Amma est considérée comme une sainte en Inde. Son combat en faveur de la paix et sa lutte contre la misère et l’analphabétisme lui ont valu de recevoir en 2002 le Prix Gandhi -King pour la paix et la non-violence.
Sa présence rayonnante et son sourire radieux ont illuminé le parc des expositions de Pontoise le week -end dernier. Pendant trois jours elle a offert son darshan, son étreinte, à des milliers de personnes quelque soient leurs religions, leurs croyances ou leurs origines. La compassion, l’altruisme et la tolérance sont au coeur de ses enseignements. Une grande âme dont certaines de mes amies m’avaient beaucoup parlé.
A ce jour, Amma a serré dans ses bras près de 31 millions d’être humains à travers la planète.
Je vais vous livrer ici mon expérience de cette étreinte mais aussi celle de tous les inconnus qui ont croisé mon chemin au cours de cette journée auprès d’Amma. Pauline, Agnès, Anne-Gaëlle, Emilie, Julien, Stéphane, Aimé-Charles je vous remercie tous chaleureusement de vos témoignages.
» La grâce c’est l’ouverture. C’est une connaissance spirituelle intuitive qui s’expérimente dans l’action » Amma
» Il est impossible d’atteindre la perfection sans être prêt à s’abandonner » Amma
A quelques mètres de la porte d’entrée, mon esprit ne peut s’empêcher de me torturer avec des questions. Vais-je réussir à m’abandonner dans les bras de cette femme ? Mon corps ne va-t-il pas résister à son étreinte ? Et si je ne sentais rien ? Mon mental s’ emballe. Il fait cela à chaque fois qu’il se confronte à l’inconnu, sans doute parce qu’il sait qu’il va devoir se taire, pour faire de la place à l’expérience. Les heures d’attente qui me séparent des bras d’Amma ont au moins cette vertu : elles m’obligent à lâcher-prise. L’ambiance est festive et familiale. Les couleurs, les odeurs et les sons de l’Inde sont partout et occupent mon esprit qui ainsi distrait, finit par se tenir tranquille.
Me voilà à présent dans la file qui mène aux bras d’Amma. Elle est composée de toutes sortes de personnes : des jeunes couples, des enfants, des adolescents, des personnes âgées, des handicapés. Il y a parmi eux de fervents disciples et de simples curieux. Nous sommes tous différents. Nous voici cependant réunis au sein de cette rangée mouvante, tels les affluents d’ un fleuve. Un fleuve qui coule doucement vers la mer. Amma. La mère divine en sanskrit. Nous nous apprêtons tous à plonger en elle.
Elle est maintenant à quelques mètres de moi. Curieusement, le volume de mon habituel monologue intérieur baisse d’un ton à chacun de mes pas. Je ne pense plus à rien. J’observe. J’attends. Me voilà finalement à genoux face à elle. Les bénévoles qui l’encadrent se chargent de poser ma tête sur son coeur. Je suis comme enfouie en elle. J’ai l’impression d’être une poupée de chiffon. Je ferme les yeux, pour mieux apprécier toutes les sensations qui me viennent. C’est doux, enveloppant. Un puissant parfum de rose empli mes narines. Je suis anesthésiée par cette odeur et je suis comme plongée dans un profond sommeil réparateur. Je suis bien. Je savoure. Je ne m’inquiète plus de rien. Cela a peut-être duré quelques secondes ou une éternité, je ne saurai le dire. Dans cet espace, au creux de ses bras, le temps n’a plus de prise.
Les mains des bénévoles me relèvent et me soutiennent. J’ouvre les yeux et je tangue. Ma tête tourne. Je note qu’un sourire s’est imprimé sur mon visage. Je décide de m’asseoir sur le côté, pour continuer à observer les autres et prolonger cet état de bien-être. Je les regarde plonger un à un dans la mère. Et le spectacle de leur abandon fait monter une vague de joie en moi. C’est si beau l’abandon. Et si rare. Je contemple le visage d’ Amma et ne perçois aucun signe de fatigue sur ses traits. Cela fait presque quatre heures pourtant qu’elle ouvre et referme inlassablement ses bras autour de ces gens et de leurs âmes. Elle les berce, elle les enlace, elle leur murmure des mots au creux de l’oreille. Son sourire n’en finit pas de rayonner.
Derrière moi, des sanglots étouffés attirent mon attention. Une femme pleure. Son regard brouillé de larmes paraît captivé par le flux ininterrompu de ces dizaines d’étreintes. Elle semble bouleversée. Mon regard s’arrête ensuite sur le visage d’un jeune homme installé près d’Amma. Il a peut-être une trentaine d’années. Lui aussi a les yeux fixés sur cette rivière humaine. Je remarque ses petites lunettes en acier et sa chemise à carreaux. Un jeune homme bien sous tous rapports, comme on dit. Il retient quelque chose, mais sa bouche tendue révèle son émotion. Ses yeux brillent. Ce n’est plus un jeune homme, c’est un petit garçon. Un petit garçon qui s’apprête à lâcher toutes ses douleurs et toutes ses peines. Comme si la simple présence d’Amma permettait enfin cela, sans culpabilité et sans honte.
Amma console encore et encore et j’ai la sensation d’être emportée par ce flot d’amour inconditionnel. Je suis heureuse. Je suis émue. Je sais à présent que si Dieu existe, il loge certainement dans le coeur de cette femme. Je me lève, revigorée. J’ai envie de savoir comment les autres ont vécu cette expérience. Pour garder une trace. Pour comprendre. Pour mettre d’autres mots que les miens sur ce mystère. Et peut-être pour m’assurer que je n’ai pas rêvé toutes ces sensations nouvelles. J’ai envie d’interroger tout le monde et de demander : Et vous, qu’avez-vous ressenti ? C’est plus fort que moi. Je suis curieuse.
« Amma, m’a ouvert le coeur «
Je croise Aimé-Charles à l’extérieur du parc des expositions de Pontoise. Il semble avoir une cinquantaine d’années. Aimé-Charles est aveugle. Il marche tranquillement un sourire aux lèvres, les yeux cachés par d’imposantes lunettes noires. Il est guidé par son ami Stéphane. C’est lui qui lui a fait découvrir Amma, il y a quelques années. Stéphane m’ explique qu’il ne manque aucun darshan depuis 19 ans » Je viens chercher ici une vision, du sens , peut-être de la lumière. Cette femme transmet une énergie incroyable. On la sent totalement imprégnée d’amour. Elle est limpide. Moi, elle m’a juste ouvert le coeur. J’ai l’impression qu’elle me nettoie à chacune de ses étreintes. Même si on ne croit pas à la grâce, le don de soi qu’elle manifeste est juste hallucinant. Qui peut étreindre autant de personnes, avec une telle énergie ? « , lance-t-il. Son ami Aimé -Charles poursuit. Il explique qu’ il était un peu sceptique avant de venir ici, mais qu’il était néanmoins curieux. » J’avoue que j’ai été émerveillé par cette femme. C’est quelqu’un qui met en pratique une sagesse universelle. Je suis d’origine africaine et les valeurs qu’elle défend résonnent avec les valeurs véhiculées par la sagesse de l’Afrique. J’ai été cueilli par ses bras. Je me suis senti à son contact inondé d’une chaleur intense. Cette énergie a traversé mon corps de haut en bas. Cela m’a laissé sans voix. Vous savez, j’ai perdu l’usage de la vue il y a quelques années. Progressivement. C’est une épreuve. Mais en perdant mes yeux, j’ai trouvé mon coeur. Mon ressenti s’est décuplé. J’ai beau vivre dans les ténèbres, cette femme, je la vois brillante. Quand on a plus ses yeux pour voir, on ne s’arrête pas aux apparences. On se fie à ses ressentis. On sent peut-être même plus facilement la sincérité des autres « .
Ressentir. C’est bien la seule chose qu’Amma demande à ceux qui viennent à elle. Son darshan est totalement libre de tout enseignement religieux. Ses messages sont aussi universels que ceux délivrés par le Dalai-Lama.
» Pour moi, Amma c’est un vrai miracle « . Voilà ce que me livre Anne-Gaelle quand je lui demande ce que la sage indienne représente pour elle. Elle est attablée à côté de moi dans la salle de restauration du parc des expositions et accepte avec plaisir de répondre à mes questions. Elle m’explique qu’elle vient à Pontoise pour la troisième année consécutive. » Je ne connaissais pas Amma, il y a trois ans. C’est une amie qui m’en a parlé. La première fois où je suis venue j’étais très tendue, crispée au moment du darshan. Il faut dire qu’à cette époque -là j’avais de graves problèmes. J’étais mal dans ma vie, je me sentais constamment persécutée. Je me suis assise près d’Amma et puis je ne sais pas ce qui s’est passé. Elle a plongé son regard dans le mien pendant dix minutes. Je sentais son amour me transpercer. Mes yeux ont commencé à convulser. Je n’ai rien compris à ce qui m’arrivait. Tout ce que je sais c’est qu’après cette expérience , je me suis sentie mieux. Cela m’a donné le courage de tout faire pour me sortir de mes problèmes. » Anne -Gaëlle raconte tout cela d’une voix douce et posée. A ses côtés, son amie Agnès acquiesce : » Lorsqu’on est près d’Amma, on ressent une réelle énergie de bien-être. On se sent régénéré. La première fois que j’ai reçu le darshan, j’ai senti de la chaleur à l’intérieur de moi. Comme si son énergie passait à l’intérieur de mes cellules « . Agnès et Anne -Gaëlle sont loin d’être des adeptes de l’hindouïsme, mais elles semblent avoir trouvé en Amma, le symbole du féminin sacré. » Elle incarne pour moi le réconfort, la protection et l’amour. Le féminin sacré, c’est justement ce qui a été négligé dans toutes les religions« , précise Anne-Gaëlle. Des propos qui font écho à ceux de Pauline. Cette artiste parisienne ne manque aucune des visites d’Amma en France. Son sourire joyeux m’attire. Elle m’explique : » Amma m’a ouvert le coeur. Avant ma vie était faite de batailles, de blocages, de noeuds et de douleurs. Aujourd’hui je vis dans la transparence, dans l’acceptation et dans la paix « , me glisse-t-elle l’oeil pétillant. Elle me confie que la seule présence d’Amma suffit à son bien-être. Et que les effets de sa rencontre annuelle avec elle se prolongent dans sa vie quotidienne. » Ses enseignements nous poussent à écouter notre coeur. Et il ne nous déçoit jamais « , conclut-elle.
Le coeur. L’amour. L’acceptation. Le lâcher-prise. Ces mots reviennent souvent dans la bouche de ceux que j’interroge. Mon regard est attiré par un jeune couple d’une trentaine d’années. Julien et Emilie sont venus avec Quentin, leur fils de 15 mois. Julien m’explique que le darshan lui allège le coeur : » On se sent bien. Les soucis s’évacuent. » Il partage avec sa compagne, Emilie, une philosophie basée sur la confiance en la vie. Emilie a découvert Amma en Inde. Elle a passé un mois au sein de son ashram dans le Kerala. Et ses enseignements ont résonné fort en elle : » Elle ne fait pas de prosélytisme. Elle incarne ce qu’elle dit. Elle nous apprend à nous respecter en profondeur. Si quelque chose ne va pas dans notre vie, elle nous suggère qu’il y a peut-être quelque chose à comprendre. Elle nous invite à nous poser cette question : qu’est ce qui n’est pas juste dans votre vie pour que se répète continuellement des choses négatives. Elle ne parle pas de justice divine, mais de justice pour soi-même. Elle nous explique aussi que c’est la paix intérieure qui amène la paix à l’extérieur « .
En relisant ces témoignages, je comprends que ce qui fédère toutes ses personnes autour d’Amma, ce ne sont ni des dogmes, ni des écritures, mais bien des valeurs universelles : l’amour, la compassion, la paix, la tolérance, le respect de soi et des autres. La spiritualité n’a pas besoin de temples, de divinités ou de textes sacrés pour exister, car elle naît et vibre dans le coeur des hommes. Amma nous démontre que l’amour n’a pas besoin de la religion pour croître. L’amour se donne et se reçoit. Tout simplement.
» La spiritualité demande d’abord une culture du coeur, une immense force, une intrépidité sans faille. Les couards ne peuvent satisfaire à une morale « Gandhi
A écouter les bhajans…les chants indiens d’Amma…magique…ensorcellant…un voyage gratuit en Inde !
Liens pour aller plus loin :
Sa reconnaissance internationale à l’ ONU
Le documentaire de Jan Kounen : Darshan
Amma vue par une dessinatrice de BD
Prochaines visites d’Amma en Europe :
23.10.2012 – 25.10.2012 – Londres, Grande-Bretagne
27.10.2012 – 29.10.2012 – Houten (Utrecht), Pays-Bas
31.10.2012 – 02.11.2012 – Toulon, France
NB : L’entrée est gratuite.