi, c’est l’accueil. Je ne dis pas que j’ai atteint cette attitude. Je ne suis pas un sage en la matière et je ne le prétends pas. Mais j’essaie d’incarner cela dans ma vie d’homme et de poser un regard aimant sur toute chose, quoiqu’il arrive. C’est ce que j’appelle l’état amoureux. C’est une façon de s’abandonner à ce qui est. Cela n’a rien a voir avec ce qu’on nous dit de l’amour. Pour moi l’état amoureux, c’est ce qui nous fait ressentir une infinie gratitude. Cela nous donne une énergie incroyable. C’est ce qui m’a donné d’ailleurs la force de traverser tous ces pays avec mon piano à queue. L’état amoureux, c’est aussi une forme de conscience. C’est ce qui fait que tout communique. L’arbre, le ciel, la rivière offrent des dialogues enchantés à ceux qui apprennent à les écouter. Ces dialogues-là nous échappent si on n’arrive pas à s’abandonner. C’est l’un des enseignements de mes  années d’errance à travers le monde. Quand la vie nous bouscule, on se demande quel sens donner à toutes ces souffrances et on finit par douter. Je crois aujourd’hui que les blessures et les épreuves de la vie nous aident à grandir et à ouvrir notre coeur, afin de nous apprendre à rester aimant quoiqu’il arrive. Aimer, c’est pour moi le seul véritable défi humain. Et c’est un exploit bien plus grand que de monter au sommet de l’Everest. Et puis l’amour c’est ce qui permet de réaliser l’alchimie intérieure. C’est ce qui transforme les ténèbres en lumière ».

-Qu’est ce que c’est pour vous, l’amour ?

« L’amour nous donne une force incroyable. C’est vital. Quand on diabolise l’amour on éteint le feu chez les gens et cela génère de la frustration et de la tristesse. Tout le drame de notre époque, c’est que l’on a instrumentalisé l’amour. Aujourd’hui on le confond avec le désir et il n’est qu’un outil pour vendre des choses, alors que pour moi l’amour est d’abord un souffle que nous devons laisser entrer en nous. L’amour, c’est l’abandon. « 

– Vous avez écrit l’Eloge de la fausse note et justement vous y regardez les erreurs avec beaucoup de bienveillance .

« Une musique sans fausse notes, ce serait insipide. C’est la même chose dans la vie. Une vie sans fausses notes cela n’existe pas.  Nous sommes tous porteurs de fausses notes, nous sommes tous maladroits, nous faisons tous des erreurs. Cela fait partie de notre expérimentation d’être humain. La question est : qu’en fait-on ? Une fausse note pour moi, c’est une fenêtre qui s’ouvre avec plein de nuit derrière dans laquelle, il nous faut mettre du jour. Nos erreurs servent à nous affiner. La meilleure manière de les transformer, c’est de les accueillir en restant bienveillant. On a tendance à se culpabiliser, à se juger sévèrement face à nos erreurs. C’est fatalement nocif et destructeur. On peut faire de nos erreurs une force si on apprend à faire confiance, à s’abandonner et à lâcher-prise. Quand la vie nous remue, on peut se relever en continuant à s’aimer, mais surtout à aimer. Sans rien espérer, sans rien attendre. Etre homme, être femme c’est avant tout un processus qui demande une bienveillance extrême. Condamner et punir cela amène à bâtir des malédictions. Cela fait des millions d’années que l’on utilise la condamnation et la punition et cela ne change rien. Moi je reste convaincu que c’est par l’accompagnement bienveillant, par la prise de conscience que ça va générer, que l’être humain peut se transformer.

Quand on dit à quelqu’un tu ne mérites pas ceci, de toute façon tu n’y arriveras jamais, tu te prends pour qui, c’est trop dur pour toi, quand on est dans cette attitude là de condamnation on empêche l’autre de rayonner et on finit par le détruire. Lorsqu’on pose un regard amoureux sur l’autre, on lui  permet de donner le meilleur de lui -même. Et puis lorsque on s’autorise enfin à aimer, pleinement,  on devient alors un véritable aimant et on attire encore plus  d’amour. L’abandon mène à l’abondance « .

– C’est peut-être plus facile pour vous de ressentir cela parce que vous êtes un artiste  ?

 » Pour moi, un artiste ce n’est surtout pas quelqu’un qui a un talent et qui se croit au -dessus des autres. A mon sens la véritable fonction de l’artiste, serait celle-ci : transcender la réalité en invitant les autres à le faire aussi à leur façon. Pour moi l’ artiste, c’est aussi celui qui va faire de sa vie une oeuvre d’art, avant tout. La grâce n’est pas réservée à Mozart, elle nous traverse tous.  Chacun peut y aspirer, pour peu qu’il croie en lui-même et en sa propre musique intérieure. Il est clair qu’il n’y a rien de plus extraordinaire que de voir une personne mise en confiance nous révéler sa richesse intérieure ».

Justement, vous incitez les gens à venir improviser avec vous, durant vos voyages, que se passe-t-il durant ces moments là ?

« Les gens reprennent confiance, retrouvent la foi en eux. Ils s’ouvrent aussi au mystère de la grâce. Ils sont traversés. C’est bouleversant de vivre cela ».

Quelles sont les expériences de votre vie qui vous ont intimement convaincu que l’être humain est beaucoup plus que grand que ses erreurs et ses drames ?

« Mon regard en fait. Quand j’étais plus jeune, je tombais amoureux mille fois par jour. Les gens me touchaient. J’ai toujours été émerveillé par l’autre, les autres. Je ne comprenais pas pourquoi. C’était tellement à contre -courant de tout ce que les médias diffusaient sur l’humain. Alors j’ai approfondi mon regard et j’ai vu. Pour moi, chaque être humain est un soleil. Ce qui est terrible, c’est qu’aujourd’hui on lui interdit de rayonner. Dans nos sociétés, l’être humain ne peut pas être un soleil, on lui demande juste d’être un miroir. Un miroir qui réfléchit, qui est dans le mental et pas dans le coeur. Je crois qu’il est urgent de nous réconcilier avec notre feu intérieur. Et pour cela il faut faire plus de place à l’amour. L’amour de soi d’abord, puis l’amour des autres. Il est temps de faire ce chemin qui mène à la délicatesse et à l’humilité ».

Liens pour aller plus loin :

Le site de Marc Vella

La caravane amoureuse de Marc Vella :

L’art de la sublimation !

Emmanuelle Potier

Emmanuelle Potier est une artiste -peintre de 29 ans. Son travail tout en nuances nous invite à observer la beauté qui se cache derrière le chaos.  La transformation est le thème central de sa recherche artistique. Ses toiles inspirantes témoignent de sa propre révolution intérieure ! Rencontre avec une âme éprise de liberté !

« Un peintre c’est quelqu’un qui essuie la vitre entre le monde et nous , avec un chiffon de lumière imbibé de silence. » 

Christian Bobin

L’éloge de la liberté !

 » J’aimerais être plus légère, mais je n’y arrive pas« , lance -t-elle en souriant. Il y a de la gravité en elle, un côté désabusé mais néanmoins rieur. Ses toiles respirent la maîtrise et dégagent une joyeuse mélancolie. C’est à la fois sombre et lumineux. Un entre-deux monde que la jeune artiste explore depuis que la peinture est devenue son principal moyen d’expression. Depuis l’adolescence, Emmanuelle ne se satisfait pas du monde qui l’entoure.  » Je ne supporte pas le conformisme. Dans cette société, tout le monde juge tout le monde, tout le temps. On se sent vite étouffé par le poids de ce regard là. Parfois, j’ai l’impression que nous vivons une illusion de démocratie. En théorie nos libertés sont garanties mais je sens les gens de moins en moins libres. Ils vivent enfermés dans des cages. Ils me semblent anesthésiés. Cela m’énerve « , explique-t-elle.

Sa colère aurait pu dévaster son âme et la dévorer chaque jour un peu plus. Mais ce n’est pas arrivé. Emmanuelle a bien au contraire décidé de faire de cette énergie, le moteur de sa recherche artistique. La plupart de ses toiles sont inspirées de photographies. Elle aime saisir l’ordinaire, la banalité et l’ennui de la vie quotidienne. Ses photos, Emmanuelle aime les recadrer,  les retoucher, pour mieux sublimer l’absurdité du monde. Sa peinture agit ensuite comme un révélateur. Et la photo banale prend alors une dimension nouvelle. Regardez cette toile par exemple. Elle est inspirée d’un moment fugace dans un parc. Une femme étendue sur des chaises au Jardin des Tuileries à Paris.

« Cette année là, il était encore avec moi »

 » Dans la rue, par exemple, la foule, je trouve ça oppressant. Les gens, t’en viendrai presque à les détester, à force d’observer cette masse uniforme.  Il suffit pourtant que tu fixes un seul être humain, pour que ton regard change. Et que tu vois les choses différemment« , explique-t-elle. Emmanuelle perçoit alors l’ étincelle d’ humanité qui sommeille en chacun. Cette petite flamme trop souvent cachée derrière un rideau de convenances. C’est ainsi que l’artiste exprime son propre besoin d’évasion. La liberté et la vérité sont des thèmes qui résonnent fort en elle.  » Trouver le moyen d’être libre dans un monde cloisonné, c’est tout le sens de mon travail « , précise-t-elle.

Emmanuelle  a décidé de conquérir sa liberté en changeant son regard sur les choses. La peinture est pour elle un moyen de transcender l’inacceptable violence de la vie. Ses toiles contemplatives brouillent les pistes. Sa palette de couleurs apaise le coeur et l’esprit.

Regardez ces tableaux, cette nature tranquille. Regardez plus attentivement, et vous remarquerez les stigmates d’une catastrophe.

"Poésies actualité"

« Poésies actualité « 

 » Je me suis inspirée des photos de Tsunami pour peindre ces toiles. J’y ai mis de la couleur. C’est ironique. En fait,  j’ai l’impression que j’accepte  plus facilement les choses terrifiantes en les peignant de cette manière -là« , explique-t-elle.

Emmanuelle aime sublimer les ombres pour y dénicher la lumière.  » Je cherche à prendre du recul par rapport au monde et à sa brutalité pour trouver un peu de sérénité, je crois« . Elle aime aussi utiliser son art pour aider ceux qui en ont besoin à transformer leur part obscure.  » J’anime des ateliers avec des publics difficiles. Des toxicomanes , des personnes en insertion.  Je ressens une vraie satisfaction à l’issue d’un travail avec eux. Je suis heureuse quand je vois qu’ils sont fiers ce que qu’ils ont fait. Ce qui compte pour moi ce n’est  pas le résultat, mais l’expérimentation. Le but ce n’est pas forcément de faire quelque chose de beau mais de créer les conditions qui permettent une sorte de lâcher prise  » , poursuit-elle.

Lâcher-prise. Prendre du recul face à sa propre violence et à la folie du monde. C’est ce qui motive le travail d’Emmanuelle Potier. Ses oeuvres nous soufflent que la réalité peut être transformée par notre regard. Elles nous suggèrent que l’art permet d’ouvrir les portes de nos prisons intérieures. Un beau message à méditer !

-Où vas-tu ?

– Je ne sais pas, je marche droit

– Et pourquoi pas en biais ?

– Je n’y ai pas pensé

– N’es-tu donc pas curieux ?

Emmanuelle Potier extrait de l’exposition  » Exhibés « 

Si vous avez envie de plonger dans son univers, n’hésitez pas à aller son voir sa dernière exposition  « Exhibés « , au centre Jacques Brel de Thionville ( Est de la France )   jusqu’au 28 octobre 2012. Et n’hésitez pas à partager vos ressentis !

« Ce qui fait autorité »

NDLR :  Emmanuelle Potier est diplômée de l’école nationale supérieure des arts de Nancy 

Liens pour aller plus loin :

Le site d’Emmanuelle Potier

L’exposition  » Exhibés »

L’école nationale des arts de Nancy

Rencontre avec des alchimistes modernes !

Cédric, Anthony, Perle et Diez

Leur univers artistique se situe aux frontières de la vidéo, de la musique, de la poésie et des nouvelles technologies. Ils jouent avec nos repères sensoriels pour provoquer l’émotion. Diez, Cédric, Anthony et Perle sont les fondateurs de Paradigme Collectif. Ce groupe d’artistes messin a pour ambition de nous transporter dans un univers onirique, sans substances illicites, je vous rassure. Rencontre avec des magiciens de l’art numérique !

« Lorsqu’on rêve tout seul, ce n’est qu’un rêve alors que lorsqu’on rêve à plusieurs c’est déjà une réalité  » Elder Camara

Les maîtres de l’illusion 

«  On aime jouer avec le cerveau des gens, mais c’est pour leur proposer une autre vision du monde «, sourient-ils. Lorsqu’il s’agit d’aborder le sens de leur projet commun, les membres de Paradigme collectif  parlent d’une seule voix. Depuis deux ans, ils réveillent les consciences endormies grâce à leurs créations visuelles et sonores et transforment des bâtiments anodins en oeuvre d’art éphémères. Pour eux la beauté naît forcément dans l’instant présent.

L’histoire de Paradigme Collectif  commence en 2010 à Metz, dans l’est de la France. Anthony, Perle , Cédric et Diez viennent de répondre à un appel à projet lancé dans le cadre de la Nuit Blanche, la grande fête de l’art contemporain. Les quatre amis se connaissent quasiment tous depuis l’adolescence et fréquentent le milieu des concerts électro depuis de nombreuses années. Ils n’ont pas fait les  » Beaux-Arts », mais ils savent jouer avec les matières, les sons et les images. Leur projet est retenu. Paradigme Collectif devient alors le cadre d’expression de leurs délires créatifs.   » On a créé cette association pour fédérer des artistes. Ensemble, on lance une idée ou un concept, on en discute et après on voit comment on peut concrétiser cela matériellement« , explique Anthony, l’un des fondateurs de l’association. Leur imagination n’a pas de limites et elle est proportionnelle à leur maîtrise de l’art du bidouillage. Pour donner vie à leurs fantasmes , ils s’appuient sur un solide réseau d’amis plasticiens, musiciens, et  vidéastes.  Le groupe est ouvert et se nourrit des idées de tous ceux qui ont envie d’y contribuer.    » On a envie de proposer un autre regard sur les choses à travers l’art du détournement« , explique Anthony. Et c’est vrai qu’on se laisse très vite hypnotiser par leurs performances visuelles. Regardez !

La plupart de ces formes géométriques sortent tout droit de  l’esprit de Diez.  Le directeur artistique du groupe. » Je suis toujours en train de chercher de nouvelles idées, de nouvelles formes, de nouvelles matières« , rigole-t-il.  » J’ai un côté Mc Gyver depuis que je suis gamin. Quand y’a un truc qui traîne je peux pas m’empêcher d’en faire quelque chose d’autre « . Diez à l’âme d’un chercheur mais c’est d’abord  un alchimiste du pixel. Avant de se consacrer pleinement à Paradigme Collectif, ce trentenaire était créateur de personnages de jeux vidéos et designer indépendant pour l’industrie automobile. En 2008, il subit de plein fouet la crise et perd alors tous ses clients.  » Je me suis retrouvé au pôle emploi, je suis devenu formateur, mais ça me plaisait pas« , explique-t-il. Diez est un pur créatif, ce qu’il aime , lui, c’est jouer avec les images. C’est un magicien moderne. Un maître de l’illusion virtuelle. Il décide donc de mettre son talent au service de l’association.

Jour après jour, le collectif  s’enrichit de nouvelles inspirations et de nouvelles compétences . »On lance des trucs sans savoir comment on va matérialiser nos idées. On débat parfois de longues heures avant de monter un projet. Mais c’est toujours positif. On considère que l’union  fait la force. Cela fait partie de notre vision artistique « , souligne Anthony. Et ce qui était au départ une association de  rêveurs inspirés devient peu à peu une référence dans le domaine des arts visuels.  Le feu d’artifice numérique est tendance et le groupe de copains commencent à se dire qu’il est temps de montrer de quoi ils sont capables.

Parking Mazelle Metz 2011

Un nouveau paradigme artistique

Après une période de vaches maigres les commandes finissent par arriver.  » On a pas toujours été rémunéré au début mais cela nous a permis de nous faire connaître« , explique Anthony. C’est lui qui gère les cordons de la bourse. C’est lui aussi qui tempère les ardeurs des autres, quand les contraintes matérielles sont trop fortes. Malgré cela les membres du  groupe ne manquent pas de ressources et d’ingéniosité. Leurs créations tapent dans l’oeil du propriétaire d’une discothèque. Il leur demande de revisiter les lieux. Du dessin à la conception, ils ont  carte blanche. Une magnifique opportunité. Les voilà qui créent un incroyable dôme de 300 mètres carré.  De quoi passer une soirée surréaliste.

Le dôme avant

Le dôme après !

Aujourd’hui, les membres de Paradigme collectif  commencent  à vivre de leur art. Un rêve éveillé.  » On est maintenant officiellement des intermittents du spectacle. C’est la première fois que je suis payé toute l’année juste pour prendre le temps d’avoir des idées, c’est énorme « , explique Diez.

Anthony a quitté son boulot de contrôleur de gestion pour se consacrer pleinement à l’association et à son rôle de chargé de production. Il ne regrette pas d’avoir fait ce choix  » Dans la vie aujourd’hui personne n’est à l’abri. Le CDI, c’est l’illusion de la sécurité. Dans le monde de l’entreprise, on est pas toujours reconnu alors autant faire ce qu’on aime et prendre des risques » analyse-t-il. Après un diplôme en histoire de l’art, Perle a trouvé sa place au sein du collectif. Elle s’occupe aujourd’hui de toute la partie communication tout en travaillant en tant que professeur vacataire dans l’éducation nationale.   » Je me suis toujours investie dans le milieu associatif, j’ai monté des festivals d’arts vivants quand j’étais ado, je sais monter un projet« , explique-t-elle. Cédric, lui se consacre à son groupe de musique Abstract Sound Project  tout en continuant son boulot de commercial.  » C’est pas évident de vivre uniquement de la musique, mais ça fait du bien de pouvoir créer des choses dans un cadre comme celui-ci « , précise-t-il à son tour.

Depuis quelques mois leurs créations voyagent. Paradigme Collectif a participé au festival de las Artes au Costa Rica en mars et au Boom Festival au Portugal l’été dernier. Un encouragement supplémentaire. « Passer de l’association à la société de production on y pense. On croit dans l’innovation. On a envie de davantage d’interactivité avec le public. On veut développer l’idée de l’art participatif « , enchaîne Anthony.

Dans un monde en crise, assumer son désir de vivre une vie d’artiste peut sembler risqué. Quand on leur suggère que pour beaucoup de gens, artiste c’est pas vraiment un métier d’avenir aujourd’hui, ils sont loin d’être d’accord. « Il faut tenter l’aventure, nous n’avons qu’une vie ! Vivons nos rêves ! Je pense également  que l’union fait la force, donc pour se lancer, le monde associatif est formateur. Il n’y a pas de parcours standard pour devenir artiste ! Il faut être acteur de sa vie et non spectateur ! », répond Anthony.  « Il y a de place pour les artistes ! Un pays sans artistes, c’est une société qui ne rêve plus !  Mais c’est vrai,  il faut se  faire sa place! », conclut-il.

Détermination et inspiration ce sont les mots qui me viennent quand je repense aux propos d’Anthony.  Les membres de Paradigme collectif ont  décidé d’assumer leurs rêves et de les vivre au sein d’un espace collaboratif. Juste pour cela, ils méritent selon moi d’être encouragés. Tout simplement parce qu’ils ont décidé d’être eux-même. Et dans notre société actuelle, c’est courageux. Alors peut-être qu’ils servent à cela les artistes.  A nous montrer le chemin. A nous pousser derrière le miroir. A  faire bouger les lignes de nos certitudes. Lorsqu’ils font cela les artistes, ils créent un espace de liberté, où nos actions  n’ont plus besoin d’être rentables pour avoir du sens. C’est peut-être finalement cela le nouveau paradigme !

Crédit photo : Jérémie Cotta

PS : Paradigme Collectif participera au festival Renaissance à Nancy au printemps prochain ! A ne pas manquer !

Festival Musiques Volantes

Liens utiles :

Le site de Paradigme Collectif

Les vidéos de Paradigme Collectif

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Rencontre avec un explorateur de la conscience humaine !

Zack Hunter est un jeune écrivain américain âgé de 25 ans. Il vient de publier son premier roman, disponible sur internet. Les 246 pages d’Emily Virosa ont été écrites cet été en seulement 13 jours. C’est une oeuvre littéraire non identifiée. Un roman quasi-chamanique. L’auteur nous convie à un voyage philosophique sur les thèmes de l’amour éternel, de la peur, de  la mort et de la recherche constante d’ une vie pleine de sens. Ce livre est le premier tome d’une série de trois volumes. Les deux autres, Zack Hunter compte les écrire loin du monde. Dans un mois, il largue tout pour rejoindre un coin perdu des Etats-Unis et vivre sa vie d’artiste au sein d’une communauté auto-suffisante sans internet et sans téléphone. Autant vous dire que l’interview que vous allez lire sera bientôt inédite. Cet auteur insomniaque  partage un point commun avec les poètes français Arthur Rimbaud et Charles Baudelaire, il est synesthète. Il a bien voulu répondre à mes questions et je l’en remercie !

« Vous êtes un explorateur, et vous représentez notre espèce et le plus grand bien que vous pouvez faire est de ramener une nouvelle idée, parce que notre monde est menacé par l’absence de bonnes idées. Notre monde est en crise à cause de l’absence de la conscience « .
– Terence McKenna, écrivain américain

Un roman de Zack Hunter

-Que raconte ton livre Emily Virosa et comment l’as-tu écrit ?

J’ai écrit Emily Virosa en 13 jours, entre la nouvelle lune et la pleine lune cet été. L’histoire elle-même est un voyage philosophique à travers divers états méditatifs. J’y parle de l’amour éternel, de la peur, de la mort et de la recherche d’une vie pleine de sens. C’est le premier roman d’une trilogie, il y en aura donc deux de plus que je vais écrire parce que cela fait partie de mon chemin. Lorsque l’idée d’Emily Virosa est née, j’ai senti un désir irrésistible d’écrire. J’ai toujours été intéressé par la nature même de la conscience. Et à force de chercher j’ai finalement réalisé que c’est la conscience qui crée la réalité et non pas la matière qui crée la conscience. Une fois que j’ai compris que tout ce que nous sommes n’est qu’une illusion du mental et que le temps et l’espace dépendent de notre état de conscience,  j’ai écrit mon livre jusqu’au dernier mot sans m’arrêter. J’ai bu beaucoup de café et j’ai beaucoup fumé au cours de ce processus.  Une fois que j’ai eu fini, je l’ai envoyé à mon éditeur. Elle a pris soin de corriger les erreurs grammaticales. La seule chose qu’elle voulait enlever était une  phrase dans l’une des scènes de sexe, mais je l’ai laissé !

-Peux-tu nous parler de ton enfance et de ton parcours d’auteur?

Bien sûr. Pour résumer, j’ai grandi en Californie dans un environnement relativement « normal »  selon un mode de vie suburbain tout à fait classique. Je pense que mes parents n’attendait pas forcément un enfant comme moi. Mon enfance a été parcourue d’ expériences mystiques qui m’ont à la fois effrayé, puis rendu admiratif, avant de me laisser perplexe. Je ressentais très fortement les gens autour de moi. Une hypereceptivité dont je ne savais pas quoi faire. Je savais que j’avais du sang autochtone dans les veines mais je n’avais aucune tribu pour me montrer le chemin. J’ai dû suivre ma propre route. Donc, à partir de l’âge de 9-13 ans, c’est ce que j’ai fait. J’ai commencé à  m’adapter au monde environnant puis mes amis skaters m’ont initié au cannabis. Je me souviens très bien de la première fois où j’ai vraiment commencé à penser par moi-même. Je suis alors devenu alors exactement qui j’étais et qui je voulais être. Les aspects chamaniques de mon écriture découlent directement de mon désir incessant de vérité. J’ai plongé la tête la première dans toutes les expériences et je l’ai fait à plusieurs reprises pour comprendre exactement ce que nous sommes et ce que nous sommes capables de faire.  Rêver, provoquer des sorties hors du corps, méditer en expérimentant  la privation sensorielle, j’ai tout tenté. Je suis allé très loin. Je n’ai jamais tourné autour du pot et  je n’ai jamais laissé la peur avoir une prise sur ma façon de vivre ces expériences.  Découvrir qui nous sommes, c’est aussi le sens de ma quête d’écrivain.

-Quels sont les auteurs qui ont guidé tes pas ?

Je me suis reconnu dans l’esprit  des poètes Beat pendant  un certain temps. Jack Kerouac, Allen Ginsberg, William Burroughs, et tous leurs collègues. Robert Anton Wilson et John Lily ont également été parmi mes écrivains favoris. J’ai apprécié la fiction d’Haruki Murakami, Chuck Palahniuk, Philip K. Dick, et surtout Tom Robbins, qui était un ami de Terence McKenna. Robbins aurait totalement improviser ses romans. J’aime faire la même chose. Une fois que je suis lancé je peux écrire pendant 12 heures d’affilée.

( Tous ces auteurs sont des écrivains américains reconnus pour leur romans initiatique, d’anticipation, de science-fiction, ou encore leur écriture chamanique et leur philosophie avant-gardiste. Ce sont des psychonautes qui utilisent leur art, l’écriture, pour aller sonder différents espaces inexplorés de la conscience humaine ndlr).

-Tu es né avec un gène qui modifie tes perceptions sensorielles. Qu’est ce que la synesthésie et comment influence-t-elle ton rapport au monde ?

La synesthésie est un phénomène très intéressant. En fait, mon sens de l’ouïe et de la vue sont  indissociables. Je vois et j’entends en même temps : c’est comme si j’avais deux sens en un. Donc, quand je vais dans le monde ou quand je médite, j’entends ce que je vois et je vois ce que j’entends. C’est difficile à expliquer, mais j’aime faire des aller-retours entre ces univers- là, entre mon espace intérieur et l’extérieur. Cela se produit  involontairement ou alors quand je me concentre dessus. J’aime particulièrement regarder les choses et écouter leurs possibilités. C’est comme si cela ouvrait une dimension tout à fait différente de la résonance et de la beauté.

Je peux voir dans mon esprit les formes cymatiques qui se créent lorsque  j’écoute de la musique électronique. Cela ressemble à des motifs géométriques et des fractales avec des couleurs variables de l’arc-en-ciel et des tons pastels qui se mélangent.  On pourrait décrire cela comme de l’ argile liquide. La musique  techno, surtout minimaliste, frappe vraiment une corde sensible chez moi pour cette raison. Quand je joue aussi du bol tibétain sur ​​mes genoux, je peux voir des formes cymatiques couleur or couler à travers mon corps et l’esprit du bol.

C’ est très complexe et je considère que c’est une bénédiction car cela me permet de puiser dans une source  profonde de la conscience. La plupart du temps il y a tellement d’énergie en moi que j’ai du mal à dormir. Pour moi il y a différents « Autres mondes » qui sont comme des multiples couches de la perception.

Pour mieux vous faire comprendre ce qui se passe dans l’esprit de  Zack Hunter voici deux vidéos qui montrent l’effet du son sur la matière .

 

 

 

 

-Tu vas te retirer du monde pour écrire la suite d’Emily Virosa. Pourquoi  ?

Je ne suis pas un ermite, renfermé sur lui-même.  Lorsque j’évoque le fait de vouloir me retirer du monde, les gens me parle de solitude et ils ne comprennent pas. Ils ne réalisent pas que la plupart du temps, je me sens beaucoup plus seul dans mon appartement devant mon écran d’ordinateur. Là où je compte vivre et travailler je ne serai pas seul. Je serai avec d’autres personnes qui partagent les mêmes désirs et les mêmes objectifs d’autosuffisance que moi. Il est plus judicieux de vivre et de travailler en groupe. C’est drôle comment les villes peuvent pousser un grand nombre de personnes dans leurs propres petits mondes à cause de l’Internet ou de la télévision ou autre chose. Je pense que les êtres humains sont des petits morceaux de la Terre elle-même et que l’unité est nécessaire.

-Quelle est ta vision de l’avenir de l’humanité ?

Je ne sais pas ce qui va arriver. Je soulignerai simplement ceci. Regardez les modèles. Les choses ne tournent pas rond dans ce monde. La plupart des gens semblent se débattre  avec des tas de problèmes qui découlent de cette  société dans laquelle nous vivons et cela ne va pas en s’améliorant. Nombreux sont ignorants de ce qui se joue. D’autres sont conscients de ce qui se passe et ne savent pas quoi faire. Ils manquent d’idées. Elles n’ont pas été enseignées à l’école publique de la survie, ça c’est sûr. Nous ne pouvons rien attendre de mieux sauf si nous décidons de faire quelque chose. De nouvelles méthodes doivent être appliquées. A chacun de faire son choix. Personnellement, tout ce que je sais, c’est que j’en ai assez d’essayer de m’adapter à des concepts dépassés. La civilisation telle que je la vois est corrompue et dépouillée de l’abondance et je refuse de participer à cela et de continuer à fournir de l’énergie pour que cette société survive. Elle avale la vie elle -même et entraîne de nombreuses personnes dans son gouffre. Je vais la regarder tomber.

-Quelle est ta vision du bonheur alors ?

Eh bien, je ne sais pas pour toi, mais je ne peux pas vraiment être une personne heureuse en sachant que je fais partie du problème en restant dans le jeu de cette société. C’est comme mentir à moi-même. J’ai atteint un point de non-retour. Si je veux être une personne heureuse ou du moins satisfaite de ce que je fais avec cette existence temporaire, j’ai besoin de quitter tout cela et de vivre une vie simple, aussi éthique que possible. Peut-être que je ne serai jamais vraiment  heureux, mais au moins j’aurai essayé. Si je n’essayais pas  ma vie serait une erreur.  Je veux apprendre à vivre en auto-suffisance et je vais apprendre cela  directement auprès de ceux qui l’ont fait pendant des décennies dans des régions difficiles des Etats-Unis avec succès. Je ne vois pas de meilleure façon d’obtenir un savoir pratique. Il y aura toujours un besoin de bras et d’ esprits pour mettre en place des communautés autonomes et j’ai l’impression que c’est un sage premier pas vers mes objectifs personnels. C’est une forme de résistance. Comme aller à contre-courant. C’est inévitable si vous ne souhaitez pas suivre ce flux qui ressemble à une spirale descendante vers l’auto-destruction collective. Bien sûr, ce n’est pas «facile» mais il n’y a pas d’autres choix pour moi.

-Quel serait ton message aux jeunes qui se désespèrent de l’état du monde ?

Mon message serait celui-ci. Si vous ne parvenez pas à bâtir un monde  meilleur à l’intérieur des limites invisibles de la société, alors quel est l’intérêt de participer à cette société ? Créez votre propre éco-village ! Remboursez vos dettes, trouvez un stage traitant de l’autosuffisance soit localement, soit à l’étranger et menez votre chemin vers une vie meilleure. C’est juste mon avis, parce que c’est la seule chose qui fait sens pour moi en ce moment. Demandez-vous profondément et honnêtement ce que vous voulez et ce que vous voulez faire et travaillez à vos objectifs une étape à la fois. N’ayez pas peur de changer et d’ aller à contre-courant.

-Quel est ton objectif en tant qu’écrivain ?

Mon but en tant qu’écrivain est d’emmener mes lecteurs dans un espace à la fois drôle et inspirant. J’ai commencé à écrire parce que je me suis ennuyé avec beaucoup de fictions et de poésies. Il semble que beaucoup d’écrivains se contiennent, je sais qu’il y a beaucoup de choses à dire dans la retenue, mais personnellement je tiens à ne rien cacher de mon écriture. La fiction nous emmène de l’autre côté du miroir, si vous avez envie de visiter cet espace invisible, n’hésitez pas à me lire.

« L’humanité a avancé, quand elle a avancé, non pas parce qu’elle a été sobre, responsable et prudente, mais parce qu’elle  a été ludique, révoltée et immature » de Tom Robbins

« La nature aime le courage. Engagez-vous et  la nature répondra à cet engagement en supprimant les obstacles impossibles. Rêver un impossible rêve et le monde ne va pas vous broyer, il vous élèvera. » 
de Terence McKenna

Le livre Emily Virosa de Zack Hunter

Le blog de Zack Hunter

Un lien sur les différents types de synesthésie

Le violoniste fou !

Ce qui frappe dans cette vidéo du violoniste américain Ashanti Floyd, c’est le langage de son corps lorsqu’il s’abandonne à cette improvisation. Cette vidéo a particulièrement  fasciné les internautes. Elle a été vue par plus de deux millions de personnes sur Youtube. L’artiste publie régulièrement sur le net ce type de performance, une manière pour lui de partager en musique son humeur du moment.

Celui qu’on appelle aussi  » The Mad Violonist » , leader du groupe  The Crack Symphony Orchestra n’est plus un inconnu aux Etats-Unis depuis sa nomination l’année dernière aux Grammy Awards. Il collabore depuis longtemps avec des pointures du rap et du hip-hop américain.

J’ai eu envie d’en savoir plus sur ce musicien, car il m’a beaucoup touchée. Skype et Facebook  m’ont permis d’entrer en contact avec lui. Nous avons échangé entre Paris et les Etats-Unis. Il a bien voulu répondre à mes questions et je l’en remercie. Nous avons abordé  son parcours musical, sa vie, et  ses projets.

Un vrai bonheur que je partage ici !

Ashanti Floyd a 27 ans, il vit à Atlanta mais il a grandi en Floride. Enfant, il fréquente  tous les dimanches l’église baptiste de Tallahassee car son père y joue du piano.  Le jeune Ashanti sait chanter et reconnaître les notes avant de savoir les lire. Il a tout juste 3 ans lorsqu’il commence à apprendre la musique selon la méthode développée par le japonais Suzuki, sous l’oeil bienveillant mais néanmoins exigeant de sa mère, enseignante de violon dans une école de la ville. Pendant près de 15 ans, Ashanti va  baigner dans l’univers de la musique classique, et des concours. Mais il écoute également du rap, du gospel, du hip -hop, de la soul. T-Pain célèbre rappeur américain est un ami d’enfance. Ashanti le violoniste est très loin de son univers, mais, il saura utiliser les sons qui l’entourent pour nourrir ses inspirations. Il devient l’un des premiers violonistes à sortir des sentiers battus. Il improvise, mélange les genres musicaux.

Le violon est un instrument qui ne pardonne rien. Le jeune américain l’apprivoise depuis 25 ans, et il en a fait son meilleur ami. Ashanti Floyd l’a même dépoussiéré un peu.  Il s’en sert  pour des dubstep, sorte  de freetsyle sur un rythme hip- hop. Un jour un ami lui propose de mettre une video de ses impros sur youtube. Contre toute attente la video est un succès sur le net.

Ashanti  produit ses propres disques, loin des majors. Il fait partie de ces jeunes artistes qui tracent leur chemin, sans faire de concessions, et en suivant leur coeur. Il a joué dans les rues, et adore improviser.   » Ici aux Etats-Unis, les artistes ne sont pas reconnus.  Les musiciens ne sont pas apprécié à leur juste valeur. Il doivent se battre très dur pour gagner leur vie. Moi j’ai choisi de créer mon propre système, de produire mes disques. J’aimerais éveiller les jeunes à la créativité, les sensibiliser à l’art« , explique-t-il. Il mène sa route entouré de ses amis et donne des concerts pour le moment essentiellement aux Etats-Unis à New-York , à Atlanta….

«  Le plus important c’est de faire ce qu’on aime. Mes parents m’ont toujours encouragé à le faire, même si se faire une place dans l’univers de la musique est difficile.  Il faut croire à ce qu’on fait, suivre ses rêves« , sourit-il.

Ashanti Floyd aime innover, surprendre.  Il aime aussi son indépendance, qui le tient éloigné, des majors, ces véritables bulldozers qui ont érigé le dollar comme unique but de tout projet artistique.

A l’heure où les Etats-Unis subissent une crise économique et sociale, quel regard peut bien porter un jeune violoniste afro-américain sur son pays ? Ashanti, observe la politique, d’un oeil critique. Les Etats-Unis aujourd’hui ?  » C’est un peu le bordel« , résume-t-il. Il regarde les démocrates et les républicains se déchirer avec un haussement d’épaules. Il regrette que le racisme soit toujours présent dans les états du sud. Sa dernière vidéo sur youtube a d’ailleurs été attaquée par un groupuscule extrêmiste, qui a déversé sa haine à travers des commentaires assez terribles. Le coup est rude mais Ashanti Floyd est bien trop positif pour se laisser aller au rôle de victime. Le musicien n’a pas le temps de se lamenter. Sa bataille à lui consiste à vivre la vie de ses rêves: entouré de ses amis, de sa famille, en faisant ce qu’il aime.

L’artiste est aussi impliqué envers les jeunes ! Il donne des cours de musique et de violon dans les écoles américaines !!! Il se bat tous les jours pour réhabiliter la-bàs la valeur de l’art. Et c’est une vraie lutte militante. Il y a peu de temps on lui a fait savoir que les crédits pour son programme éducatif seraient réduits et que c’était plus important que  les enfants fassent du sport. La compétition encore ! Il s’insurge sur sa page Facebook de cette politique qui privilégie la performance physique à la culture ! Ashanti a dû certainement vivre à l’époque des Lumières en France dans une autre vie ! D’ailleurs le musicien américain espère donner un concert en France. Il a eu un vrai coup de foudre pour notre pays, lors d’un voyage express à Cannes en juin dernier. Il rêve de venir jouer à Paris.

Tout  le monde ne sera sans doute pas sensible au style musical de ce violoniste atypique mais sa virtuosité peut toutefois nous interroger sur l’essence même du talent.

Le travail et l’effort suffisent-ils à créer la beauté? Comment définir ce supplément d’âme qui fait la différence?

A méditer!!

Ci-dessous le voyage d’Ashanti à Berlin en septembre. Il adore improviser avec des musiciens dans la rue ! Une belle âme ce garçon je vous dis !

Contact Ashanti Floyd sur Facebook : https://www.facebook.com/themadviolinist

Lien utile : l’apprentissage du violon selon la méthode Suzuki http://www.violoneli.com/cours/methode_suzuki.html

« Le musicien est quelqu’un à qui l’on peut s’en remettre pour dispenser de l’apaisement à son prochain, mais il est aussi un rappel de ce qu’est l’excellence humaine. »
Yehudi Menuhin, violoniste américain

L’économie du don selon Ankur Aras !

Auto-portrait d’Ankur Aras : photographe à Bombay.

Ankur Aras, est un jeune photographe âgé de 30 ans. Il vit en Inde.

J’ai découvert il y a quelques semaines  son blog et ses photos à voir ici  :  http://fingersandfeet.wordpress.com/author/fingersandfeet/.

Ses portraits lumineux de jeunes moines m’ont beaucoup touchée.  Je décide donc de faire sa connaissance via Skype. A des milliers de km de la France, je découvre un jeune homme souriant, plein d’humour, curieux du monde. Il me raconte son parcours, et partage avec moi sa philosophie de vie basée sur la gentillesse,  la joie, le partage, la confiance dans la vie et ses surprises. Ankur est un trentenaire de son temps, il n’est  attaché à aucune  religion, mais il pratique la méditation. Il fait partie d’un mouvement alternatif : l’Economie du don.

Qui est Ankur Aras ?

Ankur a étudié la comptabilité et le  commerce extérieur au Sydenham College of Commerce and Economie de Bombay. Il aurait pu être un de ces jeunes cols blancs qui travaillent dans les compagnies étrangères de la capitale économique  indienne. Mais son coeur avait un autre rêve: la photo. Il se souvient qu’il aimait marcher dans les rues et observer le monde autour de lui. «  C’est la nature qui m’a appris à devenir photographe« , sourit-il. Cela fait 10 ans  qu’il cultive son art. Au quotidien, son travail consiste à réaliser des portraits de famille : on l’appelle pour les mariages, les fiançailles. Mais lorsqu’il a le temps Ankur aime surtout se rendre dans les montagnes de l’Himalaya, pour saisir des instants de sérénité dans les monastères bouddhistes de cette région.

Trois petits moines et un moment de grâce !

La vie d’Ankur a basculé  il y a 1 an dans les montagnes du Ladakh au nord de l’Inde, dans une région qu’on appelle le petit Tibet, dans  l’État indien du Jammu-et-Cachemire.

En rouge le Ladakh

Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ladakh

Il se trouve alors dans cette région  pour prendre des photos. Un groupe de jeunes moines l’invite à faire une partie de football. En se frayant un chemin vers leur terrain de jeu, il se retrouve sur un chemin sinueux au dessus d’une vallée. C’est alors que son pied glisse  sur un caillou. En quelques secondes, il  se retrouve en équilibre précaire sur une étroite corniche. Un faux mouvement et la chute peut être fatale. A peine a-t-il le temps de formuler une pensée que déjà il sent des petites mains le ramener avec vigueur en sécurité. Trois jeunes moines d’à peine 8 ans viennent de  former une chaîne et de lui  sauver la vie.

« Depuis ce moment sur la falaise, quelque chose a changé en moi » raconte-t-il.  Je lui demande : « Mais qu’est ce qui a changé ?  Il répond :  » Je ne saurais pas l’expliquer, mais instantanément, c’est comme si j’étais entré dans un autre monde. Avant cette expérience, je n’étais pas vraiment un idéaliste. Mais ces trois jeunes moines n’ont pas hésité à me sauver  et je me suis dit que ma vie devait à partir d’aujourd’hui être à la hauteur de leur geste. Ankur m’explique qu’avant cette expérience, il était  » égoïste, parfois malhonnête ». Il précise : « Je ne pensais qu’à l’argent, j’étais un arnaqueur, bref,  je n’étais pas très heureux ».


Une expérience qui l’a transformé !

Ankur a du mal a expliqué ce qui a changé fondamentalement en lui. Mais en frôlant la mort, il a comme redécouvert l’importance de la vie . Il raconte qu’aujourd’hui il mène son chemin  en faisant confiance à l’univers. Sa philosophie est simple :  » A quoi  bon vivre, si ce n’est pas pour donner, être heureux, généreux, gentil et compatissant ? Aujourd’hui, j’ose prendre des risques, m’embarquer dans des projets fous ! »

 » Je suis convaincu que la gentillesse peut changer le monde. Il suffit d’observer ce qui nous entoure avec le regard d’un enfant pour créer davantage de paix «  , me dit-il. Au quotidien Ankur a décidé de faire fructifier cette belle énergie en méditant et en appliquant au quotidien les principes de l’économie du don ( the gift economy en anglais).


Un mouvement alternatif : l’économie du don!

Après avoir été sauvé par les jeunes moines Ankur Aras décide qu’il va vivre sa vie le plus honnêtement possible. Cet état d’esprit a donc également changé son rapport à l’argent . Il découvre l’américain d’origine indienne Nipun Mehta qui a développé  le mouvement de l’économie du don.


Nipun Mehta  est né en 1975 , il a grandi en Inde dans l’ashram de Gandhi. A  l’âge de 12 ans  il quitte son pays  et émigre vers les Etats-Unis avec sa famille .   Il vit le reste de son adolescence en Californie et suit de brillantes études d’informatique à l’Université de Berkeley. Il commence à travailler dans la Sillicon Valley et débute une  carrière dans les nouvelles technologie. Insatisfait de la cupidité des entreprises dans les années 90, il choisit de donner de son temps dans un refuge pour sans abris. Il décide ensuite de mettre ses compétences d’informaticien au service des associations caritatives, il a réalisé des milliers de sites webs pour des organismes à but non lucratif. Il a ensuite lancé des projets comme « Dailygood« , une sorte de journal des bonnes nouvelles collaboratif, les cartes Smile et les restaurants associatifs les  « karmakitchen« . Il en existe trois aux Etats-Unis, notamment à Berkeley en Californie depuis  2007.  Le concept est simple. Pas de prix affichés dans ces restaurants, les repas sont faits par des bénévoles, et chaque « client »donne de l’argent pour le repas du prochain.

Voici ici en vidéo l’une de ses conférences données à Berkeley en Californie.

Et une autre vidéo où il parle de ses différents projets dont les « karmakitchen ».



L’économie du don : comment ça marche  ?

Revenons à Ankur. Comment applique-t-il l’économie du don?  » Dans ce système, explique t-il, c’est l’acheteur qui détermine le prix d’un service ou d’un bien. Quelque soit le prix proposé, le vendeur l’accepte avec gratitude ». Difficile pour quelqu’un habitué au système capitaliste européen d’imaginer une transaction où l’on ne fixe aucun prix. Mais comment fait-il pour vivre? S’ il accepte de vendre ses photos à des prix dérisoires, son système paraît incompatible avec un niveau de vie confortable. Il s’amuse de ma réaction  » Oui, j’accepte la transaction même si le prix est en dessous de la valeur de mon travail, parfois, des gens ne me payent pas . Mais je suis un homme riche! » sourit-il.  » En fait, c’est très rare que des gens ne me payent pas, la plupart du temps les acheteurs me donnent plus d’argent que ce que j’aurai pu imaginé.  »

Il explique que tout est basé sur la confiance. «  Il y a beaucoup de gens méfiants, et quand je dis que c’est à eux de fixer le prix, il sont surpris, ils se demandent où est le piège.  L’ultime révélation, c’est qu’il n’y a pas de piège« , sourit-il.  » Quelque soit la demande je donne le meilleur de moi-même, et j’accepte ce qu’on me donne avec gratitude » , précise -t-il. Et parfois des miracles se produisent.

Ankur raconte par exemple son séjour dans l’Himalaya:  » J’étais parti avec de l’argent en poche pour 7 jours, mais j’avais envie de rester là-bas un mois. Je suis parti quand même, guidé par le désir de passer du temps dans cet endroit magnifique. Sur place j’ai rencontré un jeune couple qui m’a demandé des photos. Ils m’ont donné suffisamment d’argent  pour financer le reste de mon voyage. C’était un cadeau inattendu ». « En fait j’ai l’impression que lorsque je ne demande rien, je reçois l’argent dont j’ai besoin au bon moment. Je n’ai pas eu de problèmes d’argent depuis que je pratique l’économie du don « , précise-t-il.

Pour Ankur  l’économie du don est un système alternatif d’avenir. Il croit profondément dans la force  des valeurs humaines comme  la gentillesse et l’honnêteté. Il a prévu de visiter la Finlande cet été. Il aime les pays froids. Coïncidence ou synchronicité ? La Finlande fait partie du top ten des pays où les habitants se sentent le plus  heureux dans le monde! Je me demande quelles rencontres il va encore faire. J’ai hâte aussi de voir ses photos!

Ankur pense sincèrement que la gentillesse peut changer le monde. Personnellement, je ne demande qu’à le croire.

Et vous, qu’en pensez -vous?