L’éclosion du papillon

« Nous serions tous transformés si nous avions le courage d’être ce que nous sommes  » Marguerite Yourcenar

" The eye of the universe " Sandra C.

 » The eye of the universe  » Sandra C.

C’est l’une des mes toiles préférées. Je l’ai intitulée  » L’oeil de l’univers « , il s’agit de la dernière oeuvre de ma première exposition  » Métamorphose  » qui a eu lieu à Montmartre à Paris en septembre dernier. Le bleu est vraiment ma couleur. Elle m’apaise. Elle me relie en un instant à l’infini qui est pour moi un monde ouvert sur une multitude de possibles. Cet oeil grand ouvert perçoit le monde dans sa totalité. L’ombre et la lumière. A l’intérieur comme à l’extérieur, c’est l’équilibre entre ces deux forces qu’il faut trouver pour atteindre la paix.

Qui aurait pu imaginer qu’un jour j’exposerai des toiles à Paris, au coeur du quartier bohème de la capitale ? Sûrement pas moi. Et pourtant, c’est arrivé. Et c’est à cette crise intérieure que je dois ce miracle. Sans elle, je n’aurai jamais accédé à mes aspirations profondes et à mes talents cachés.

Mais reprenons le fil de mon histoire.

Dans le précédent billet, je vous racontais mes larmes et ma douleur. Le changement géographique. La rupture professionnelle. La séparation. L’effondrement de mon monde intérieur. Et la perte de repères qui s’en est suivie.

Mon conjoint depuis 13 ans m’annonce donc qu’il me quitte pour une autre. Je suis dévastée. Je pleure tous les jours. Des torrents de larmes. Pleurer ce n’est pas si grave. Cela fait du bien.  Le plus terrible, c’est l’état de mon coeur.  Des lambeaux de chaires molles. Voilà à quoi ressemble un coeur ravagé. Impossible dans ces conditions de sentir autre chose que la douleur. J’ai la sensation physique d’avoir un trou béant au milieu de la poitrine. C’est sans doute ce que ressentent les morts-vivants. Vous respirez toujours mais quelque chose est cassé si profondément en vous que même respirer devient éprouvant.

La première chose qui m’a aidée à apaiser la plaie, c’est l’amour des autres. Les amis : cette famille du coeur.  Il y a ceux qui compatissent, il y a ceux qui s’inquiètent pour vous et il y a ceux qui vous ouvrent leurs bras sans un mot. Ce sont ces derniers les plus précieux. Ils accueillent sans juger, sans chercher absolument à consoler. Ils offrent leur présence et c’est sans doute le cadeau le plus merveilleux que l’on puisse faire  à un autre être humain.

Au début, j’avais honte. Honte de l’échec, honte de ma souffrance. Je me ressentais comme une victime et je n’aimais pas cela.  Un jour une amie est venue me voir. Les seules larmes que nous avions versées ensemble jusqu’à ce moment là étaient des larmes de joie. Je suis de nature joyeuse, habituellement la tristesse, quand elle s’invite, je la chasse, mais là je ne pouvais pas. Le performant barrage intérieur que j’avais construit pour éviter de ressentir cette émotion au quotidien n’a bien sûr pas résisté au tremblement de terre qui a secoué mes certitudes. Tout a explosé. Pour mon plus grand bien. Il y a donc cette amie. Ses bras sont doux et chauds. Je sanglote à grande eaux sur son épaule ronde. J’ai honte d’exposer ainsi le visage de ma vulnérabilité. Je lui dis : » Je suis désolée, que tu me vois comme ça « . Elle sourit. Elle me dit alors cette phrase mystérieuse : « Ne t’inquiète pas , tu m’apportes au contraire beaucoup, en cet instant-là ».  Je la regarde interloquée. Je ne comprends pas ce que je peux bien lui apporter dans cet état là. Elle poursuit  : « Mais oui, en t’abandonnant dans mes bras, tu m’offres ta confiance ! ». C’est sans doute l’une des plus belles phrases qu’il m’a été donné d’entendre dans mon existence. Les mots ont un pouvoir bien plus grand qu’on ne le pense. Ces mots -là ont totalement transformé mon expérience. J’avais donc le droit d’être vulnérable, de craquer, de ne pas être forte tous les jours. Cette prise de conscience a vraiment changé quelque chose en moi. Il y a eu le début d’un sourire, et puis un rire, une explosion de gratitude, et enfin la confiance. La certitude que demain serait un jour meilleur. Le pouvoir de la bienveillance est immense.

Une fois mon amie partie, j’ai continué à rester bienveillante avec moi-même. Ce n’était pas facile tous les jours, car j’avais tendance à me culpabiliser pour ce que je croyais être un échec. Mais dans la vie rien ne se perd, tout se transforme. Et je sais aujourd’hui que c’est la bienveillance que je me suis offerte qui m’a aidée à avancer avec plus de légèreté et plus de joie.

" L'homme-jaguar " Sandra C.

 » L’homme-jaguar  » Sandra C.

L’autre émotion qui ne me laissait pas de répit, c’était la colère. Je ne savais pas quoi en faire alors elle me dévorait de l’intérieur. J’étais en colère contre moi, contre la situation, contre mon ancien conjoint. Je ne savais pas quoi faire de toute cette énergie destructrice alors je ruminais. Avec application. Jusqu’à en avoir mal au ventre.

Un jour une autre amie me voyant dans cet état -là me dit : » Et si tu peignais ? cela te ferait du bien !  » Je l’ai regardée d’abord avec des yeux ronds, avant de lui répondre  :  » Mais je ne sais pas peindre ! La dernière fois que j’ai tenu un pinceau c’était au cours de Mr Puel en 3ème et j’ai jamais été une pro du dessin ! » . Elle rigole et me lance : » On s’en fiche, fais comme tu le sens, suis ton mouvement intérieur et lâche-prise ! « . Lâcher-prise ? Je n’avais jamais appris à faire quoique se soit de cette manière là. On nous apprend à tout contrôler pas à lâcher -prise. Mais là, je ne contrôlai plus rien du tout alors j’ai dit :  » Pourquoi pas ! ».
Et c’est ainsi qu’a débuté sans que je m’en rende compte le projet  » Métamorphose « . Je me suis mise à peindre. Librement. Sans chercher un résultat. En cherchant simplement à vivre une expérience sensorielle avec les matières et les couleurs. Le processus a été pour moi thérapeutique, mais il a été encore plus important que ça. Il a réveillé en moi une vérité profonde : mon besoin vital d’expression.

La créativité m’a aidée à transformer mes émotions. La toile est devenue un cadre sécurisant où j’ai pu m’adonner à un véritable processus alchimique. Chaque tableau renferme sa formule magique. Chaque tableau à sa vibration propre.

Pour autant, je ne me sentais à ce moment là ni peintre, ni artiste.  Après tout, je n’avais pas fait les beaux-arts. Qui étais-je pour affirmer que j’étais une artiste ? Et pourtant, tout mon être vibrait à chaque fois que j’étais plongée dans la création. Après les couleurs, il y a eu les mots. Tout au long de ce processus qui a duré près de 7 mois, j’ai écrit de nombreux poèmes. A chaque fois les textes émergeaient en un seul jet. De manière spontanée. C’est devenu ma façon de créer.

La chrysalide a été bénéfique pour moi, car durant cette période, j’ai découvert que la créativité avait le pouvoir de transformer la lourdeur en légèreté. J’ai surtout réalisé à quel point créer était devenu pour moi aussi vital que respirer.

Voilà donc les cadeaux qui dormaient au creux de mon ombre. Si je n’avais pas vécu cette profonde crise de sens je n’aurai jamais exploré cette partie de moi qui ne demandait qu’à exister au grand jour. Ma créativité !

exposition  " Metamorphose"

Exposition
 » Metamorphose » septembre 2014

L’éclosion du papillon. Un an jour pour jour, après ma douloureuse rupture amoureuse, je me retrouve  » Au petit théâtre du bonheur  » à Montmartre. J’y présente ma première exposition de peinture. Je suis émue, heureuse, joyeuse. Les heures sombres me paraissent bien loin.   A ce moment précis, je suis moi. Plus que jamais. Comment suis-je arrivée jusqu’à ce lieu au nom si prophétique ? Grâce à une amie. Encore une fois. Si vous ne savez pas où vous allez, laissez les signes vous guider. Il y a toujours une femme sage quelque part qui sera prête à vous aider en partageant son ressenti.

Un jour, cette amie, donc, me montre la vidéo d’un musicien : il s’appelle Estas Tonne.

Je suis subjuguée, par sa virtuosité et sa présence. Mon premier réflexe en rentrant chez moi est de savoir s’il ne serait pas par hasard en concert à Paris. Je découvre alors qu’il a joué Au petit théâtre du bonheur , je me dis qu’il faut absolument que j’aille découvrir ce lieu. Timidement, un jour, je pousse la porte. Dans ce lieu très ouvert, j’ai rencontré des artistes formidables, qui sont devenus des amis. Le fait de baigner dans cette atmosphère de liberté et de partage a stimuler ma créativité et m’a encouragée.  J’ y rencontre un artiste -peintre. Il a plus d’expérience que moi mais il suit exactement le même processus de création. Grâce à lui, je prends confiance en moi, en mes ressentis. Il me guide, sans me juger. Et grâce à lui, je progresse mois après mois. Je progresse, car il m’encourage à ne ressembler à personne d’autre qu’ à moi- même . Il ne cesse de me répéter : » Tout doit partir de toi « .

Et c’est ainsi qu’une nouvelle aventure a commencé. Il y a bien d’autres choses dont je pourrais témoigner, j’ai choisi ce volet là aujourd’hui, car il est très important pour moi. C’est une véritable métamorphose. Je ne suis pas devenu quelqu’un d’autre. Je suis devenue un peu plus moi. Ma révolution intérieure m’a conduite à être moi-même chaque jour un peu plus. Sans me préoccuper du regard des autres.

Quand j’étais adolescente, j’ai vibré en lisant «  L’alchimiste «  de Paolo Coehlo. Il y avait cette phrase que j’ai toujours gardé en mémoire comme un mantra :  » Si tu désires vraiment quelque chose, tout l’univers conspire pour réaliser ton désir « .

Mon âme désirait m’aider à créer une vie qui me ressemble. Longtemps, je ne l’ai pas écouté. Il était plus urgent de me conformer à ce qu’on attendait de moi. Il était plus urgent d’être raisonnable et de choisir la sécurité. Surtout pas mes aspirations profondes encore moins mes rêves. Tout était sous contrôle. Cela ne m’a pas empêché de vivre des ruptures que je n’ai pas réussi à éviter. Sûrement, elles étaient nécessaires. La preuve. Je n’aurai jamais suivi tout ce chemin, si je n’avais pas vécu cette traversée de la peur et de la douleur.

Il y a quelques jours, j’ai joué mon premier spectacle de poésie en musique et ça aussi c’est un miracle. Quand je partage mes créations, je me sens totalement alignée. Aller au bout d’un projet créatif, c’est tout un processus. Et quand il naît, c’est une véritable naissance.

Voyez-vous je crois aujourd’hui que la vie est plus intelligente que nous. Quand nous dévions de notre route, elle n’a pas d’autre choix que de nous envoyer des messages forts pour nous réveiller. Nous pouvons nous perdre, pour mieux nous retrouver. Quand nous sommes sur le bon chemin, nous le sentons grâce à cette chaleur vivifiante qui coule à nouveau dans nos veines. C’est l’énergie de la joie.

L’abondance, ce n’est pas forcément un gros compte en banque, mais c’est avant tout la sensation d’être riche. Je me sens riche aujourd’hui à l’intérieur et du coup des portes s’ouvrent chaque jour un peu plus.

 Je suis mon chemin. Que pourrai-je faire d’autre aujourd’hui sinon patiemment continuer, un pas après l’autre ?
Je ne peux plus me retourner. La chenille est loin derrière moi.
Je suis la même et à la fois une autre.
Comme un papillon, je respire la lumière du jour pour la première fois.
Je pars devant en éclaireur chers amis révolutionnaires, j’ouvre mes ailes.
Et si mes créations vous inspirent ! N’hésitez pas à me le faire savoir !
A très vite,
Sandra C.
©larevolutioninterieure.com

Comment réussir à être soi-même ?

 » Qu’est- ce que la réussite ? Se lit-elle dans le regard des autres ? Ou dans celui que l’on jette sur soi-même ? Ai-je tenu les promesses que je m’étais faites ? L’enfant que j’étais est-il fier de l’adulte qu’il est devenu ? « 

 Smaïn Fairouze extrait de   » Je reviens me chercher  » ( 2011 )
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J’aime bien photographier mes ombres. Elles m’apprennent toujours quelque chose de nouveau sur moi-même.
Quand je regarde celle-ci, je vois une personne affirmée, qui regarde la vie bien en face, tout en s’appuyant sur ce qui est là, présente.
Cette partie  de moi qui se révèle dans l’ombre, me fait souvent défaut ses derniers temps. J’aurai besoin d’elle plus souvent. Ou peut-être a-t-elle juste besoin que je lui permette d’exister, afin qu’elle prenne sa place dans le monde. Peut-être vient-elle me dire qu’il est temps de lui donner des couleurs, de la faire vivre au grand jour, de l’animer d’un souffle de vie et de la laisser s’exprimer pleinement.
Qu’est-ce que réussir ? Voilà une question qui me fait sortir de ma bulle silencieuse. Quand je pense à la réussite, je pense immédiatement au sourire satisfait de mes parents, si fiers de moi,  le jour où j’ai décroché mon Bac avec mention. Je pense au soulagement de ma grand-mère, le jour où j’ai décroché mon CDI. Je pense à mon banquier, qui a commencé à être d’une extrême amabilité, le jour où il m’a vu à la télé, à l’époque où j’étais journaliste et relatait en trente secondes des nouvelles pourtant pas toujours très positives .
J’avais alors le sentiment d’avoir réussi. On reconnaissait mon parcours scolaire, mon statut, mon image . Et pourtant ces honneurs ne m’ont jamais totalement comblée. Au fond de moi, quelque chose me soufflait, que ce sentiment de réussite n’était pas juste, n’était pas en accord avec ma vérité. Je jouais un rôle. Le rôle qu’on m’avait attribué.  Pendant des années, j’ai dépensé beaucoup d’énergie pour répondre aux attentes des autres, totalement déconnectée de mes propres besoins et de mes aspirations profondes. Pas de regrets, bien sûr. Chaque étape du chemin est nécessaire à la suite du voyage. A l’époque je ne me posais pas trop de questions. J’avais réussi. Alors à quoi bon aller chercher autre chose ? Qu’est-ce qui pouvait bien me manquer ?
Ce n’est que plus tard, que j’ai pu mettre des mots sur cet étrange malaise intérieur qui ne me laissait pas de répit. Ce qui me manquait, c’était non pas la réussite, mais le sentiment de m’être réalisée. Se réaliser, c’est matérialiser dans le monde son plein potentiel. C’est un sentiment de plénitude qui se traduit par des émotions positives. Mais avant de pouvoir se réaliser, encore faut-il savoir qui on est. Et c’est là que la quête intérieure commence.
Le regard des autres ne devrait pas nous façonner. Il y a quelque chose de contre-nature dans ce schéma de fonctionnement. Nous faisons tant de choses pour quelques miettes d’attention, pour un peu de reconnaissance. Jusqu’à nous renier tout entier. Nous faisons tant de choses qui ne nous correspondent pas, car un jour nous avons appris que pour être aimé, il fallait répondre aux attentes des autres. Nous sommes des affamés d’amour. Alors nous avons accepté sans sourciller d’honorer ces contrats inconscients  sans les remettre en cause.
Voilà la source de nos souffrances, de nos conflits intérieurs, de nos douleurs, de nos blessures intimes.
Nous sommes morcelés. Arrive un moment où cet éclatement devient insupportable.
Le reconnaître, c’est déjà commencer à guérir. C’est faire un premier pas vers l’unité.
Lâcher la peur de décevoir, la peur d’être rejeté. Faire de la place à la confiance, à l’amour de soi, au bonheur de partager ce que nous sommes en toute simplicité.  Oser montrer  nos forces et nos faiblesses car elles font de chacun d’entre nous des êtres uniques. Cela paraît presque facile, dit comme ça.
Qu’ apprécions-nous chez les enfants ? Leur spontanéité, leur innocence, leur créativité.  Le drame, c’est qu’une fois devenus adultes, nous voilà remplis de peurs. Nous n’osons plus nous dévoiler. Nous devenons des créatifs bloqués. Nous avons perdu le fil qui nous reliait à nos rêves et donc à notre vérité. Nous nous vidons de notre substance vitale à partir de cet instant-là. L’existence devient triste, morne, sans but. Nous errons alors comme des fantômes dans le monde. Exilés.
Deux visages.

Les trois visages de l’être.

J’aime bien cette photo, car elle exprime, ce que je ressens parfois au coeur de mon monde intérieur.

Au sein de notre espace intime, j’ai compris que nous n’étions jamais tout à fait seuls. Il y a qui je suis à droite.  Il y a une  fille en colère à gauche. Il y a un début de visage prêt à me gronder encore plus à gauche.

Quand je ressens de la colère, de la frustration, je sais que c’est la petite fille blessée qui s’exprime.

Quand je doute de moi, quand  je perds confiance, quand je parle négativement de moi-même, c’est le gros bonhomme pas commode qui hausse le ton et qui me juge et me critique à chacun de mes pas.

Mais quand je crée et que j’exprime ce que je ressens, – ce que je me suis autorisée à faire en  prenant cette photo par exemple et en la publiant -, je suis juste moi. Un moi dépouillé, transparent, présent à ce qui est là.

Tout le chemin consiste à répondre cette question : qui parle , quand je parle  ?  L’investigation en vaut la peine. Elle permet d’éclairer d’une lumière nouvelle nos relations. Elle permet de faire des choix différents. Plus nous devenons conscients de nous-même, plus nous gagnons en clarté.

Nous ne sommes pas obligés de faire plaisir à tout le monde. Nous ne sommes pas obligés de gagner l’amour des autres en nous conformant à leurs désirs. C’est cette prise de conscience, qui marque le début d’une véritable révolution intérieure.

Une révolution intérieure, commence toujours par une révolte de l’âme.

C’est une intuition qui émerge un jour et vous dit : tu as le droit d’être toi-même et d’offrir au monde tes talents uniques. Tu en as même le devoir. Tu n’es pas condamné à continuer à faire ce boulot que tu n’aimes pas. Tu n’es pas obligé de supporter la négativité de ta famille.  Tu n’es pas obligé de faire semblant d’être quelqu’un d’autre. Tu es parfait tel que tu es. Il n’y a rien à perdre, rien à gagner. Juste apprendre à être toi. Et observer où cela t’amène.

Alors démarre la quête de soi. C’est un beau voyage rempli de surprises. Il suffit d’être attentif aux signes, aux rencontres et de faire confiance à la vie. Et le processus suit son cours naturellement.

En ces temps troublés, où nous traversons de multiples crises :  crise économique, crise de sens, crise écologique. Il est temps de revenir à soi, pour savoir ce qui compte vraiment. Revenir à l’essentiel. Découvrir ses propres valeurs et les incarner. Créer sa propre définition du mot : réussir.

Oui, c’est possible. Il suffit juste de faire un pas vers soi. S’écouter. Se nourrir d’énergie positive. Toujours garder confiance. Focaliser notre attention sur ce que nous aimons faire.  Accueillir notre vulnérabilité. Attendre que nos rêves nous trouvent. Nous murmurer des mots doux quand nous nous sentons fragiles. Refuser de nous connecter à la violence du monde. Nous retirer dans nos cocons lumineux. Et attendre la métamorphose, car elle arrive toujours.

Sandra C.

©larevolutioninterieure.com

 

 

 

 

Quand l’épreuve nous fait grandir !

 » Confronté à une épreuve, l’Homme ne dispose que de trois choix. Combattre. Ne rien faire. Fuir. »

Henri Laborit, neurobiologiste français ( 1914-1995)

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Désert de Jordanie

La vie est jalonnée d’épreuves. Qu’est -ce qu’une épreuve ? C’est un événement douloureux, une rupture, un moment  qui vient bouleverser un ordre établi et qui engendre de la souffrance.  Une perte d’emploi, le décès d’un proche, un échec amoureux figurent parmi les épreuves les plus courantes, mais il y a en a une qui vient ébranler nos fondations en profondeur, c’est l’épreuve de la maladie, car elle nous met face à la mort. Aujourd’hui, malgré les progrès de la science,  le cancer reste la première cause de mortalité en France. Le cancer est un mal étrange, dont les causes restent encore floues. Il naît à l’intérieur de l’être humain et entraîne la dégradation du corps physique. Des cellules devenues incontrôlables, prolifèrent silencieusement autour d’un vaste programme d’auto-destruction de l’organisme.

Ce véritable  » mal du siècle », des sociétés occidentales est-il intimement lié à nos modes de vie ? Les causes de cette maladie sont-elles uniquement à chercher au sein de facteurs extérieurs comme la pollution ou l’hygiène de vie ? Quel sens donner à une telle épreuve ? Comment la surmonter ? Quelles sont les clés de la guérison ?

J’ai posé toutes ces questions à un homme passionnant qui propose des réponses tout à fait pertinentes.

Gustave-Nicolas Fischer, psychologue de la santé

Gustave-Nicolas Fischer, psychologue de la santé

Gustave-Nicolas Fischer est psychologue de la santé. Il vient de publier aux éditions Odile Jacob « Psychologie du cancer : Un autre regard sur la maladie et la guérison ». Il partage son temps entre la France et le Québec. Gustave-Nicolas Fischer collabore depuis de nombreuses années avec la psychologue  Johanne De Montigny au sein d’une unité de soins palliatifs à Montréal. Il accompagne les malades en fin de vie et leurs proches en s’appuyant sur les apports de la psychologie positive.

Rencontre avec un pionnier de la psychologie de la santé !

– Bonjour Gustave-Nicolas Fischer. Pourquoi était-il nécessaire pour vous de proposer un  » autre regard  » sur le cancer ?

– Aujourd’hui,  il existe un clivage très important entre les soins purement médicaux que nécessitent le cancer  et l’accompagnement psychologique du malade. En France, le psychologue intervient  pour soutenir le malade de manière ponctuelle. Tous les cancérologues n’orientent pas systématiquement les patients vers un psychologue. Il n’y a pas de cohérence dans les démarches. Il n’y a pas d’approche spécifique liée aux problématiques psychologiques du cancer. La vision occidentale de la médecine  a tendance à séparer le corps de l’esprit, or à mes yeux,  on ne peut pas aborder ce bouleversement qu’est le cancer sans prendre en compte la patient dans sa globalité.  Pour moi, le corps est le seul lieu où tout se passe. Nos malheurs et nos bonheurs s’expriment à travers lui. Le corps constitue donc le lieu de référence de compréhension de la maladie. Le cancer est certes un bouleversement biologique. Des cellules deviennent folles, dégénèrent et deviennent des cellules tueuses, mais ce chaos biologique ne peut pas être dissocié de la crise existentielle qu’elle provoque chez le malade. Le cancer apparaît  comme une rupture brutale dans un parcours de vie. Elle met le patient face à la mort. Le chaos psychologique est donc indissociable de la catastrophe biologique.

– On connaît aujourd’hui les facteurs de risques du cancer ( la pollution, l’hygiène de vie ), mais cette maladie peut-elle avoir des causes psychologiques ?

– Il nous est impossible aujourd’hui d’affirmer que les chocs émotionnels sont en mesure ,à eux seuls, de provoquer un cancer. Malgré tout, de nombreuses recherches étudient l’impact du stress sur le développement de la maladie. Ces études existent depuis près de 30 ans aux Etats-Unis. En France on en parle peu, car la majorité des médecins ne croit pas à l’impact du psychisme sur le cancer. Ce qu’on peut dire c’est que sur  400 recherches scientifiques, menées sur près de 20 000 personnes, on a pu mettre en évidence quel type de stress constitue un facteur de risque. Ainsi, le stress chronique, c’est-à-dire le fait d’être soumis à des tensions intérieures sur une longue période, sans espoir d’amélioration peut être à l’origine d’un cancer. On a pu valider ces travaux grâce à la psycho-neuro-immunologie. Ce nouveau champ de la psychologie  remet en question les modèles existants de la psychologie et de la médecine sur le fonctionnement du corps humain. Jusqu’à présent on pensait que le système immunitaire était indépendant et autonome. Aujourd’hui, on sait que le système nerveux central et le système immunitaire communiquent entre eux via les neurotransmetteurs et les cytokines. Ce sont des vecteurs qui font circuler les informations entre les états émotionnels et l’organisme. Il a été confirmé que le stress crée un état d’affaiblissement des défenses immunitaires.

-Comment les malades peuvent-ils surmonter une telle épreuve ? 

-Une épreuve est d’abord un énorme défi. Lorsqu’on est confronté à l’épreuve on n’est par définition pas préparé à la vivre. On se retrouve donc face à une réalité qui implique une autre façon de vivre et de penser, mais pour pouvoir intégrer cette nouvelle façon de vivre , il va falloir agir sur soi-même. Le cancer est une maladie mortelle. L’ombre de la mort engendre un impératif de vivre qui  pousse le malade à transformer son rapport à la vie et à lui-même. Vivre ne signifie plus la même chose que pour les bien -portants. De nombreux malades ont tendance à s’enfermer dans les questions. Ils se disent :  » Pourquoi moi ? « . Malheureusement cela ne sert à rien. Ces questions ne font que consolider nos propres défenses face à la réalité. Le plus important est donc de ne pas résister à la situation. Ma priorité est donc d’aider les malades à accepter la réalité de l’épreuve dans laquelle ils se trouvent. Accepter c’est la première forme d’adaptation et de transformation de soi-même. Ensuite, il est important ne pas rester passif, en puisant en soi des forces. Nous mobilisons nos ressources intérieures à la minute même où nous décidons de nous battre et de continuer à vivre.

-Quels sont les effets de cet état d’esprit sur le corps ?

– Des chercheurs américains ont étudié deux groupes de femmes souffrants de cancer du sein. Certaines réagissaient par le déni, d’autres par l’impuissance, d’autres ont montré un esprit combatif, le  » fighting spirit« . Après un an, il est apparu que les femmes à l’esprit combatif avaient un état de satisfaction plus élevé que les autres. Après 5 ans, on a également constaté que ces femmes avaient un taux de survie plus significatif que les autres. Il faut noter aussi que le fait de se battre, induit une transformation de ses valeurs et de son rapport à la vie. L’épreuve devient alors la clé de la transformation intérieure.

Mais comment rester positif quand l’ombre de la mort plane  ?

-Développer une vision optimiste par rapport à ce qui nous arrive n’est pas évident, c’est vrai. Etre optimiste, ce n’est pas dire que tout va bien, quand tout va mal. Etre optimiste, c’est se dire que la vie vaut la peine d’être vécue. L’optimisme ne relève pas de la croyance, c’est une force psychique. Elle doit cependant se concrétiser par des actes pour être efficace. Le cancer est un combat à la vie, à la mort.

Malheureusement,  parfois c’est la mort qui gagne. Vous collaborez avec la psychologue qui s’occupe des malades en fin de vie au sein d’une unité de soins palliatifs à Montréal, au Québec. Que se passe-t-il au sein de cette unité ?

– Dans cette unité les malades restent en moyenne entre 8 et 15 jours. Quand ils arrivent, ils ne sont plus considérés comme des malades, mais comme des êtres humains qui terminent leur vie. Bien sûr on va s’évertuer à alléger la souffrance physique, pour aider les personnes à mourir dans la dignité. Mais mon rôle de psychologue relève avant tout de la présence plus que de la thérapie. L’objectif est d’être dans une ouverture qui permette au malade de se confier. Il livre ses secrets, les projets qu’il n’a pas pu réaliser. Donner des soins est une chose. Donner son coeur et sa présence en est une autre. L’unité de soins palliatifs est un endroit où l’on peut apprendre cela.

– Vous assistez donc au cheminement intérieur des malades confrontés à la mort ? 

– Cette maladie peut devenir un cheminement dans la mesure où l’on apprend à laisser des choses derrière soi. En Occident, nous avons terriblement peur de la mort. La mort n’est pas intégrée à la vie. Le cancer nous rappelle pourtant que nous sommes des êtres mortels. Nous naissons et nous mourrons. C’est un processus inévitable, qu’il faut intégrer pour vivre. Il faut apprendre à mourir tout au long de la vie. Je donne un cours à l’Université de Montréal sur la maladie grave et l’expérience du mourir. C’est une expérience qui est d’abord psychologique. Elle nous apprend à abandonner,  à renoncer, à lâcher ce qui n’a pas d’importance. Dans l’unité de soins palliatifs de Montréal, la psychologue avec laquelle je collabore m’a rapporté un jour sa conversation avec un malade. Elle lui avait demandé : « Que reste-t-il encore à l’intérieur de vous aujourd’hui ?« . L’homme a répondu :  » Rien« . Ma collègue a alors vu un dessin d’enfant au dessus de son lit. Elle l’a interrogé sur ce dessin. Elle lui a demandé ce qu’il signifiait pour lui. L’homme s’est mis à parler de cet enfant.  Ma collègue lui a dit alors : « Vous voyez ce n’est pas vide en vous. Quelqu’un qui vous aime a apporté ce dessin. Portez -le en vous. » Il a alors pris conscience qu’il pouvait encore donner quelque chose. On peut alors réinscrire le mourant dans un abandon, qui est le don de lui-même. Mourir, ce n’est pas perdre la vie, c’est être capable de donner sa vie. Le problème de nos sociétés, c’est que nous avons construit nos vies sur une conception matérialiste de l’existence. Cela engendre de la peur et un réflexe de protection.  Le cancer, les maladies graves et les épreuves en général ont ceci de positif qu’elles nous réveillent à la réalité de la vie. Elles nous ouvrent à la vie.

– Mais est-on obligé de passer par l’épreuve pour découvrir l’importance de la vie ?

– L’épreuve est un transformateur très puissant. Mais nous pouvons commencer dès aujourd’hui à nous débarrasser de tout ce qui nous encombre, en conscience. La plupart des gens construisent leurs vies sur des valeurs fausses. Nous sommes dans une période de transition collective. Les bouleversements économiques et sociétaux engendrent des réactions de peur et un désir d’une plus grande sécurité matérielle. Je crois qu’il est nécessaire de se libérer de ces peurs pour avancer. Il est important pour cela de s’appuyer sur sa vie intérieure. Aujourd’hui elle est défaillante chez de nombreuses personnes. On se focalise sur l’extérieur quand tout se joue à l’intérieur de nous-même. Qu’y a t-il à l’intérieur de nous ? De l’amour, une capacité à être juste, à être vrai, à aider les autres. C’est cela qui fait la vie et c’est cela que nous cherchons à réaliser à l’extérieur. Construire son chemin de vie , c’est donc d’abord se construire une vie intérieure.

Infos pour aller plus loin : 

-Un livre formidable sur la mort et la vie écrit par la psychologue québécoise  Johanne De Montigny : «  Quand l’épreuve devient vie « 

-Gustave-Nicolas Fischer animera une conférence ouverte au grand public intitulée  » La psychologie positive et les épreuves de la vie « , le jeudi 21 novembre à 18 h 30 au Congrès francophone de psychologie positive qui se déroulera à l’Université de Metz.

-Larevolutioninterieure.com est partenaire de cet événement. J’aurai le plaisir d’animer une table ronde autour du thème suivant : « Psychologie positive ? Un phénomène de mode ?

©larevolutioninterieure.com