Je suis née dans un baobab !

 » La force du baobab est dans ses racines  » Proverbe africain

" Baobab prayer "

 » Baobab prayer  » by Sandra C.

Me voilà de retour du Sénégal. J’ai un peu hésité avant de choisir cette photo pour illustrer cet article. La peur de se dévoiler totalement peut-être. Et pourtant cette photo résume tout. L’Afrique m’a nourrie au-delà de mes espérances. J’ai le sentiment d’avoir été bercée par les bras de la Terre.

Quand on évoque ce continent  dans nos médias, ce sont  les guerres, la pauvreté extrême, la famine qui se déploient sur nos écrans de télévision. Ce n’est pas de cette Afrique -là dont je vais vous parler aujourd’hui. En me rendant au Sénégal, pour rejoindre des amis qui y vivent, j’ai vécu ma propre expérience et c’est de cette expérience- là dont je vais vous parler.

 J’avais juste envie de partager  ce que j’ai ressenti là-bas.

Quand j’ai décidé de partir au Sénégal, j’avais besoin de clarté, d’énergie, d’inspiration pour poursuivre ma route. Et ce pays a exaucé mes prières. J’y ai vécu des instants magiques. C’est pour ne pas les perdre que j’écris, c’est pour les ancrer en moi, que je tape sur ce clavier. Toute notre vie n’est qu’une succession d’instants uniques. Ils s’évaporent si les mots ne les retiennent pas. Alors je vais vous raconter cette histoire, pour ne pas oublier, pour ne pas m’oublier et pour continuer à faire vivre la magie de ces instants précieux.

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Les nourritures africaines

Il y a d’abord cette chaleur, enveloppante, réconfortante. Je viens d’arriver dans le Saloum, une région située à 4 heures de route au sud de Dakar. Je suis avec Coly, mon guide. Coly est un ami de mes amis français. Nous avons le même âge, et nous avons eu le temps d’apprendre à nous connaitre à Dakar. Il va m’accueillir chez lui à Samba Dia pour quelques jours. Me voilà donc aux portes de son village et je suis transportée par la beauté de la Nature qui m’entoure. Cette terre rouge qui explose au soleil, les baobabs majestueux qui peuplent l’horizon aride, m’offrent leur bienfaisante énergie dès les premières secondes de mon arrivée. Je marche au ralenti et pourtant tous mes sens sont en éveil. Il me semble que je n’avais jamais utilisé mes sens avant ce jour. Les habitants portent tous des tenues colorées. Le noir semble réservé à la nuit. Dans ce village, la vie coule comme une rivière arc-en -ciel.  Me voilà donc arrivée dans la maison où vivent la mère de Coly, ses soeurs et ses neveux et nièces. Je suis un peu intimidée, je rencontre ces gens pour la première fois, mais ils me reçoivent comme si j’avais toujours été là. Je suis accueillie avec chaleur mais ma présence ne perturbe pas le rythme de la vie quotidienne. Les enfants jouent tranquillement à l’ombre du manguier qui trône fièrement au centre de la cour. Des poussins téméraires s’approchent de mes pieds poussiéreux en sautillant. Je souris de leur impertinence. Des éclats de rires s’échappent des gorges généreuses des femmes. Elles sont toutes d’une beauté sauvage. Je suis fascinée par la spontanéité de leurs regards, la luminosité de leurs sourires. Leurs corps tout en courbes se déplacent dans l’air avec légèreté. Leurs présences discrètes rayonnent dans l’espace.

Je prends quelques secondes pour m’adapter à ce nouvel environnement. Tout est tellement simple. Tellement naturel. On ne se perd pas en formules de politesse. Cette simplicité me libère d’emblée. Je me sens bien. Je me sens tellement bien, qu’ à peine arrivée, me voilà allongée sur un matelas en mousse posé à même le sol. Mes résistances d’occidentale soucieuse de faire bonne impression ont sauté en quelques minutes. Mon corps n’a qu’une envie c’est de s’abandonner en toute confiance à ce berceau improvisé. Nous ne parlons pas. Les mots sont de trop quand ils n’ont rien à dire d’essentiel. Ici, le silence ne fait pas peur. Ici le silence, permet d’entendre la respiration de la Terre. Chacun respire à son rythme et laisse l’autre respirer à son rythme. Ces inconnus viennent de m’offrir un cadeau inestimable : ils me laissent être moi-même, sans me juger, sans m’évaluer, sans rien attendre de moi. Il n’y a rien à faire, rien à dire. Juste être là. Juste être soi. Suivre le souffle naturel des heures qui passent, en étant totalement présent à ce qui est là.

Me voilà donc allongée sur ce matelas de mousse. Je ne pense plus, je savoure. Je me sens tellement en confiance, que je me mets à somnoler. Je sens que mon esprit perçoit les bruits alentours mais mon corps est totalement anesthésié. Je suis incapable de bouger. Ma conscience ensommeillée reste cependant alerte aux mouvements de la vie qui  coule tout autour de moi. Il y a le rire des enfants, le gloussement des poules, le vent qui ébouriffe délicatement les branches du manguier. Une profonde détente s’installe dans chaque parcelle de mon corps. La chaleur de l’air m’enveloppe. J’ai la sensation d’être  blottie dans le ventre de la Terre, comme si je retrouvais la chaleur du ventre maternel. Je me sens bercée par le souffle soyeux du vent. En totale sécurité dans cet environnement pourtant totalement nouveau. Je n’ai jamais ressenti un tel bien-être aussi rapidement où que ce soit. La terre africaine est notre mère à tous. Nous sommes tous issus d’elle.Voilà les pensées qui me traversent au moment où mon esprit s’apprête à voyager en dehors de moi, dans le pays mystérieux des rêves.

 

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Coly et moi

Coly le Baye-Fall

Il y a des rencontres qui semblent avoir été préparées depuis la nuit des temps par des anges facétieux. Quand j’ai rencontré Coly,  j’ai senti que je retrouvais un frère. Notre connexion a été immédiate. Comme une évidence. Nous sommes de la même génération. Nous sommes nés à la fin des années 70. Nous ne sommes plus des adolescents et pourtant, nous partageons cette spontanéité joviale qui nous caractérise tous les deux. Je m’émerveille de toute chose courant ici et là. Il veille sur moi, protecteur.  » Ton amie me tuera s’il t’arrive quelque chose « , rigole-t-il. Alors il fait en sorte qu’il ne m’arrive rien. Il éloigne les serpents d’une prière, me présente à tout le monde, s’assure que je ne manque de rien. Coly n’est pas vraiment un homme comme les autres. Il occupe une fonction que je ne connaissais pas jusqu’à ce jour. Coly est un Baye-Fall. C’est un homme qui a choisi une voie spirituelle issue de l’islam à laquelle il est totalement dévoué. Son travail consiste à servir la communauté. Il offre sa présence et ses prières. On l’appelle pour bénir les nouveaux-nés, pour célébrer les mariages et accompagner les mourants. Un Baye -Fall est une sorte de gardien de l’humanité. Sa mission consiste à faire le bien autour de lui. Ses prières ne sont pas réservés aux musulmans. Coly prie pour tous les êtres humains indépendamment de leurs religions ou de leurs croyances.  » Nous sommes tous de la même famille et nous avançons ensemble sur le chemin de la vie« , me répète-t-il. Pour Coly, le centre spirituel de l’Homme se situe dans le coeur. La tolérance, la solidarité, le partage, l’amour sont les valeurs qu’il porte en lui et qu’il essaye chaque jour d’incarner au mieux. J’ai rarement rencontré une personne aussi lumineuse. Sa présence est rayonnante. Quand je suis à ses côtés, j’ai la sensation d’être au contact d’un arbre. Coly est toujours très calme. Il peut rester des heures sans dire un mot. Je ne perçois jamais aucun signe d’impatience sur son visage. Il prend là vie comme elle vient, sans chercher à la contrôler. Souvent, il semble absorbé dans son monde. Coly est à la fois dans le monde et hors du monde. Une partie de lui est toujours en train de prier à tout moment de la journée.

Nous avons passé de longs moments ensemble à parler de la vie et du sens de l’existence. Le décor se prête à ce genre de conversations. La nuit la lune mange le ciel et baigne le village d’une douce lumière argentée. Ici, les constructions respectent le cosmos. D’un seul coup d’oeil, vous voilà relié à l’univers tout entier. Je n’ai jamais embrassé autant d’étoiles d’un regard auparavant. L’air exhale une odeur enivrante. L’encens local, le tchou-rai brûle dans chaque maison et se mélange aux effluves sucrées des plantes. Le village tout entier se transforme ainsi en temple sacré. Des oiseaux conversent à grands cris dans la nuit. La lune ronde comme la Terre veille amoureusement sur le village. Coly me parle au coin du feu. Je l’interroge :  » Comment vivre dans ce monde si complexe ? ». Il me répond qu’il n’y a rien à faire d’autre que de rester soi-même.  » Le plus important c’est d’apprendre à se connaître, d’être authentique, de se respecter et de respecter les autres. Comment peux-tu aimer les autres, si tu ne t’aimes pas ? De toutes les créatures terrestres, c’est l’être humain que Dieu aime le plus. Notre mission c’est d’être bégué   » , me répond-il.

Bégué . Ce mot en wolof signifie bonheur. Pour Coly, le but de l’existence, c’est la recherche du bonheur. Et pour lui pas de bonheur sans paix, sans tolérance, sans respect de soi et des autres. Le bonheur n’est pas un idéal, c’est un chemin à incarner au quotidien, en suivant son coeur, en considérant chaque personne comme son égal. Je lui demande : « Et quand la vie nous secoue ? » Il me répond alors ceci : » Il faut garder confiance. Transformer le négatif en positif. Faire de son mieux. Il y a des événements qu’on ne peut pas contrôler. L’humilité, c’est accepter de lâcher-prise. Si quelque chose ne fonctionne pas comme tu veux, ce n’est pas une punition. Quelque chose de mieux t’attend ! « .

" Baobab night "

 

Le baobab

J’ai pris cette photo blottie au creux d’un baobab. Ces arbres fantastiques poussent très lentement. Les plus imposants d’entre eux sont de vieux papys de presque 1000 ans. Autant vous dire qu’on se sent tout petit à leur contact. Ils semblent contenir en eux une sagesse ancestrale. Me voilà donc adossée au tronc de ce baobab. Il m’encercle de sa douce et généreuse chaleur. Mes pieds plantés dans la terre, allongée dans ce qui ressemble à un lit douillet, je me sens soutenue par sa force bienveillante. Mon regard se perd dans la brousse. Je suis seule. C’est un moment rien que pour moi. Dans les bras réconfortants de ce baobab, soudain, une vague d’émotion m’envahit. Et je me mets à pleurer comme un nouveau-né, le corps traversé d’irrépressibles sanglots. Mes yeux mouillés plongent dans le crépuscule et j’ai la sensation d’être lavée, nettoyée, baignée, éclaircie par mes larmes. Je déroule le fil de ma vie à cet instant précis et je revois  tous les moments difficiles qui ont traversé mon existence, tous les deuils qu’il a fallu faire, tous les chagrins, les trahisons, les échecs et les humiliations qui comme des aiguilles ont lacéré mon coeur au fil des expériences. Nous  connaissons tous ces moments de chaos au creux de notre monde intime. Aucun être humain ne peut se vanter de n’avoir jamais souffert. Nous portons tous en nous des blessures. Cela fait partie de notre condition humaine.

Alors, repliée dans les bras de ce baobab, j’ai décidé en conscience, que je laisserai ici au pied de cet arbre, toutes mes peines, tous ces chagrins. Il était temps de laisser tout cela derrière moi. Il était temps de me libérer de toutes ces émotions du passé, de les rendre à la terre, pour qu’elle puisse recycler mes peines. Et alors, mes larmes ont changé de couleur. Elles sont devenues  brillantes comme des gouttes de rosée. Mon coeur a explosé comme un soleil. La gratitude s’est alors installée en moi. Je me suis dit alors :  » Toutes ces peines  m’ont conduite jusqu’à ce jour, au creux d’un baobab, au milieu de cette beauté majestueuse.  » Et là quelque chose en moi a dit : » Merci. Merci la vie de m’offrir tant de beauté à cette seconde précise« .

Qui sait où la vie nous conduit ? Une porte se ferme et une autre s’ouvre. Changer, c’est plonger les yeux bandés dans l’inconnu. C’est accepter de faire confiance. Le chemin de la transformation nous impose de laisser derrière nous tout ce qui nous alourdit, tout ce qui ne nous sert plus. Ne pas s’accrocher aux vieilles colères, aux chagrins du passé. En les laissant mourir, en les mettant en terre, nous nous autorisons à voir le monde dans l’instant présent avec des yeux neufs. Voir les choses telles qu’elles sont et non plus à travers le filtre d’émotions anciennes. Ne plus rejouer de vieux scénarios mais créer sa vie en accord avec le chant de son âme.

J’ai trouvé la sérénité au creux d’un baobab. En réalité, je suis née dans le ventre d’un baobab. Ici, en Afrique, je me suis reconnectée à la simplicité et à la beauté de la vie. La douceur et la gentillesse des personnes que j’ai rencontré m’ont démontré que le monde n’était pas que souffrance et lutte de pouvoir.  Je n’ai cessé à la fin de mon voyage de témoigner ma gratitude à mes amis africains, cela a fait sourire Coly.  Il m’a dit alors :  » Le Sénégal t’a donnée ce que tu cherchais, parce que tu étais ouverte et curieuse de découvrir notre pays. C’est toi que tu dois remercier.  » J’ai levé un sourcil, étonnée. Il est vrai qu’on ne se remercie jamais assez des cadeaux que nous acceptons de recevoir de la Vie.

Et maintenant que je termine ce récit. Je dois avouer que c’est la nostalgie qui s’infiltre en moi. Tous les instants magiques de notre existence passent en un battement de coeur. Ce sont ces instants qui donnent pourtant du sens à nos souffrances.

Alors comment poursuivre la route à présent ? En puisant dans la beauté, l’harmonie, la créativité, la confiance, la lumière, la liberté, la joie, la simplicité. Ce sont mes racines. Ce sont nos racines. Les racines de notre humanité. C’est ce qui nous nourrit en profondeur. Alors nous serons tous des baobabs. Alors nous serons enfin nous-mêmes.

©larevolutioninterieure.com

 

 

 

 

 

 

 

 

Libérez l’artiste en vous !

 » La créativité est contagieuse. Faites-là tourner ». Albert Einstein

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Chez mon amie Karine !

Un matin, ma fille de 6 ans se lève et me dit au petit -déjeuner : «  Maman. Je suis sourde la nuit« . Elle voulait tout simplement me dire que le bruit du dehors ne l’avait pas dérangée. Je lui réponds :  » C’est joli ma chérie ce que tu dis. On dirait un poème« . Et je m’empresse de noter sur mon carnet sa jolie phrase. Elle poursuit alors :  » Je suis sourde la nuit. Je n’entends aucun bruit. Je n’entends que les moineaux chanter. Le ciel est tout calme. Et la lune dit : faites de beaux rêves ». C’était frais, spontané, et si joli !

Cette conversation avec ma fille  m’a fait remonter le temps, à l’époque ou j’étais comme elle inspirée par tout et rien, plongée dans mon imaginaire fertile, qui créait mille poèmes, mille histoires,  mille spectacles et mille danses. Pourquoi tout ceci s’est arrêté un jour?

Je me revois jeune adulte, bonne élève, focalisée sur mes études universitaires. Je n’ai plus de rêves mais des objectifs : réussir, gagner ma vie, trouver du travail, faire ma place, monter haut sur l’échelle sociale. Plus question d’avoir la tête dans les étoiles. La lune n’a jamais nourri personne me disait-on.

Et pourtant. Ma fille me rappelle tous les jours à quel point c’est faux. Elle se nourrit de jolis mots, de dessins colorés  et elle me nourrit également, car quand je regarde ses créations cela me fait du bien. Elles éclairent ma journée.  Au quotidien, mon travail me pousse à écrire froidement, sans affects, je dois être objective, synthétique, informative. Ma créativité est limitée. C’est pour cette raison que j’ai créé ce blog, pour retrouver de la liberté.

Et si la créativité était finalement plus essentielle que je ne le pensais ?  Ma question a trouvé une réponse grâce à ma rencontre sur le net avec la blogueuse québécoise Manon Lavoie, créatrice du site mcommemuses.com.

Manon Lavoie, créatrice de mcommemuses.com

Manon Lavoie, créatrice de mcommemuses.com

Manon est une jeune femme de 37 ans. Elle vit à 40 km de Montréal. Il y a 4 ans, elle a décidé de mettre la créativité au coeur de son existence. Pendant de nombreuses années, comme de nombreuses femmes, elle a délaissée l’artiste en elle, pour se consacrer à sa  » carrière ». Manon travaillait dans la communication et le marketing. A la naissance de son premier enfant pourtant, quelque chose s’est passé. Un déclic, un changement, une subtile transformation. La créatrice en elle s’est réveillée. La muse tapie au creux de son coeur avait besoin d’espace pour exister. Un besoin si vital que Manon a eu le courage de quitter son emploi, pour créer la vie dont elle rêvait et pour motiver les autres à faire de même.

Elle partage avec nous son histoire, son parcours et sa vision de la créativité.

Sa  révolution intérieure  m’a enthousiasmée. Je remercie ici Manon, d’avoir pris le temps d’échanger avec moi via Skype et je remercie la photographe québécoise Anne Jutras de m’avoir fait découvrir son univers !

J’espère que l’histoire de Manon vous inspirera comme elle m’a inspirée !

« La créativité, c’est percer le banal pour trouver le merveilleux « . Bill Moyers

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– Bonjour Manon. Peux-tu nous parler de ton parcours. Comment  la créativité s’est -elle imposée à toi ? 

– Je crois que petite déjà j’avais une grande soif de quelque chose. Mais je ne savais pas exactement de quoi. En grandissant, mon esprit rationnel a pris le dessus. Plus j’avançais dans mes études en relations publiques où je réussissais plutôt bien, plus je me mettais de pression. Je pensais toujours à la prochaine étape. Quand je suis entrée sur le marché du travail, c’était l’aboutissement d’une longue lutte. J’aurai dû être heureuse. Et pourtant je ne l’étais pas. J’ai commencé à travailler dans le milieu de la mode mais je ne m’y reconnaissais pas. J’ai changé d’emploi, j’ai travaillé dans la communication. J’aimais relier les gens entre eux. Et puis je suis tombée enceinte de mon premier enfant. Et quelque chose a changé. Ici au Québec, nous avons un an de congé maternité . Je me suis dit que j’allais en profiter pour faire le point. Le fait est que lorsque j’ai tenu mon bébé dans mes bras, je n’avais plus envie de retourner travailler. Je n’avais plus envie de déployer autant d’énergie pour mon job. Je me sentais tellement vivante pendant cette grossesse. C’est ce qui m’a donné le courage de quitter mon travail. Le jour où j’ai démissionné a été le plus beau de ma vie.

– Comment as-tu géré ce passage. Toi qui était indépendante financièrement ?

– Quand j’ai déposé ma démission. Mon boss voulait me retenir en me proposant un meilleur salaire. Et pourtant cela n’a pas suffit à me faire changer d’avis. Moi qui avait tellement peur de l’insécurité financière, j’ai réussi à me dire :  » Non ! Maintenant je suis riche même si sur mon compte c’est tout l’inverse ». Alors biensûr mon mari a été super. Il a suivi.  Je suis restée active, j’ai commencé à travailler depuis chez moi en free-lance. Je rédigeais des communiqués de presse. J’ai eu mon second enfant. J’ai été également rédactrice-en-chef d’un magazine web.  Mais là encore j’étais dans le syndrome de la performance. Comme si je devais prouver à l’extérieur que je méritais de vivre. Un jour j’ai décidé, de lâcher prise et de cesser de courir après tout. La semaine suivante,  j’apprenais que j’étais enceinte de mon troisième enfant. Je crois que chaque enfant que nous portons nous apporte une énergie particulière. Et ma petite Olivia m’a apporté énormément. J’ai renoué avec ma créativité. Moi qui avais toujours pensé ne pas être manuelle, je me suis mise à faire de la couture. J’ai acheté une vieille machine à coudre. Je ne savais même pas comment mettre le fil. Et puis un soir, je me suis dit :  » Arrête ! » J’ai donné mon bébé à mon mari, j’ai pris un verre de vin et je me suis mise à fabriquer ma première pochette en tissu.

– La porte de ta créativité s’est ouverte alors ?

-Oui. J’ai commencé à faire des photos, à écrire. Cela m’a transformée. J’avais le sentiment de me mettre au monde. Moi qui projetais tout le temps ma vie dans le futur. J’ai commencé à vivre l’instant présent. Et puis j’en suis venue à créer des ateliers pour développer la créativité d’autres femmes. J’ai créé un blog, puis j’ai organisé des escapades avec des femmes pour les aider à se reconnecter avec elles-mêmes grâces aux arts -créatifs. Un jour une ancienne connaissance m’a demandé de faire une conférence sur la créativité. Je me disais, mais pourquoi moi, je ne suis pas légitime, j’étais touchée par le syndrome de l’imposteur.  Mais j’y suis allée. Malgré tout je me suis dit qu’il fallait guérir quelque chose en moi. J’ai suivi une formation de coaching et cela apaisé mon mental. Mais j’ai compris que j’avais déjà tout en moi pour faire ce que je voulais faire : aider les femmes à renouer avec leur créativité. J’ai décidé de partager ce que j’avais appris sur mon propre chemin. M comme Muse est né comme cela.

– Quel est l’objectif de ce projet ?

– J’utilise toute forme d’expression et j’invite les femmes à vider leur tête pour renouer avec leur coeur. Ce qui compte ce n’est pas le résultat, c’est le processus. C’est faire quelque chose qui nous fait du bien. C’est un retour vers soi. J’ai beaucoup de clientes qui sont des femmes d’affaires, toujours pressées. Des dirigeantes débordées. Je leur offre un espace où elles peuvent s’oxygéner.

– En quoi cela est-il important de se relier à sa créativité ?

– J’ai appris que à force de vivre dans le mental on finit par subir notre vie. Nous fonctionnons alors en pilote automatique. Je crois que la créativité c’est un espace à explorer. Elle est en chacun de nous. C’est un état naturel, notre part intuitive. Nous sommes tous uniques. Nous ne pouvons pas être heureux en nous censurant sans cesse. Beaucoup de femmes vivent également dans la culpabilité, elles ne prennent pas de temps pour elles. Pourtant, lorsque nous faisons des choses pour nous-mêmes, nous nous remplissons d’une énergie que nous redonnons aux autres. Quand tu donnes beaucoup d’énergie pour quelque chose qui ne te remplit pas. Tu te vides. C’est un chemin de tous les jours d’apprendre à se faire confiance, à oser s’exprimer. Mais c’est un processus qui fait grandir et qui amène à un bien-être durable.

– Quel est le message que tu souhaites faire passer aux femmes et aux hommes aujourd’hui ?  

– Je crois qu’il est sain d’oser prendre le temps de ne rien faire. Nous sommes tous tellement sollicités. C’est important de s’offrir son espace à soi, car c’est dans le moment présent que tout se joue. C’est important également d’être bienveillant avec soi, de pleurer ses doutes, ses colères. On peut exprimer ses frustrations à travers l’écriture par exemple, c’est libérateur. Ce processus est guérisseur et il nous permet d’aller plus loin dans notre vie. On devient alors des créateurs !

©larevolutioninterieure.com

Liens pour aller plus loin :

– Un très beau coffret-jeu pour renouer avec sa créativité féminine !

-Et le site de Manon Lavoie !

Le violoniste fou !

Ce qui frappe dans cette vidéo du violoniste américain Ashanti Floyd, c’est le langage de son corps lorsqu’il s’abandonne à cette improvisation. Cette vidéo a particulièrement  fasciné les internautes. Elle a été vue par plus de deux millions de personnes sur Youtube. L’artiste publie régulièrement sur le net ce type de performance, une manière pour lui de partager en musique son humeur du moment.

Celui qu’on appelle aussi  » The Mad Violonist » , leader du groupe  The Crack Symphony Orchestra n’est plus un inconnu aux Etats-Unis depuis sa nomination l’année dernière aux Grammy Awards. Il collabore depuis longtemps avec des pointures du rap et du hip-hop américain.

J’ai eu envie d’en savoir plus sur ce musicien, car il m’a beaucoup touchée. Skype et Facebook  m’ont permis d’entrer en contact avec lui. Nous avons échangé entre Paris et les Etats-Unis. Il a bien voulu répondre à mes questions et je l’en remercie. Nous avons abordé  son parcours musical, sa vie, et  ses projets.

Un vrai bonheur que je partage ici !

Ashanti Floyd a 27 ans, il vit à Atlanta mais il a grandi en Floride. Enfant, il fréquente  tous les dimanches l’église baptiste de Tallahassee car son père y joue du piano.  Le jeune Ashanti sait chanter et reconnaître les notes avant de savoir les lire. Il a tout juste 3 ans lorsqu’il commence à apprendre la musique selon la méthode développée par le japonais Suzuki, sous l’oeil bienveillant mais néanmoins exigeant de sa mère, enseignante de violon dans une école de la ville. Pendant près de 15 ans, Ashanti va  baigner dans l’univers de la musique classique, et des concours. Mais il écoute également du rap, du gospel, du hip -hop, de la soul. T-Pain célèbre rappeur américain est un ami d’enfance. Ashanti le violoniste est très loin de son univers, mais, il saura utiliser les sons qui l’entourent pour nourrir ses inspirations. Il devient l’un des premiers violonistes à sortir des sentiers battus. Il improvise, mélange les genres musicaux.

Le violon est un instrument qui ne pardonne rien. Le jeune américain l’apprivoise depuis 25 ans, et il en a fait son meilleur ami. Ashanti Floyd l’a même dépoussiéré un peu.  Il s’en sert  pour des dubstep, sorte  de freetsyle sur un rythme hip- hop. Un jour un ami lui propose de mettre une video de ses impros sur youtube. Contre toute attente la video est un succès sur le net.

Ashanti  produit ses propres disques, loin des majors. Il fait partie de ces jeunes artistes qui tracent leur chemin, sans faire de concessions, et en suivant leur coeur. Il a joué dans les rues, et adore improviser.   » Ici aux Etats-Unis, les artistes ne sont pas reconnus.  Les musiciens ne sont pas apprécié à leur juste valeur. Il doivent se battre très dur pour gagner leur vie. Moi j’ai choisi de créer mon propre système, de produire mes disques. J’aimerais éveiller les jeunes à la créativité, les sensibiliser à l’art« , explique-t-il. Il mène sa route entouré de ses amis et donne des concerts pour le moment essentiellement aux Etats-Unis à New-York , à Atlanta….

«  Le plus important c’est de faire ce qu’on aime. Mes parents m’ont toujours encouragé à le faire, même si se faire une place dans l’univers de la musique est difficile.  Il faut croire à ce qu’on fait, suivre ses rêves« , sourit-il.

Ashanti Floyd aime innover, surprendre.  Il aime aussi son indépendance, qui le tient éloigné, des majors, ces véritables bulldozers qui ont érigé le dollar comme unique but de tout projet artistique.

A l’heure où les Etats-Unis subissent une crise économique et sociale, quel regard peut bien porter un jeune violoniste afro-américain sur son pays ? Ashanti, observe la politique, d’un oeil critique. Les Etats-Unis aujourd’hui ?  » C’est un peu le bordel« , résume-t-il. Il regarde les démocrates et les républicains se déchirer avec un haussement d’épaules. Il regrette que le racisme soit toujours présent dans les états du sud. Sa dernière vidéo sur youtube a d’ailleurs été attaquée par un groupuscule extrêmiste, qui a déversé sa haine à travers des commentaires assez terribles. Le coup est rude mais Ashanti Floyd est bien trop positif pour se laisser aller au rôle de victime. Le musicien n’a pas le temps de se lamenter. Sa bataille à lui consiste à vivre la vie de ses rêves: entouré de ses amis, de sa famille, en faisant ce qu’il aime.

L’artiste est aussi impliqué envers les jeunes ! Il donne des cours de musique et de violon dans les écoles américaines !!! Il se bat tous les jours pour réhabiliter la-bàs la valeur de l’art. Et c’est une vraie lutte militante. Il y a peu de temps on lui a fait savoir que les crédits pour son programme éducatif seraient réduits et que c’était plus important que  les enfants fassent du sport. La compétition encore ! Il s’insurge sur sa page Facebook de cette politique qui privilégie la performance physique à la culture ! Ashanti a dû certainement vivre à l’époque des Lumières en France dans une autre vie ! D’ailleurs le musicien américain espère donner un concert en France. Il a eu un vrai coup de foudre pour notre pays, lors d’un voyage express à Cannes en juin dernier. Il rêve de venir jouer à Paris.

Tout  le monde ne sera sans doute pas sensible au style musical de ce violoniste atypique mais sa virtuosité peut toutefois nous interroger sur l’essence même du talent.

Le travail et l’effort suffisent-ils à créer la beauté? Comment définir ce supplément d’âme qui fait la différence?

A méditer!!

Ci-dessous le voyage d’Ashanti à Berlin en septembre. Il adore improviser avec des musiciens dans la rue ! Une belle âme ce garçon je vous dis !

Contact Ashanti Floyd sur Facebook : https://www.facebook.com/themadviolinist

Lien utile : l’apprentissage du violon selon la méthode Suzuki http://www.violoneli.com/cours/methode_suzuki.html

« Le musicien est quelqu’un à qui l’on peut s’en remettre pour dispenser de l’apaisement à son prochain, mais il est aussi un rappel de ce qu’est l’excellence humaine. »
Yehudi Menuhin, violoniste américain