Il y a d’abord ce lieu. Magique. L’ancien carmel qui surplombe la ville de Moissac est un havre de paix. Il héberge tout au long l’année les pèlerins en route vers Saint-Jacques de Compostelle. Autant vous dire qu’il y a ici une énergie particulière qui d’emblée vous plonge dans un espace méditatif bienfaisant. Pendant trois jours nous allons nous retirer ici pour rencontrer à travers différentes pratiques artistiques nos aspirations profondes. Nous sommes sept. De tous âges. Entre 35 et 60 ans. Réunis ici le temps d’une retraite créative. Nos motivations sont diverses mais notre désir de nous recentrer est identique. Carole, est maman de trois enfants, au quotidien, elle jongle entre une activité professionnelle très prenante et une vie de famille bien remplie. Elle est venue ici pour se ressourcer : » J’avais besoin de prendre du recul, de ralentir, de prendre du temps pour moi. Je ne le fais jamais. « , m’explique-t-elle. Annabelle quant à elle cherche à recontacter sa source de créativité pour se remettre en mouvement : » Je suis ici parce que je cherche une nouvelle voie professionnelle « . Les attentes sont différentes mais l’expérience va être la même pour tous. Nous avons besoin de stopper le disque rayé qui tourne parfois en continue dans nos têtes pour enfin nous écouter vraiment.
Qu’est-ce qu’un mandala ? A l’origine, ce mot sanskrit signifie « cercle « . Et plus précisément » pensée contenue dans le cercle « . Le dessin centré a été utilisé à travers les âges par de multiples cultures. On le retrouve dans les temples bouddhistes, dans les roues de médecine amérindiennes, dans les cathédrales du 13ème siècle sous la forme de magnifiques rosaces. Et ce n’est pas un hasard. Le cercle est le symbole de la vie. Ce mouvement vital qui traverse tout être humain oscille entre l’expansion et le retour au centre. Cette forme primordiale évoque la Terre, le Soleil, la Lune. Le cercle est un tout. C’est aussi une forme rassurante dans laquelle nous allons exprimer notre recherche d’équilibre personnel.
Le mandala est un puissant outil de recentrage, dans lequel nous allons projeter et organiser notre monde intérieur du moment. » Au cours de tout processus créatif, il est important de débrancher notre cerveau gauche analytique, pour nous reconnecter avec notre cerveau droit qui est le siège de notre intuition et de notre imagination. Le mandala permet d’exprimer sa créativité en toute sécurité et d’accueillir différentes parties de nous-même qui peuvent être en conflit. La manifestation des couleurs et des formes est déjà un acte guérisseur. Notre esprit analytique ne comprend pas mais notre corps sait. La création devient alors un acte de réparation inconsciente« , précise Sandrine Rouillon.
Se rencontrer à travers les formes, les mots et les couleurs est une odyssée des profondeurs. Sandrine nous prépare au voyage en nous proposant des marches méditatives dans la forêt voisine. Durant ces instants de solitude nous partons à la recherche de tous les trésors que nous portons en nous : nos succès, nos talents, ce que nous aimons faire. L’idée est de laisser venir les sensations, les souvenirs pour ensuite les mettre en couleurs et en mots. Premier constat : ce n’est pas forcément simple d’accéder au meilleur de soi : » Si autre chose se présente, c’est que vous venez de contacter ce qui vous empêche d’atteindre votre objectif de bien-être », nous rassure Sandrine. La lumière et l’ombre dansent ensemble . Lorsque nos désirs véritables émergent, la liste de nos incapacités à les réaliser nous assaillent d’emblée. Les prises de conscience s’enchaînent cependant au fur et à mesure de nos échanges en groupe. Comment se sentir heureux et vivant sans utiliser nos talents, notre enthousiasme, notre vitalité pour créer une vie qui nous ressemble ? Qu’est-ce qui peut bien nous empêcher d’exprimer notre plus haut potentiel relationnel, affectif, créatif, professionnel ? Les réponses se révèlent dans nos témoignages respectifs. Nous sommes prisonniers de croyances limitantes héritées de notre éducation et de nos expériences passées. Florence par exemple si volubile dans son travail, nous confie ses difficultés à exprimer ce qu’elle ressent dans la sphère intime: « Dans ma famille on ne montrait pas son amour avec des mots« , partage-t-elle. Annabelle qui a pourtant passé 6 mois avec ses enfants à voyager en Asie, n’arrive pas à se défaire de son passé d’enfant dyslexlique . La peur du jugement. La terreur du rejet. La frayeur de trahir les contrats inconscients transmis par nos ancêtres. Voilà l’origine de ces blocages qui se montrent au grand jour pour être transformés. En mettant ensuite des mots et des couleurs sur nos aspirations véritables, nous nous recréons. La feuille blanche devient alors la métaphore d’une renaissance. Si nous étions libres d’être ce que nous sommes qui serions-nous ? La création spontanée nous ouvre alors la voie vers ce qui nous anime en profondeur et qui définit notre individualité dépouillée des conditionnements extérieurs.
Nos mandalas nous ramènent à l’essentiel. Ils sont surtout la preuve vivante du magnifique potentiel de beauté et de créativité qui réside en chacun d’entre nous. A l’issue de ces trois jours d’exploration notre vie ne va sans doute pas changer du jour au lendemain, mais de nouvelles graines ont été semées, les mauvaises herbes ont été défrichées. Etienne l’un des participants se sent « revigoré et en mouvement « . Dominique a envie « d’être plus gourmande de la vie « . Sophie-Armelle a retrouvé » son enfant intérieur, libre , créatif , inspiré « . Quant à moi je m’émerveille du pouvoir libérateur d’un partage authentique dans un esprit de co-création. Voyez-vous nous ne sommes pas si différents derrière nos masques. Nous sommes confrontés aux mêmes questions et aux mêmes limites. Que cherchons-nous au fond ? Peut-être un peu plus de liberté. Peut-être à nous rapprocher de notre vérité. Créer sa vie c’est oser laisser derrière soi tout ce qui nous empêche de nous sentir en cohérence et en harmonie avec nous-même. C’est choisir les couleurs qui nous font du bien pour peindre un monde qui nous ressemble. Si je dois retenir une seule pensée de cette expérience je choisirai celle-ci : tout part de notre centre pour ensuite rayonner dans l’espace. Et non l’inverse. Pas de changement extérieur possible sans changement intérieur. En restant centré sur nos priorités, nos désirs, nous ne sommes ni égoïstes, encore moins égocentriques. Nous devenons des créateurs, prêts à offrir au monde notre rayonnement unique.
Sandra C.
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