Le mystère de l’intuition !

 » Intuition. Force mystérieuse qui explique pourquoi des hommes sans pensées, sans culture et sans aucun bagage que leur petite spécialité prennent spontanément la décision la meilleure. »  

Jean-Charles Harvey , journaliste et écrivain québécois

Artiste : Leah Piken Kolidas

Artiste : Leah Piken Kolidas

* N’hésitez pas à visiter la galerie virtuelle de l’artiste américaine Leah Piken Kolidas. Elle vit près de Boston. Son travail est sublime et inspiré ! A voir

Nous avons tous eu, à un moment ou à un autre, de l’intuition. Mais ne nous faisons pas toujours confiance à ces informations qui se manifestent en dehors de tout processus rationnel. L’intuition (mot issu du latin intuitum qui signifie regarder attentivement ) reste un mystère pour beaucoup d’entre nous, elle effraye, elle interpelle, elle questionne. Comment discerner l’intuition de l’imagination ? Comment mieux se servir de ses capacités intuitives pour réaliser ses objectifs ? Comment les cultiver  ? J’ai posé toutes ces questions à un homme qui a mis sa raison au service de son intuition depuis près de 20 ans.

Michel Giffard

Michel Giffard

Michel Giffard est l’auteur de  » Votre intuition au service du succès », publié aux Presses du Châtelet en 2009. Diplômé d’HEC, il a exercé différents postes à responsabilité au sein de grandes entreprises avant de s’intéresser au développement personnel. Il a passé plusieurs années en Afrique noire ( Tchad, Burkina-Faso, Côte d’ivoire ) où il s’est ouvert à d’ autres visions du monde.  Il dirige aujourd’hui  la filière executive coaching au sein du groupe HEC. Michel Giffard donne régulièrement des conférences sur l’intuition. Son public est large : il comprend des chefs d’entreprises, des consultants, des coachs, des directeurs en ressources humaines et des artistes.

 » On tient pour suspectes l’induction et l’intuition : l’induction le grand organe de la logique. L’intuition, le grand organe de la conscience « . Victor Hugo 

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Bonjour Michel Giffard. Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel. Comment est né votre intérêt pour l’intuition ?

– Je suis sorti d’HEC dans les années 70. J’ai travaillé ensuite en tant que contrôleur de gestion puis en tant que directeur financier dans des grandes entreprises. Dans les années 80, j’ai changé de métier et je suis devenu consultant en organisation, puis je suis devenu directeur des services informatiques chez Bulh SA.  En 1989, j’ai été licencié et j’en ai profité pour créer mon activité de conseil et de formation en management et en développement personnel. J’ai ensuite créé l’école de coaching d’HEC en 2002. Parallèlement à ce parcours professionnel au sein de l’entreprise, j’ai suivi une psychanalyse jungienne. Je me suis intéressé aux rêves et aux symboles. Dans les années 80, j’ai rencontré Alexandre Jodorowsky, c’est lui qui m’a ouvert de nombreuses portes, grâce à l’étude des tarots de Marseille. Les symboles me parlaient. J’ai approfondi mes connaissances sur les archétypes et j’ai appris à écouter mon intuition.

– Quelle est justement la définition de l’intuition ?

– Il y en a plusieurs. L’intuition, c’est d’abord la perception d’une information qui ne passe pas par le rationnel. Elle est soudaine et certaine, même si on ne peut pas la démontrer. L’intuition permet également de communiquer avec son inconscient ou celui des autres, par le biais des rêves par exemple.

-Qu’est -ce qui facilite cet état intuitif ?

-Ce qui facilite l’état intuitif c’est ce qu’on appelle l’état alpha. C’est un état intermédiaire entre la veille et le sommeil. On traverse tous cet état deux fois par jour : au moment de l’endormissement et juste avant le réveil. L‘état alpha est un état modifié de conscience. Les scientifiques ont démontré que ces ondes sont émises par notre cerveau lorsque nous sommes dans un état de détente. On peut donc développer son intuition en se mettant volontairement en état alpha. Par exemple en pratiquant le yoga, la relaxation, et même la course à pied. La méditation, les pratiques artistiques, une sieste, une simple promenade dans la nature mais aussi de profondes respirations favorisent également cet état.

Il faut comprendre que pendant le sommeil, nos défenses rationnelles sont plus faibles. La sagesse populaire nous révèle que la nuit porte conseil, de nombreux scientifiques  s’en remettent à l’intuition lorsqu’ils bloquent sur des problèmes. Dormir permet de se connecter avec son intuition, avec sa sagesse profonde.

– Comment se manifeste une information intuitive ?

-L’intuition, qu’on appelle souvent le 6ème sens, se manifeste curieusement à travers les 5 sens. Nous avons tous un sens dominant. Certains vont entendre des phrases, d’autres vont voir des images, d’autres encore vont ressentir des sensations physiques dans leur corps. Il faut donc apprendre à identifier l’information qui arrive par l’un de nos 5 sens et la valider, pour pouvoir s’y fier.

-Justement comment savoir que l’image, les mots ou les sensations que nous recevons relèvent de l’intuition et non pas de l’imagination ?

-Nous devons pour cela apprendre à nous écouter et à ressentir. Il faut bien comprendre également que si l’information qui arrive se révèle fausse alors c’est que ce n’était pas une intuition. Une intuition est toujours vraie, car c’est la meilleure partie de nous-même qui s’exprime par cette voie.

Pour identifier les messages intuitifs, il faut donc travailler d’abord sur ce que l’intuition n’est pas.

L’intuition, ce n’est pas une projection, c’est à dire le fait de projeter son monde intérieur sur les autres. L’intuition ce n’est pas non plus une émotion ( la peur par exemple ). Enfin, l’intuition n’est pas guidée par l’expérience, ce n’est pas parce que l’on a jamais fait quelque chose, qu’on ne peut pas le faire.

Il est donc très important d’apprendre à se connaître, de faire un travail personnel pour avoir sa propre grille de lecture. L’intuition semble être un outil trop facile pour certains, mais en fait son utilisation est difficile, car cela demande du courage. Le courage de travailler sur soi, de comprendre ses fonctionnements et ses schémas internes. Il faut d’abord réaliser un long travail de déconditionnement pour accéder à notre intuition.

– Votre livre est intitulé « Votre intuition au service du succès« . En quoi l’intuition est-elle pour vous la clé de la réussite ?

-Si vous discutez avec des personnes qui ont réussi leurs objectifs de vie, elles vous diront d’une part que rien n’aurait pu les empêcher de réaliser leurs désirs ou leurs idées et d’autre part, qu’elles se sont senties guidées par quelque chose : une conviction, une certitude, une foi qui s’inscrit parfois en dehors de toute logique. Le rationnel n’a jamais créé de nouvelles idées. Regardez les artistes, leurs oeuvres ne sont pas le fruit d’un long travail analytique, mais bien le fruit de leurs inspirations et donc de leur part intuitive. Einstein le premier a eu l’idée de la relativité en rêve avant de la démontrer rationnellement. A mes yeux, une personne qui ne sert pas de son intuition ne peut pas sortir du lot et obtenir ce qui lui convient dans la vie.

-Alors pourquoi en France en particulier, l’intuition est jugée moins fiable que la raison ?

-D’abord notre culture judéo-chrétienne a véhiculé l’idée que si quelque chose est facile, cela n’a pas de valeur. Il faut travailler dur pour réussir, gagner son salaire à la sueur de son front, enfanter dans la douleur. L’être humain serait sur terre pour souffrir. Si je vous dis que mon statut professionnel est le fruit d’une longue lutte et d’une longue réflexion, vous allez applaudir des deux mains, si je vous dis qu’au contraire ma position actuelle est le fruit d’intuitions, vous serez déstabilisée. Pourtant c’est bien le cas. Les choix que nous faisons et qui sont importants pour nous ne sont pas le résultat d’une longue réflexion. Quand vous tombez amoureux ou lorsque vous avez un coup de coeur pour une maison, ce n’est pas votre raison qui s’exprime, c’est votre intuition. Si votre relation s’avère un échec ou que des problèmes se succèdent dans votre maison, peut-être n’avez-vous pas alors suffisamment écouté votre intuition !

Ensuite, il y a des résistances liées à la construction de l’individu. A l’école on privilégie les capacités analytiques. Le système scolaire et l’éducation parentale n’encouragent pas l’enfant à développer son intuition. Pourtant avant 3 ans, les enfants sont très intuitifs.

Il faut admettre aussi qu’il y a eu certains abus, l’intuition a quelque chose de magique, certains en ont profité pour servir leur intérêt au détriment des autres.

Malgré tout aujourd’hui  les spécialistes en neurosciences nous indiquent que le cerveau droit est moins utilisé chez les occidentaux que le cerveau gauche. Pourtant le cerveau droit nous permet d’avoir une vision globale, il est créatif, il va vers le nouveau, le mouvement, il est à l’aise avec le changement, il est ouvert. Notre cerveau gauche en revanche est à l’aise avec les détails, le connu, le rationnel, il aime les catégories, il est plus fermé. Carl Gustave Jung ( 1875-1961) disait déjà que le cerveau gauche était le siège de la raison et le cerveau droit le siège de l’intuition. Nous devons apprendre à nous servir davantage de notre cerveau droit.

-Il est donc temps d’apprendre à faire davantage confiance à notre partie intuitive ?

-Oui, il est important de faire confiance à notre intuition, à condition de la fiabiliser. C’est en travaillant sur soi que l’on peut apprendre à faire cela. Et pour ceux qui doutent encore de l’ efficacité de l’intuition je proposerai cette citation d’Albert Einstein :  » Le mental intuitif est un don sacré et le mental rationnel un fidèle serviteur. Nous avons créé une société qui honore le serviteur et qui a oublié le don « .

Liens pour aller plus loin :

La voie du Tarot d’Alexandre Jodorowsky

Le site de Michel Giffard 

L’état alpha du cerveau

Un exercice audio pour contacter son intuition

Un livre : Les prodiges du cerveau

« Les femmes seront les inspiratrices de l’économie de demain ! »

Virginie Joannes

Virginie Joannes  exerce une activité de coach depuis près de 15 ans. Elle vit actuellement  en France, à deux pas de la Suisse.  Experte en marketing stratégique de luxe, elle s’est formée au coaching aux Etats-Unis.  Au quotidien, son travail consiste à accompagner principalement des femmes dans leurs projets de création d’entreprises. Elle est engagée dans de nombreux réseaux de soutien féminin. Elle est membre du réseau  Business Professionnal Women,  qui lutte contre les discriminations au travail. Elle accompagne également bénévolement des femmes en recherche  d’emploi âgées de plus de 45 ans, au sein de l’association Force Femme . Elle partage ici sa vision du succès au féminin.

Créer son activité : le rêve de beaucoup de femmes!

Selon un sondage réalisé par Opinion way début 2012 pour le salon des entrepreneurs, deux femmes sur trois en France considèrent que la création d’entreprise est plus épanouissante que le salariat. ( Voir le sondage ici ). Ce sondage révèle que ce qui motive les femmes à créer leur propre activité ce n’est pas l’argent, mais bien le désir de s’accomplir et d’être autonome.  Autre information intéressante livrée par ce sondage : une femme sur trois qui n’a en revanche pas envie de créer une entreprise  manque de confiance en ses compétences.

 Les femmes ne manquent pourtant pas d’idées.Virginie Joannes, le constate tous les jours. Son métier consiste à aider les femmes à mener une vie qui leur ressemble, dans une  activité professionnelle où elles pourraient exprimer tout leur potentiel. Virginie Joannes est coach. Une activité encore confidentielle  en France, mais qui est largement reconnue aux Etats-Unis et au Canada depuis longtemps. Pour résumé, Virginie est une sorte d »accoucheuse » de talents. Les femmes qui viennent la voir sont créatives, mais elles ne savent pas comment faire pour vivre de leurs inspirations. « Mon travail ne consiste pas à faire les choses à leur place. Je suis là pour les guider, les encourager et leur donner les clefs de la réussite », explique-t-elle.

La première règle qui mène au succès : c’est la clarification du projet.  » Il faut bien savoir ce que l’on veut avant d’obtenir ce que l’on souhaite« , précise Virginie. La seconde règle à suivre, c’est de ne surtout pas restée seule. « Les femmes ont parfois beaucoup de mal à demander de l’aide. Elles ont tellement l’habitude de tout faire toutes seules. Il faut pourtant s’appuyer sur son réseau pour lancer une activité. Les ressources sont autour de nous. Il faut juste apprendre à  attirer les clients potentiels », poursuit Virginie. L’autre point important c’est la confiance en soi.  » Tant de femmes ne s’estiment pas à leur juste valeur. Elles culpabilisent, ne savent pas bien se vendre. Les femmes aiment donner, mais c’est important aussi d’ apprendre à recevoir. Il n’y a rien de mal à gagner de l’argent, non ?  « , sourit Virginie.

Et quand les femmes dépassent leurs croyances limitantes, cet héritage de l’inconscient collectif familial et culturel, elles vont souvent très loin.

 Elles ne savaient pas que c’était impossible, alors elles l’ont fait !

Si vous pensez encore que croire en soi ne suffit pas pour réussir, alors je vous conseille de vous arrêter un peu pour écouter Caroline Casey. Cette irlandaise va vous bousculer. Son histoire est magnifique. Cette femme nous démontre que la foi en soi peut faire des miracles.

Virginie Joannes a passé ces dernières années à rencontrer des femmes qui ont toujours cru en leurs rêves.  Elle a interviewé  près de 1000 chefs d’entreprises au féminin  travaillant dans des domaines d’activité  très différents comme  la mode, la restauration, la communication. Parmi elles, la styliste Isabel Marant,  la créatrice de bijoux de la marque Rita et Zita , Sandrine Baradinot , ou encore Laurence Salomon  naturopathe et chef du restaurant Nature et Saveur.  A chacune d’elles, Virginie Joannes  a posé une dizaine de questions pour tenter de percer les secrets de leur succès.

Toutes ces femmes  aux parcours si différents ont au moins trois points communs, selon Virginie :

La détermination : « Elles n’ont écouté que leur coeur et leurs convictions. Quand on leur disait que leur projet était impossible, elle tournait les talons et allait frapper à une autre porte ».

La capacité à s’avoir s’entourer: « Le réseau est important, surtout pour tenir bon dans les périodes difficiles ».

-Le courage:  » Ce que j’appelle le courage du coeur, c’est à dire croire en son projet, même si l’entourage est sceptique. »

Elle évoque ainsi l’histoire d’une femme aujourd’hui à la tête d’une entreprise fort lucrative, qui a démarré ses créations dans sa cuisine. Lorsqu’elle a enfin trouvé son premier client, il ne lui restait plus que 5 euros en poche. « Elle a rempli sa voiture d’essence avec cet argent pour se rendre au rendez vous de la dernière chance. Elle s’est dit alors, si cela ne marche pas je rentrerai à pied. Ce jour là, cette femme a signé le premier gros contrat de sa toute jeune entreprise« , raconte la coach.

Les femmes, observe Virginie, sont créatives, impliquées dans la société. Lorsqu’elles réussissent elles partagent naturellement les fruits de leur succès. « Elles sont nombreuses à s’investir ensuite dans des associations caritatives. Certaines d’entre elles construisent des écoles en Asie, d’autres se battent contre les violences  faites aux  femmes « , précise-t-elle.

Virginie Joannes n’est pas une féministe , ni une militante. Elle ne veut pas opposer le féminin au masculin. Elle oeuvre juste pour l’épanouissement des femmes.

 » Leur avenir, je le vois rose, pétillant, lumineux« , prophétise-t-elle.

Et elle n’est pas la seule. En 2009, le Dalai-Lama estimait que « demain serait l’âge de la femme ». Pour le  leader bouddhiste « les femmes doivent tenir un rôle de plus en plus important dans les sociétés,  pour développer la compassion en la transmettant non seulement à leurs enfants, mais aussi à la société tout entière. »

Et si l’avenir appartenait enfin aux femmes ?

Virginie Joannes est également l’auteur d’un roman : » L’Autre Rose « .

Elle prévoit de publier en septembre prochain   » De la Superwoman à la femme Tao ».

Contact : http://desmillionsdefemmes.wordpress.com/

« L’argent fait tourner le monde  » : Rencontre avec l’écrivain Douglas Kennedy !

Juin 2012 : Metz ( France ) Festival l’Eté du Livre !

Interview de l’auteur américain Douglas Kennedy

      Douglas Kennedy est né à Mahnattan à New-York en 1955.  En 1977, il débarque à Dublin. Il écrit des pièces pour le théâtre, et devient journaliste free lance. Mais son vrai rêve c’est de devenir romancier. Après plusieurs échecs il déménage à Londres et publie des récits de voyage. Il connaît le succès sur le tard, à l’âge de 41 ans, avec son deuxième roman « L’homme qui voulait vivre sa vie « , traduit en 16 langues et vendu à plus d’un million d’exemplaires à travers le monde. A ce jour il a publié près de quatorze livres . Il vit entre New-York , Paris et Berlin. Le voilà devant moi et il a beaucoup à dire. En français en plus. Douglas Kennedy est un américain francophone et francophile!

L’argent : au coeur de son dernier livre !

« Si quelqu’un me dit que l’argent n’est pas important dans sa vie , je le traiterai de menteur, c’est certain » : sourit Douglas Kennedy. « Largent fait tourner le monde, il peut rendre fou, il ne rend pas forcément heureux. Pour moi notre rapport à l’argent est surtout la métaphore de nos peurs, de nos besoins, de nos désirs , de nos souhaits, et de nos angoisses« , précise l’auteur américain.

L’argent est le personnage central du dernier livre édité en France  de Douglas Kennedy. Cet ouvrage a été  exhumé des années 90. Il a été écrit  et publié en Angleterre il y 20 ans. Le manuscrit  arrive en  France avec un certain retard, certes. Ce qui est étonnant c’est qu’ il reste  terriblement actuel. Dans ce livre, l’écrivain  américain se plonge dans l’univers des traders, du dieu dollar. Il y observe les rois de la finance , auscultent leurs âmes avec l’oeil d’un psy, et  nous offre  un véritable récit de voyage. Un tour du monde  des places financières de la planète. Ce livre résonne fortement avec les dérives et l’absurdité de notre  système économique centré sur les profits. Il  emporte le lecteur de Singapour, à New-York en passant par  Sydney, et nous plonge dans le  coeur des bourses. Douglas Kennedy  y  découvre les  acteurs d’une comédie humaine qui fait tourner le monde.  Des hommes et des femmes d’affaires dont ils sondent la conscience . »Je suis un romancier, je suis un peu voleur « , lance- t-il.   Des traders, poussés vers une interminable quête  du « toujours plus ». Des être humains déconnectés des autres, habités finalement par un grand vide, qu’ils cherchent à combler avec toujours davantage de zero.  » Il y a de la vacuité , toujours, derrière la poursuite de l’argent« , observe Douglas Kennedy.

 L’auteur américain aurait pu finir comme eux. « Mon père voulait que je sois avocat » se souvient-il. « Si je l’avais écouté, je sais aujourd’hui que j’aurai fini comme le héros de mon roman  » l’homme qui voulait vivre sa vie« , je serai  installé dans une confortable maison dans une banlieue chic de New-York  avec deux voitures, une femme, quelques enfants et beaucoup d’amertume ».

Douglas Kennedy écrit depuis l’âge de 24 ans. Il a commencé par rédiger des articles, mais c’était « du journalisme alimentaire ». A l’âge de 33 ans, il  dépasse sa peur de ne pas réussir à devenir romancier et choisit de suivre son rêve. Il publiera cette année là son   premier livre : « Beyond the Pyramids : Travels in Egypt ». Un carnet de route assez drôle au pays des pharaons.

La valeur de l’argent !

Douglas Kennedy a  connu le succès tardivement. Lorsqu’il explose sur la scène littéraire mondiale , il a 41 ans, et une vie d’échecs et de succès modestes derrière lui. Une chance, finalement. « Grâce à cela, j’ai compris que le succès était un vernis fragile, tout peut changer demain si j’écris de très mauvais romans « , explique-t-il. «  Le truc c’est ce que je n’ai jamais écrit un livre dans  le but de gagner beaucoup d’argent. Le succès m’a pris par surprise », dit-il. L’argent lui permet aujourd’hui de vivre confortablement. Il savoure cette liberté, qui lui permet de  naviguer entre New York, Berlin et Paris et de « voir venir » pour ses enfants, Max et Amélia. Mais pour lui, » l’argent reste un piège ».


 « La génération de mes parents ne parlait jamais d’argent , quand j’étais à l’université à New-York , un étudiant qui aurait eu comme unique ambition de devenir riche,  on l’aurait traité de connard « ,sourit-il . C’était dans les années 70. Dans les années 80, l’argent « devient sexy« , poursuit l’auteur américain.  » Reagan et Thatcher ont profondément changé le monde occidental en imposant l’ultra-libéralisme.  Cela a  transformé notre rapport à l’argent » , analyse-t-il.  » Aujourd’hui, à cause de la puissance  des bourses , toutes les grandes villes se sont transformées. New-York était une ville abordable pendant mon enfance. Les golden boys et les golden girls et leurs 40 millions de dollars annuels ont fait grimper les prix.  Le gouffre entre les très riches  et les autres s’est élargi. Beaucoup de grandes villes sont devenues hors de prix : comme Londres et Paris.  » Il regrette également que cette domination du monde de la finance se soit faite au détriment des professions intellectuelles, « elle ont été dévalorisées« , déplore-t-il.

Douglas Kennedy  soutient le mouvement  « Occupy Wall Street« , parce que « c’est nécessaire d’entendre d’autres voix « . Il souligne  que l’histoire est toujours faite de cycles. « Nous sommes actuellement dans un cycle hyper-capitaliste. Peut-être que ça va changer. « 

Il était à Montréal la semaine dernière. Sa nouvelle amoureuse y vit. Il a observé avec intérêt les manifestations des étudiants, les habitants de cette ville réputée tranquille défilant le soir avec leurs casseroles, s’indignant des décisions de leur gouvernement. « Je pense que c’est une chose très positive, que des gens se rassemblent et disent que trop, c’est trop ».

Il pense à New-York, rêveur : « On vit dans un monde où un homme peut dépenser 100 millions de dollars pour une résidence  secondaire dans un quartier de Long Island« . Cela donne le vertige. Douglas Kennedy est bien d’accord avec ce proverbe français un peu désuet : »L’argent ne fait pas le bonheur , mais il y contribue ». Je connais des hommes très riches et très malheureux, mais pour moi c’est toujours des choix personnels « , conclut-il. Douglas Kennedy, lui a fait son choix. Vivre ses rêves, c’est peut-être cela la clé du  bonheur !

Si votre curiosité vous pousse plus loin au sujet de l’argent :

Une vidéo d’un économiste argentin qui prédit la fin du système monétaire mondial :

Un reportage québécois sur la révolution silencieuse en Islande :

Un livre : La psychologie de l’argent de l’économiste Renaud Gaucher

Informations sur l’auteur :

Le site officiel de Douglas Kennedy