» Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas des hommes et des femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour dire où trouver chaque chose, si tu veux construire un bateau, fais naître dans le coeur des hommes et des femmes le désir de la mer ».
Antoine de Saint-Exupéry
Photo : Gerry Barry
Il y a quelques semaines j’ai participé à Paris à un séminaire tout à fait passionnant autour du thème de l’intelligence émotionnelle. Ce séminaire organisé par l’Institut Repère, un organisme de formation en Programmation-neuro-linguistique, était animé par l’un des grands experts mondiaux de la discipline, le californien Robert Dilts.
Robert Dilts
Robert Dilts, est un auteur, formateur et consultant américain expert de la Programmation-neuro-linguistique depuis sa création en 1975, à Santa Cruz en Californie. Ses sujets de prédilection sont depuis 40 ans, le leadership et les stratégies du génie. Il a modélisé le fonctionnement des leaders d’exception et a découvert que ces hommes et ces femmes, utilisaient avec succès une forme d’intelligence, qu’on appelle l’intelligence émotionnelle. L’intelligence émotionnelle est la capacité d’interagir avec les émotions, en les comprenant, en ayant une attitude bienveillante face à elles et en les sélectionnant de manière appropriée. L’intelligence émotionnelle a été popularisée et définie par le psychologue américain Daniel Goleman.
Robert Dilts conseille aujourd’hui partout dans le monde des patrons de très grandes entreprises.
C’est un homme charmant et tout à fait passionnant. Il a bien voulu répondre à mes questions et je l’en remercie.
Rencontre avec un homme qui bouscule les règles du management !
Robert Dilts en plein séminaire
– Bonjour Robert Dilts. Pouvez-vous nous expliquer ce que vous entendez par » intelligence émotionnelle « ?
-Il y a deux mots-clés dans ce concept. L’intelligence et les émotions. Qu’est -ce que l’intelligence ? C’est la capacité à rassembler, collecter et sélectionner une connaissance ou un savoir-faire approprié. Qu’est-ce qu’une émotion ? C’est une réponse à des évènements de vie significatifs. Nous vivons tous des expériences et nous les éprouvons à travers notre corps via les émotions. Vivre une émotion est une expérience somatique, au sens grec du terme, elle se déroule donc dans le corps. L’émotion est relative au corps, ce n’est pas une expérience cognitive.
La raison d’être de nos émotions est d’apporter une certaine énergie dans le corps dans le but de répondre à des évènements extérieurs. Le mot émotion est issu du latin « motio » qui signifie » action de mouvoir, mouvement« . L’émotion est un signal qui nous pousse à agir d’une certaine manière. Il y a des évènements qui peuvent entraîner de l’excitation, de l’inspiration, de la joie, et il y a des évènements qui produisent de la peur, de la colère, de la frustration. Ces émotions sont présentes en nous dès la naissance, nous n’apprenons pas à ressentir des émotions. Les neuro-scientifiques nous diraient qu’elles siègent dans notre système limbique, notre deuxième cerveau qui est connecté à notre cerveau reptilien, notre cerveau ancestral, qui gère les comportements de survie ( se nourrir, se reproduire ). Mais nous disposons également d’un troisième cerveau, le néo-cortex, c’est le siège de la créativité, de la conscience.
L’intelligence émotionnelle est donc la capacité à reconnaître et à accueillir, sans les juger, les émotions afin de les utiliser dans un but constructif et positif, pour interagir de manière efficace avec son environnement, en les exprimant de la meilleure manière qui soit.
-Pourquoi est-il si important au sein de l’entreprise, que les leaders soient intelligents émotionnellement ?
-Je travaille sur le thème du leadership depuis 40 ans. Le mot « leader « est issu d’un ancien mot anglais qui signifie » aller vers « . Le leadership est donc l’action de guider. Un leader est une sorte d’éclaireur. Pour aller quelque part, il est nécessaire d’avoir d’abord une direction. Il faut savoir où on veut aller, mais pour aller quelque part, il faut aussi de l’énergie. Si vous n’avez pas d’énergie, même si vous savez où vous voulez aller, vous n’irez nulle part. Les émotions fournissent par définition de l’énergie. Cette énergie peut être débloquée en réaction à quelque chose. Par exemple lorsqu’on se sent menacé, la peur active le besoin de protection, la colère nous sert à contourner un obstacle. Mais l’énergie de l’émotion peut aussi être un moteur qui apporte du courage, de la détermination, de l’enthousiasme.
Un leader doit donc être capable de fournir à ses équipes une vision, de donner une direction , mais il doit aussi être capable de mobiliser ses troupes pour les mettre en action. Il doit aussi pouvoir faire face aux émotions des autres quand ils se sentent menacés, confus, notamment en situation de crise ou de grands bouleversements stratégiques. Il peut y avoir de la peur, de la colère, des conflits. Un bon leader doit donc être à l’écoute de ses propres émotions et de celles des autres, pour amener de la résilience.
Les êtres humains ne sont pas des robots. Les émotions jouent un rôle très important dans nos vies, on ne peut donc pas les nier au sein du monde de l’entreprise. Cela ne veut pas dire pour autant qu’on doit se laisser dominer par nos émotions. L’intelligence, c’est plutôt d’apprendre encore une fois à accepter les émotions, et à les maîtriser. Un bon leader doit savoir quel type d’émotion est nécessaire pour faire face à des défis difficiles.
Je n’ai jamais rencontré aucun leader d’exception, qui arrivait à mener loin son entreprise, sans utiliser l’ intelligence émotionnelle.
-En France pourtant, ce concept n’est pas intégré. On l’a encore vu aujourd’hui au cours de ce séminaire, où une femme témoignait de ses années passées dans une école de commerce. Elle expliquait qu’ on demandait aux étudiants au contraire de » laisser leurs émotions à la maison « .
-Le meilleur contre- exemple à cette façon de voir les choses est Steve Jobs. Il a toujours répété qu’il fallait avoir le courage de suivre son coeur et son intuition. Steve Jobs a mené très loin Apple sur la scène du business mondial. Il a toujours dit qu’il n’avait pas réussi cette prouesse en s’appuyant uniquement sur sa raison. Mais il a également dit que l’intuition et la passion ne servent à rien, si elles ne sont pas utilisées au service d’une vision. Pour accéder à son intuition il est nécessaire d’être en relation avec ses ressentis. Les émotions sont des signaux qui nous indiquent nos états internes. Les ignorer revient à s’ignorer soi-même. On se coupe de certaines informations qui nous indiquent des messages très importants.
-Pensez-vous que cette façon de penser est plus développée aux Etats-Unis qu’en Europe ?
-Cette façon de voir les choses est davantage enseignée aux Etats-Unis. Cela ne signifie pas que tous les grands patrons l’appliquent. Ce qui est important, c’est que les chefs d’entreprises réalisent davantage que l’intelligence émotionnelle a de la valeur. Elle est extrêmement importante pour développer le bien-être au travail. Aujourd’hui on sait que le stress est contre-productif. Il peut même tuer. Vous avez ici en France, des exemples marquants, avec près de 25 suicides qui se sont produits ces dernières années au sein d’une très grande entreprise. De mon point de vue, on ne peut pas ignorer les émotions, dire qu’elles n’existent pas. Ne pas tenir compte de l’état émotionnel de ses salariés, peut conduire à des drames.
Si Steve Jobs a fait d’Apple l’une des sociétés les plus innovantes et les plus brillantes de la planète, c’est bien parce qu’il a réussi à motiver, à inspirer les personnes qui travaillaient avec lui. Il n’a pas planifié le succès de manière rationnelle. Cela ne veut pas dire qu’il était irrationnel. La sensibilité, l’intuition n’ont rien à voir avec l’irrationalité. Il s’agit avant tout d’être à l’écoute de ses ressentis.
– Le mot clé que vous avez beaucoup prononcé au cours de ce séminaire c’est « l’accueil ». Comment fait-on pour accueillir ses ressentis, ses émotions ?
-D’abord, il est nécessaire de créer de l’espace en nous pour observer sans les juger nos émotions. Ensuite, l’autre point important est de reconnaître l’intention positive de l’émotion. Les émotions ne sont pas uniquement des réactions à quelque chose. La peur, la tristesse, la colère, toutes ces émotions, que l’on juge « négatives », la plupart du temps, ont en fait une intention positive. L’intelligence serait donc de connaître l’intention positive de ces émotions pour les intégrer avec créativité et sagesse. L’intention positive de la peur, cela peut être la protection. L’intention positive de la colère, cela peut être poser des limites, se défendre. L’intention positive de la tristesse, c’est le besoin de libération.
Faire ce travail, est un travail proche de la » pleine conscience « . La conscience est le socle de l’intelligence émotionnelle. Cela permet d’intégrer nos différentes expériences de vie. Ce que j’ai pu observé en interviewant des centaines de leaders ces dernières années, c’est qu’ils ont tous en commun, une sorte de cohérence entre leur façon d’être et leur façon d’agir. C’est cela, le charisme, une cohérence entre l’être et le faire. Ils savent alors inspirer les autres, ils rayonnent, et attirent à eux ce dont ils ont besoin pour réussir. Ils ont une autorité humble, une confiance tranquille, une présence particulière. On n’obtient pas des autres de l’implication et de l’engagement sans être d’abord soi-même en relation avec sa sagesse profonde, sans être conscient de ce qui se joue à l’intérieur de soi. Que se soit dans le monde de l’entreprise ou dans la vie en général, l’accueil bienveillant de ses ressentis est un pas essentiel vers le leadership de soi-même et le leadership tout court.
Liens pour aller plus loin:
Un livre sur l’intelligence émotionnelle
L’intelligence émotionnelle au travail
Toutes les formations de l’Institut Repère
Photo : Découvrez le fabuleux travail de l’artiste irlandais Gerry Barry !
Les bienfaits d’une crise intérieure !
29 Jan 2015 33 Commentaires
par Sandra C. dans inspirations, réflexions Tags:alchimie, changement, comment se sortir d'une crise, crise intérieure, initiation, quête de sens, rituel de passage, rupture amoureuse, rupture professionnelle, rupture sentimentale, séparation, transformation
» Tous les changements même les plus souhaités ont leur mélancolie, car ce que nous quittons, c’est une partie de nous-même. Il faut mourir à une vie, pour entrer dans une autre « . Anatole France
» Into the blue » Sandra C.
Alors si vous traversez une phase d’obscurité, soyez rassurés. Vous êtes dans la phase de la chrysalide. Vous vous transformez. Et comme rien ne dure même pas la souffrance, vous allez voir bientôt la lumière. Si vous permettez au processus de se dérouler. Nous avons tous le potentiel en nous pour transformer le plomb en or. La lourdeur en légèreté. Nous sommes tous porteurs des clés de la résilience. Je sais, vous doutez. Vous avez peur. Et c’est normal. Mais soyez sûrs que lorsqu’on choisit de ne plus résister à la vie. Elle offre des bénédictions inespérées. Soyez sûrs que si vous vous engagez dans le processus en conscience , vous serez guidés. Il n’y a rien à faire à part trouver le moyen de vous connecter le plus possible à la vie : à ce qui vous fait du bien, à ce qui vous aide à vous sentir mieux.
Chers amis révolutionnaires. Nous sommes ensemble sur le chemin. Nous sommes en train d’apprendre à devenir le changement que nous voulons voir dans le monde. Voilà la raison de toutes ces crises qui semblent ébranler si profondément nos vies.
Et si l’épreuve nous est proposée, c’est parce que nous sommes prêts à la traverser.
Célébrons l’heure de nos métamorphoses. Et faisons confiance au processus.
Je vous raconterai l’histoire de mon éclosion dans le prochain billet. Parce que voyez -vous j’aurai aimé lire un témoignage positif durant ma douloureuse transformation.
Alors puisque je ne l’ai pas trouvé. Je vais le créer. Et je vais partager avec vous un peu de cette magie que la vie m’a permise d’expérimenter. Alors la douleur aura du sens. Alors enfin, je pourrai apprendre à voler.
A très vite.
Sandra C.
©larevolutioninterieure.com