» La créativité est contagieuse. Faites-là tourner ». Albert Einstein
Un matin, ma fille de 6 ans se lève et me dit au petit -déjeuner : « Maman. Je suis sourde la nuit« . Elle voulait tout simplement me dire que le bruit du dehors ne l’avait pas dérangée. Je lui réponds : » C’est joli ma chérie ce que tu dis. On dirait un poème« . Et je m’empresse de noter sur mon carnet sa jolie phrase. Elle poursuit alors : » Je suis sourde la nuit. Je n’entends aucun bruit. Je n’entends que les moineaux chanter. Le ciel est tout calme. Et la lune dit : faites de beaux rêves ». C’était frais, spontané, et si joli !
Cette conversation avec ma fille m’a fait remonter le temps, à l’époque ou j’étais comme elle inspirée par tout et rien, plongée dans mon imaginaire fertile, qui créait mille poèmes, mille histoires, mille spectacles et mille danses. Pourquoi tout ceci s’est arrêté un jour?
Je me revois jeune adulte, bonne élève, focalisée sur mes études universitaires. Je n’ai plus de rêves mais des objectifs : réussir, gagner ma vie, trouver du travail, faire ma place, monter haut sur l’échelle sociale. Plus question d’avoir la tête dans les étoiles. La lune n’a jamais nourri personne me disait-on.
Et pourtant. Ma fille me rappelle tous les jours à quel point c’est faux. Elle se nourrit de jolis mots, de dessins colorés et elle me nourrit également, car quand je regarde ses créations cela me fait du bien. Elles éclairent ma journée. Au quotidien, mon travail me pousse à écrire froidement, sans affects, je dois être objective, synthétique, informative. Ma créativité est limitée. C’est pour cette raison que j’ai créé ce blog, pour retrouver de la liberté.
Et si la créativité était finalement plus essentielle que je ne le pensais ? Ma question a trouvé une réponse grâce à ma rencontre sur le net avec la blogueuse québécoise Manon Lavoie, créatrice du site mcommemuses.com.
Manon est une jeune femme de 37 ans. Elle vit à 40 km de Montréal. Il y a 4 ans, elle a décidé de mettre la créativité au coeur de son existence. Pendant de nombreuses années, comme de nombreuses femmes, elle a délaissée l’artiste en elle, pour se consacrer à sa » carrière ». Manon travaillait dans la communication et le marketing. A la naissance de son premier enfant pourtant, quelque chose s’est passé. Un déclic, un changement, une subtile transformation. La créatrice en elle s’est réveillée. La muse tapie au creux de son coeur avait besoin d’espace pour exister. Un besoin si vital que Manon a eu le courage de quitter son emploi, pour créer la vie dont elle rêvait et pour motiver les autres à faire de même.
Elle partage avec nous son histoire, son parcours et sa vision de la créativité.
Sa révolution intérieure m’a enthousiasmée. Je remercie ici Manon, d’avoir pris le temps d’échanger avec moi via Skype et je remercie la photographe québécoise Anne Jutras de m’avoir fait découvrir son univers !
J’espère que l’histoire de Manon vous inspirera comme elle m’a inspirée !
« La créativité, c’est percer le banal pour trouver le merveilleux « . Bill Moyers
– Bonjour Manon. Peux-tu nous parler de ton parcours. Comment la créativité s’est -elle imposée à toi ?
– Je crois que petite déjà j’avais une grande soif de quelque chose. Mais je ne savais pas exactement de quoi. En grandissant, mon esprit rationnel a pris le dessus. Plus j’avançais dans mes études en relations publiques où je réussissais plutôt bien, plus je me mettais de pression. Je pensais toujours à la prochaine étape. Quand je suis entrée sur le marché du travail, c’était l’aboutissement d’une longue lutte. J’aurai dû être heureuse. Et pourtant je ne l’étais pas. J’ai commencé à travailler dans le milieu de la mode mais je ne m’y reconnaissais pas. J’ai changé d’emploi, j’ai travaillé dans la communication. J’aimais relier les gens entre eux. Et puis je suis tombée enceinte de mon premier enfant. Et quelque chose a changé. Ici au Québec, nous avons un an de congé maternité . Je me suis dit que j’allais en profiter pour faire le point. Le fait est que lorsque j’ai tenu mon bébé dans mes bras, je n’avais plus envie de retourner travailler. Je n’avais plus envie de déployer autant d’énergie pour mon job. Je me sentais tellement vivante pendant cette grossesse. C’est ce qui m’a donné le courage de quitter mon travail. Le jour où j’ai démissionné a été le plus beau de ma vie.
– Comment as-tu géré ce passage. Toi qui était indépendante financièrement ?
– Quand j’ai déposé ma démission. Mon boss voulait me retenir en me proposant un meilleur salaire. Et pourtant cela n’a pas suffit à me faire changer d’avis. Moi qui avait tellement peur de l’insécurité financière, j’ai réussi à me dire : » Non ! Maintenant je suis riche même si sur mon compte c’est tout l’inverse ». Alors biensûr mon mari a été super. Il a suivi. Je suis restée active, j’ai commencé à travailler depuis chez moi en free-lance. Je rédigeais des communiqués de presse. J’ai eu mon second enfant. J’ai été également rédactrice-en-chef d’un magazine web. Mais là encore j’étais dans le syndrome de la performance. Comme si je devais prouver à l’extérieur que je méritais de vivre. Un jour j’ai décidé, de lâcher prise et de cesser de courir après tout. La semaine suivante, j’apprenais que j’étais enceinte de mon troisième enfant. Je crois que chaque enfant que nous portons nous apporte une énergie particulière. Et ma petite Olivia m’a apporté énormément. J’ai renoué avec ma créativité. Moi qui avais toujours pensé ne pas être manuelle, je me suis mise à faire de la couture. J’ai acheté une vieille machine à coudre. Je ne savais même pas comment mettre le fil. Et puis un soir, je me suis dit : » Arrête ! » J’ai donné mon bébé à mon mari, j’ai pris un verre de vin et je me suis mise à fabriquer ma première pochette en tissu.
– La porte de ta créativité s’est ouverte alors ?
-Oui. J’ai commencé à faire des photos, à écrire. Cela m’a transformée. J’avais le sentiment de me mettre au monde. Moi qui projetais tout le temps ma vie dans le futur. J’ai commencé à vivre l’instant présent. Et puis j’en suis venue à créer des ateliers pour développer la créativité d’autres femmes. J’ai créé un blog, puis j’ai organisé des escapades avec des femmes pour les aider à se reconnecter avec elles-mêmes grâces aux arts -créatifs. Un jour une ancienne connaissance m’a demandé de faire une conférence sur la créativité. Je me disais, mais pourquoi moi, je ne suis pas légitime, j’étais touchée par le syndrome de l’imposteur. Mais j’y suis allée. Malgré tout je me suis dit qu’il fallait guérir quelque chose en moi. J’ai suivi une formation de coaching et cela apaisé mon mental. Mais j’ai compris que j’avais déjà tout en moi pour faire ce que je voulais faire : aider les femmes à renouer avec leur créativité. J’ai décidé de partager ce que j’avais appris sur mon propre chemin. M comme Muse est né comme cela.
– Quel est l’objectif de ce projet ?
– J’utilise toute forme d’expression et j’invite les femmes à vider leur tête pour renouer avec leur coeur. Ce qui compte ce n’est pas le résultat, c’est le processus. C’est faire quelque chose qui nous fait du bien. C’est un retour vers soi. J’ai beaucoup de clientes qui sont des femmes d’affaires, toujours pressées. Des dirigeantes débordées. Je leur offre un espace où elles peuvent s’oxygéner.
– En quoi cela est-il important de se relier à sa créativité ?
– J’ai appris que à force de vivre dans le mental on finit par subir notre vie. Nous fonctionnons alors en pilote automatique. Je crois que la créativité c’est un espace à explorer. Elle est en chacun de nous. C’est un état naturel, notre part intuitive. Nous sommes tous uniques. Nous ne pouvons pas être heureux en nous censurant sans cesse. Beaucoup de femmes vivent également dans la culpabilité, elles ne prennent pas de temps pour elles. Pourtant, lorsque nous faisons des choses pour nous-mêmes, nous nous remplissons d’une énergie que nous redonnons aux autres. Quand tu donnes beaucoup d’énergie pour quelque chose qui ne te remplit pas. Tu te vides. C’est un chemin de tous les jours d’apprendre à se faire confiance, à oser s’exprimer. Mais c’est un processus qui fait grandir et qui amène à un bien-être durable.
– Quel est le message que tu souhaites faire passer aux femmes et aux hommes aujourd’hui ?
– Je crois qu’il est sain d’oser prendre le temps de ne rien faire. Nous sommes tous tellement sollicités. C’est important de s’offrir son espace à soi, car c’est dans le moment présent que tout se joue. C’est important également d’être bienveillant avec soi, de pleurer ses doutes, ses colères. On peut exprimer ses frustrations à travers l’écriture par exemple, c’est libérateur. Ce processus est guérisseur et il nous permet d’aller plus loin dans notre vie. On devient alors des créateurs !
©larevolutioninterieure.com
Liens pour aller plus loin :
– Un très beau coffret-jeu pour renouer avec sa créativité féminine !