Les bienfaits d’une crise intérieure !

 » Tous les changements même les plus souhaités ont leur mélancolie, car ce que nous quittons, c’est une partie de nous-même. Il faut mourir à une vie, pour entrer dans une autre « . Anatole France

 

" Into the blue " Sandra C.

 » Into the blue  » Sandra C.

 Cette toile représente pour moi le symbole de la renaissance. Je l’ai créée il y a quelques mois alors même que j’achevais une phase douloureuse de mon existence. Dans ce soleil en gestation, il y a une femme. Elle s’abandonne à cette boule de feu, en toute sérénité, car elle sait qu’un puissant processus alchimique est en cours. Toute crise intérieure n’est au fond qu’une gigantesque opération de nettoyage. Quand plus rien n’a de sens, quand tout s’effondre autour de nous, ce n’est pas une punition, bien au contraire c’est une initiation. Une opportunité de croissance et d’évolution.
Je peux vous l’affirmer aujourd’hui car ce que je vous partage n’est pas une connaissance glanée dans un ultime livre de développement personnel.
Elle est issue de ma propre expérience.
Quand j’ai quitté mon emploi pour m’installer à Paris, le changement bien que souhaité n’a pas été simple. Une rupture professionnelle et une rupture géographique. C’est déjà un grand saut dans l’inconnu. Certes j’ai eu le courage de faire ce pas. Ai-je vraiment eu du courage ? Je ne sais pas.  J’étouffais tellement dans ma vie et dans mon travail qu’aucune autre solution ne m’est alors apparue. J’ai ressenti un besoin vital de changement. Je ne pouvais plus faire autrement. Alors j’ai fait ce pas. Je me sentais cependant en sécurité car ce choix était également motivé par le fait que j’allais rejoindre mon compagnon.
 Je prenais un risque certes, mais un risque mesuré. Je me disais qu’il serait là en cas de problèmes. Et la perspective de prendre le temps de trouver mon chemin  m’apparaissait beaucoup plus simple dans cette configuration. Jamais je n’aurai osé faire ce pas s’il n’avait pas fait partie de l’équation. Seulement voilà. Tout ne s’est pas passé comme prévu.
 Deux mois après mon installation à Paris, mon conjoint depuis 13 ans m’annonce qu’il me quitte pour une autre femme. Je vous dis ça presque froidement aujourd’hui , mais cela a été un choc d’une violence terrible. Je suis alors confrontée à l’une de mes peurs les plus profondes : la peur du rejet, la peur de l’abandon. Mais ce n’est pas tout. Je dois également faire face à des émotions extrêmes, réveillées par des blessures enfouies dans les profondeurs de ma psychée. Le tremblement de terre intérieur ne laisse aucune chance à tout ce qui a été refoulé. Tout explose comme un volcan en éruption.
Il y a d’abord la trahison qui réveille la colère : j’avais donné ma confiance à l’autre et là voilà piétinée.
Il y a ensuite l’insécurité qui réactive la peur : je suis alors dans une position fragile, je viens de quitter mon emploi, professionnellement je recommence tout à zéro, financièrement je dois faire face à bien des défis, car je ne suis pas seule, nous avons une petite fille et à ce moment là je ne me sens absolument pas capable de m’en sortir seule.
Il y a aussi la rupture amoureuse qui vous laisse au coeur un amer goût de chagrin.
Enlevez la confiance en l’autre, la sécurité que vous procure votre situation professionnelle et l’amour que vous témoigne votre conjoint dans votre vie. Regardez ce qu’il vous reste, c’est bien simple : rien. Enfin, ça c’est ce que je croyais.
 La dure vérité c’est que j’avais donc placé la totalité de mon sentiment de sécurité et de confiance en quelqu’un d’autre. En partant, il n’a pas fait que quitter une femme qu’il n’aimait plus. En partant, il m’a enlevé des ressources que je ne pensais pas avoir et qu’il incarnait pour moi.
Quand vous identifiez votre sentiment de bien-être à quelque chose d’extérieur à vous même : un travail, un amour, une maison. Vous prenez le risque  qu’un jour tout vous soit enlevé. Si cela arrive c’est qu’il est temps d’apprendre à vivre en auto -suffisance en partant à la recherche de ces ressources en soi-même. Il n’y a pas d’autre voie. C’est ce que j’ai appris.
Il y a donc cette violente prise de conscience. Je ne suis plus qu’une coquille vide. Un fantôme errant. A certains moments, je crois que la souffrance réveillée par cette séparation à été d’une intensité telle que j’ai cru basculé dans la folie. A la frontière du chaos. Au bord de la nuit. Je dansais une danse macabre avec une armée de démons.
Quand le monde que vous avez construit  et que vous pensiez  immuable, s’effondre, tout votre univers intérieur n’est plus qu’un vaste trou noir. Il n’y a alors plus de lumière, juste une intense obscurité. Elle n’est pas immobile, elle n’est pas vide non plus. Sinon ce serait supportable. Non, dans l’obscurité il y a de la colère, de la peur, du chagrin. Et c’est tout cela qui souffre en nous et qui prend toute la place.
La face à face avec mon ombre a été d’une violence extrême. Alors je suis morte. Je suis morte à cette douleur pour renaître. Un choc émotionnel en vérité c’est une bénédiction pour l’âme. Tout ce qui l’ alourdit  s’évacue au cours d’un intense processus que l’on nomme métamorphose. Ce qui cause la souffrance ce n’est pas la métamorphose en elle-même. Ce qui cause notre souffrance c’est notre  résistance à ce processus naturel qui fait partie des cycles de la vie.
Chaque jour, je me suis évertuée, à considérer cette épreuve non pas comme une punition, mais bien comme une opportunité. Je ne dis pas que cela a été facile. Je l’ai fait car tout au fond de mon âme, je savais que si je traversais tout cela c’était pour aller vers le meilleur. Je n’étais pas sûre de réussir la traversée. Je n ‘étais pas sûre d’être capable d’y arriver, mais je sentais au fond de moi, que si tout cela arrivait ce n’était pas un hasard. Bien sûr j’ai été aidée, par les connaissances que j’ai acquises à travers ce blog. Cultiver l’énergie positive ce n’est pas juste une philosophie de vie, transmise par des vieux hippies baignés de fleurs, c’est un puissant outil de guérison.
Vivre ou mourir ? Telle est la question que pose une révolution intérieure.
Accepter de mourir à soi-même pour renaître à soi-même. Lâcher l’ancien pour le nouveau. Les anciens schémas. Les vieilles habitudes. Les comportements hérités de notre éducation, de notre histoire, de nos plus profondes blessures.
Apprendre à naviguer dans l’obscurité. Ne plus vivre au passé mais enfin vivre au présent ?Ecouter les signes. Accepter de se laisser guider. Se faire confiance. Se reconnecter avec soi-même, pour découvrir son potentiel inexploité. Et enfin retrouver son chemin. Dépouillé de l’ancien, afin d’entrer dans un nouveau cycle, plus créatif, plus juste, plus joyeux, plus léger, plus en harmonie avec ce soi profond, qui est notre véritable guide. Si le mot  » spiritualité  » a aujourd’hui du sens pour moi, c’est bien en fonction de tout ce cheminement. On peut s’inspirer des grands penseurs mais on est toujours seuls face à soi-même à l’heure du choix entre la vie et la non-vie.
J’ai appris sur mon chemin que tout comme la chenille, nous sentons venir le temps de la métamorphose sans pouvoir la nommer. Quand tout s’effondre, c’est qu’il est temps de s’offrir une chrysalide. Ce qu’il s’y passe n’est pas réjouissant. Le corps de la chenille se vide. Elle se transforme en une masse informe afin que le papillon  puisse prendre toute la place.

Alors si vous traversez une phase d’obscurité, soyez rassurés. Vous êtes dans la phase de la chrysalide. Vous vous transformez.  Et comme rien ne dure même pas la souffrance, vous allez voir bientôt la lumière. Si vous permettez au processus de se dérouler. Nous avons tous  le potentiel en nous pour transformer le plomb en or. La lourdeur en légèreté. Nous sommes tous porteurs des clés de la résilience. Je sais, vous doutez. Vous avez peur. Et c’est normal. Mais soyez sûrs que lorsqu’on choisit de ne plus résister à la vie. Elle offre des bénédictions inespérées. Soyez sûrs que si vous vous engagez dans le processus en conscience , vous serez guidés. Il n’y a rien à faire à part trouver le moyen de vous connecter le plus possible à la vie : à ce qui vous fait du bien, à ce qui vous aide à vous sentir mieux.

Aujourd’hui mon existence a été totalement transformée. Attention. Je ne dis pas que je nage dans la félicité du matin au soir. Je suis encore traversée par de nombreuses peurs, des doutes. Mais j’avance en conscience en collaboration avec la vie. En alliance avec mon âme. Et cela n’a pas de prix.
Ce que je peux vous dire c’est que je ne me suis jamais sentie aussi vivante qu’aujourd’hui. J’ai rencontré des personnes formidables sur mon chemin. J’ai été énormément aidée à chaque fois que j’ai osé demandé de l’aide. Ma vie n’a jamais été aussi passionnante. Je me sens de plus en plus reliée à moi-même. Et c’est un tout nouveau rapport avec l’existence qui est en train de naître en moi aujourd’hui.

Chers amis révolutionnaires. Nous sommes ensemble sur le chemin. Nous sommes en train d’apprendre à devenir le changement que nous voulons voir dans le monde. Voilà la raison de toutes ces crises qui semblent ébranler si profondément nos vies.

Et si l’épreuve nous est proposée, c’est parce que nous sommes prêts à la traverser.

Célébrons l’heure de nos métamorphoses. Et faisons confiance au processus.

Je vous raconterai l’histoire de mon éclosion dans le prochain billet. Parce que voyez -vous j’aurai aimé lire un témoignage positif durant ma douloureuse transformation.

Alors puisque je ne l’ai pas trouvé. Je vais le créer. Et je vais partager avec vous un peu de cette magie que la vie m’a permise d’expérimenter. Alors la douleur aura du sens. Alors enfin, je pourrai apprendre à voler.

A très vite.

Sandra C.

©larevolutioninterieure.com

 

 

2015 : l’année du changement ?

 » Oscar Wilde a dit un jour que vivre est la chose la plus rare au monde et que la plupart des gens se contentent d’exister. J’ignore s’il a raison mais je sais que j’ai passé trop de temps à exister. Désormais, j’ai l’intention de vivre « .

Robyn Schneider

Et si on faisait une pause ?

Et si on faisait une pause ? Photo : Sandra C.

Une nouvelle année démarre et nous voilà poussés à l’action. La traditionnelle liste des résolutions en guise de boussole. Personnellement, je n’aime pas les résolutions. En général, elles m’enferment dans la culpabilité car au final je n’arrive jamais à les tenir.

Il faut, je dois, ce serait bien,  etc sont des formules qui sont bien souvent contre-productives. L’injonction à réussir sa vie ou à la changer est sans doute un tour de passe passe inventé par notre esprit rationnel pour nous rappeler à quel point nous n’arrivons pas à tenir nos engagements. Je préfère de loin le mot intention. C’est plus doux, moins catégorique, ça laisse une ouverture au champ des possibles et surtout ça libère l’imaginaire.Et ça c’est tout de suite plus joyeux.

Une des choses que j’ai apprises ces derniers mois, c’est que notre seule volonté de suffit pas forcément à créer la vie que nous désirons, c’est plutôt la relation que nous entretenons avec nous-même et avec le monde qui détermine notre réalité.

Si je dis : je veux être heureuse, comme si je lançais un défi à la vie, je m’engage dans une lutte que je vais sans doute perdre régulièrement, car au quotidien, il y a toujours de nombreuses sources de frustration, de colère, de tristesse qui viendront se heurter à cette grande résolution.

Si je dis : j’ai l’intention d’être heureuse, je donne une direction, je parle à mon âme, et je lui dis aide -moi à voir le beau, le bon, le bien dans ma vie, aide -moi à percevoir la beauté qui m’entoure, à saisir les opportunités positives pour moi car j’ai l’intention de créer une vie en harmonie avec moi-même.

L’énergie envoyée est déjà bien différente. Vous ne trouvez pas ?

IMG_5944

Vivre ou exister ? Qu’allons-nous choisir cette année ? Allons-nous continuer à nous déterminer en fonction du regard des autres ou allons-nous enfin nous faire confiance ? Allons- nous nous permettre de faire les choses que nous aimons ou allons -nous encore les remettre à plus tard ?

Vivre. Prendre la vie comme elle vient. Avoir l’intention d’en faire quelque chose de beau et d’unique à notre image. Vivre, c’est se sentir vivant. Goûter aux plaisirs simples de l’existence, leur donner du corps avec notre coeur. Vivre, c’est laisser la vie s’écouler naturellement à travers soi en étant pleinement présent à ce qui arrive.

Exister. Eternel besoin de reconnaissance. Lutte de pouvoir. Besoin de validation extérieure. Jugement. Comparaison. Compétition. J’existe si quelqu’un me regarde. Besoin d’attention.

C’est décidé, vue comme ça, je choisis de vivre. Exister, c’est devenu trop épuisant pour moi.

Nous sommes tous uniques, il est temps d’en prendre conscience. Nous avons tous quelque chose à offrir. Il est temps de reconnaître nos forces et nos aspirations profondes.  Il est temps d’apprendre à adoucir notre relation avec nous-même pour créer plus d’harmonie avec le monde extérieur.

Si 2015 doit être  une année de changement pour vous, qu’elle vous guide vers le meilleur de votre potentiel et qu’elle vous aide à renforcer votre confiance en vous et en vos ressentis afin que vous fassiez les meilleurs choix pour votre équilibre intérieur.

C’est ça, la révolution intérieure. Un tournant décisif qui nous amène à vivre notre vie en fonction de nos valeurs, nos talents et nos croyances positives et non à exister à travers le regard d’autrui, selon les normes et les conventions établies qui nous limitent et nous réduisent à un statut, à un rôle.

N’oubliez pas que ce n’est pas nous qui trouvons notre chemin, c’est le chemin qui nous trouve, quand nous nous permettons d’être nous-mêmes.

C’est tout le bien que je nous souhaite.

Sandra C.

 

 

 

Les bienfaits du vide

 » Le vide est tout puissant parce qu’il embrasse la vacuité et que tout mouvement devient alors possible. Celui qui parviendrait à faire de lui-même un espace vide où autrui pourrait librement pénétrer serait maître de toutes les situations « .

Kazuzo Okakura extrait de  » Le livre du thé « 

" Flying to somewhere " de la photographe Isabelle Debray

 » Flying to somewhere  » de la photographe Isabelle Debray

Elle est si intéressante cette photo. Quand je plonge mon regard dans ce morceau de ciel, je n’ai qu’une envie, c’est de pousser ces immeubles gris, pour agrandir cette fenêtre d’azur, qui symbolise à mes yeux l’essence même de la liberté.

Quel magnifique sujet que le vide. Souvent, pourtant,  il nous fait peur.  Le vide donne le vertige. C’est peut-être pour cette raison que nous nous empressons de le remplir.

Pendant des années, j’ai vécu dans un appartement agréablement spacieux. Et pendant des années, j’ai capitonné les murs avec toutes sortes d’affiches et de souvenirs de voyage. J’ai abreuvé mes placards d’une multitude de vêtements. Ma bibliothèque était inondée de livres et à chaque fois que je la regardais je me disais que la noyade était proche. Et puis un jour, il n’y a pas si longtemps d’ailleurs, j’ai déménagé. Et ce déménagement a été salutaire.  Il m’a permis de faire de la place.

Quand un mouvement s’amorce dans notre vie, cela signifie qu’il est temps de laisser des choses derrière soi. Un déménagement, c’est toujours un moment de bilan. Qu’est-ce que j’emmène avec moi ? Qu’est-ce que je laisse ici ? Qu’est-ce qui est essentiel ? Qu’est-ce qui m’alourdit ?

Les objets ont un âme. Ils sont animés par les souvenirs que nous projetons sur eux. Les objets qui nous entourent racontent le film de notre vie, mais est-il sain de tous les garder ?

J’ai donc déménagé, il y a quelques mois. Et en déménageant, j’ai ressenti le besoin de faire de la place à l’espace. Sans regrets. J’ai pris chaque objet en tête à tête et j’ai fini par garder ce qui était vraiment important pour moi. Et la liste s’est réduite de jours en jours. Cela ne fait pas très longtemps que je suis installée dans mon nouveau chez-moi. Mais j’ai constaté qu’il n’a plus rien à voir avec l’ancien. Quelque chose a changé parce que j’ai changé.

J’ai vidé mes placards. Je n’ai conservé que les vêtements que j’aime vraiment porter. J’ai allégé ma bibliothèque  et elle ne porte plus aujourd’hui que les livres que j’ai vraiment envie de relire. J’ai également dénudé les murs et j’ai découvert que le vide ne me faisait plus peur. Au contraire. Je respire. En gardant l’essentiel, je me suis rendue compte que j’étais déjà comblée. Et prendre conscience de cela m’a fait un bien fou. Le vide amène au détachement et donc à la liberté.

Les souvenirs que je chéris le plus tiennent dans une boîte à chaussure. Mes petits trésors se composent de lettres, de photos d’enfance et d’adolescence. Je n’ai conservé dans cette boîte que les meilleurs moments de ma vie. Cette boîte a d’ailleurs une fonction très importante : elle me rappelle d’où je viens, qui je suis et ce qui m’anime. Elle est la gardienne de mon temple intérieur. Quand je doute, j’aime y revenir, elle m’aide alors à goûter à nouveau à la saveur des choses qui comptent vraiment : l’amour, l’amitié, la beauté, le partage.

Faire l’expérience du vide à l’extérieur, c’est aussi faire l’expérience du vide en soi. Lorsqu’on trie, range, nettoie ce n’est jamais anodin. Cela signifie que nous avons besoin de faire de la place à quelque chose de nouveau.

Dernièrement, dans mon nouvel appartement, j’ai ressenti le besoin de faire encore plus de place. Je me suis séparée de tous les objets dont je ne me sers pas au quotidien. L’espace s’est alors agrandi. L’énergie circule mieux. Ce qui est vraiment intéressant, c’est que juste après avoir fait de la place dans mon  » chez-moi », j’ai fait de nouvelles rencontres, dans mon quartier. En l’espace d’une semaine, j’ai fait la connaissance de plus de gens qu’en trois mois.

N’ayons pas peur du vide. Le vide nous lave. Il nous élague. Il nous prépare ainsi à accueillir le nouveau dans notre vie.

Et vous ? Que dit de vous votre  » chez-vous « ? Avez -vous besoin  de vider votre espace ou avez-vous besoin de le remplir ?

N’hésitez pas à partager avec nous.

PS : merci à mon amie Isabelle Debray pour avoir accepté d’illustrer cet article.

©larevolutioninterieure.com

La liste de nos envies !

 » Tout désir même celui de parler, est un désir de vivre « .

Hubert Aquin, écrivain québécois

téléchargement (2)

C’est un livre qui mérite qu’on le glisse dans sa poche comme un précieux talisman. «  La liste de mes envies« , raconte l’histoire de Jocelyne, mercière à Arras, dans le Nord de la France. Elle n’a pas eu une vie facile Jocelyne. Sa mère est morte quand elle était jeune, son père a perdu la mémoire. Elle est mariée à Jocelyn. Elle n’a pas eu l’embarras du choix. Le premier homme qui a posé un regard sur elle a été le bon. Il est carrément bourru, son mari, mais elle l’aime quand même. Elle s’accommode de son caractère brutal tant bien que mal. Elle ne se révolte pas, Jocelyne. Elle sait qu’elle n’est pas très jolie. Elle n’espère pas mieux, elle a appris à se contenter de peu.

Mais un jour, Jocelyne gagne au loto : 18 millions d’euros. Sa vie pourrait changer, basculer en un claquement de doigts.Elle pourrait le plaquer là Jocelyn, vivre au soleil. Tous ses désirs inassouvis sont à portée de main, mais Jocelyne ne dit rien à personne. Autant d’argent d’un seul coup, ça lui fait peur. A-t-elle vraiment envie de changer de vie ? Elle cache alors  le chèque dans une boîte à chaussures et se contente de faire des listes. La liste de ses envies. La liste de ses besoins. La liste de ses folies. C’est drôle et en même temps très cruel. C’est terriblement émouvant. C’est à lire absolument.

Cette Jocelyne, je l’ai aimé fort tout de suite. Elle est authentique, belle dans sa vulnérabilité, elle a un coeur magnifique et pourtant la vie la malmène comme une vieille chaussette ballotée dans le tambour d’une machine à laver. Jocelyne vous ramène pourtant à l’essentiel avec une force qui vous laisse rapidement sans voix.

La liste de nos envies. En voilà une belle idée à cultiver dans nos existences. On fait bien des listes de courses pour remplir nos frigos. Mais quand nous préoccupons-nous de ce qui est vraiment nourrissant pour notre coeur ?

N’ avons-nous pas tendance à nous concentrer sur ce que nous n’avons pas ? La plupart du temps, nous inscrivons en nous la liste de nos manques. Le manque d’amour, le manque de reconnaissance, le manque de bienveillance. La liste peut être longue. La vie devient alors une ennemie. Au lieu de nous remplir, elle apparaît comme celle qui nous vide, celle qui ne nous donne jamais rien et qui nous prend toujours tout.

Mais c’est mal comprendre la vie que de penser ainsi. La vie est cycle, croissance, évolution, mouvement, changement. Elle n’attend qu’une chose, c’est notre collaboration. Comment pourrait-elle savoir ,la vie, ce que nous désirons si jamais nous ne lui confions nos besoins et nos envies ?

sacré coeur 018

J’ai appris une chose vraiment cruciale sur mon chemin. L’avenir se construit toujours dans le présent.

De quoi ai-je besoin aujourd’hui ? De quoi j’ai envie maintenant ? Nous avons été conditionnés par notre culture judéo-chrétienne à toujours croire que le salut arrivera plus tard. On se dit : » Quand j’aurai atteint tel objectif, alors je serai heureux « et nous voilà partis dans une épuisante quête d’une satisfaction toujours conditionnée à un résultatOn pense, on analyse, on prévoit, on monte des stratégies mais quand écoutons-nous la petite voix qui nous parle des choses qui nous rendent heureux dans l’instant  ?

Prendre le temps de s’arrêter pour ancrer sur un papier la liste de nos envies et de nos besoins, c’est faire un pacte avec l’Univers. C’est verbaliser ce qui est vraiment important pour nous. C’est faire le tri, à l’intérieur, entre les désirs des autres et nos propres désirs. En cela, c’est un travail salutaire, surtout dans les moments de crise ou de transition. Quand tout s’effondre, revenir à soi et à ses désirs profonds, c’est faire une déclaration d’amour à la vie, c’est se connecter à ce qui nous procure de la joie.

Ce qui est magique, c’est que la joie attire la joie. Alors pourquoi se priver de ce tête- à- tête avec soi ? Le simple fait de désirer vivre de belles choses peut parfois suffire à créer des miracles.

Sandra C.

©larevolutioninterieure.com

L’intelligence émotionnelle au service du leadership !

 » Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas des hommes et des femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour dire où trouver chaque chose, si tu veux construire un bateau, fais naître dans le coeur des hommes et des femmes le désir de la mer ».

Antoine de Saint-Exupéry

Photo : Gerry Barry

Photo : Gerry Barry

Il y a quelques semaines j’ai participé à Paris à un séminaire tout à fait passionnant autour du thème de l’intelligence émotionnelle. Ce séminaire organisé par l’Institut Repère,  un organisme de formation en Programmation-neuro-linguistique, était animé par l’un des grands experts mondiaux de la discipline, le californien Robert Dilts. 

Robert Dilts

Robert Dilts

Robert Dilts, est un auteur, formateur et consultant américain expert de la Programmation-neuro-linguistique depuis sa création en 1975, à Santa Cruz en Californie. Ses sujets de prédilection sont depuis 40 ans, le leadership et les stratégies du génie. Il a modélisé le fonctionnement des leaders d’exception et a découvert que ces hommes et ces femmes, utilisaient avec succès une forme d’intelligence, qu’on appelle l’intelligence émotionnelle. L’intelligence émotionnelle est la capacité d’interagir avec les émotions, en les comprenant, en ayant une attitude bienveillante face à elles et en les sélectionnant de manière appropriée. L’intelligence émotionnelle a été popularisée et définie par le psychologue américain Daniel Goleman.

Robert Dilts conseille aujourd’hui partout dans le monde des patrons de très grandes entreprises.

C’est un homme charmant et tout à fait passionnant. Il a bien voulu répondre à mes questions et je l’en remercie.

Rencontre avec un homme qui bouscule les règles du management !

Robert Dilts en plein séminaire

Robert Dilts en plein séminaire

– Bonjour Robert Dilts. Pouvez-vous nous expliquer ce que vous entendez par  » intelligence émotionnelle « ?

-Il y a deux mots-clés dans ce concept. L’intelligence et les émotions. Qu’est -ce que l’intelligence ? C’est la capacité à rassembler, collecter et sélectionner une connaissance ou un savoir-faire approprié. Qu’est-ce qu’une émotion ? C’est une réponse à des évènements de vie significatifs. Nous vivons tous des expériences et nous les éprouvons à travers notre corps via les émotions. Vivre une émotion est une expérience somatique, au sens grec du terme, elle se déroule donc dans le corps. L’émotion est relative au corps, ce n’est pas une expérience cognitive.

La raison d’être de nos émotions est d’apporter une certaine énergie dans le corps dans le but de répondre à des évènements extérieurs. Le mot émotion est issu du latin « motio » qui signifie  » action de mouvoir, mouvement« . L’émotion est un signal qui nous pousse à agir d’une certaine manière. Il y a des évènements qui peuvent entraîner de l’excitation, de l’inspiration, de la joie, et il y a des évènements qui produisent de la peur, de la colère, de la frustration. Ces émotions sont présentes en nous dès la naissance, nous n’apprenons pas à ressentir des émotions. Les neuro-scientifiques nous diraient qu’elles siègent dans notre système limbique, notre deuxième cerveau qui est connecté à notre cerveau reptilien, notre cerveau ancestral, qui gère les comportements de survie ( se nourrir, se reproduire ). Mais nous disposons également d’un troisième cerveau, le néo-cortex, c’est le siège de la créativité, de la conscience.

L’intelligence émotionnelle est donc la capacité à reconnaître et à accueillir, sans les juger, les émotions afin de les utiliser dans un but constructif et positif, pour interagir de manière efficace avec son environnement, en les exprimant de la meilleure manière qui soit.

-Pourquoi est-il si important au sein de l’entreprise, que les leaders soient intelligents émotionnellement ?

-Je travaille sur le thème du leadership depuis 40 ans. Le mot « leader « est issu d’un ancien mot anglais qui signifie  » aller vers « . Le leadership est donc l’action de guider. Un leader est une sorte d’éclaireur. Pour aller quelque part, il est nécessaire d’avoir d’abord une direction. Il faut savoir où on veut aller, mais pour aller quelque part, il faut aussi de l’énergie. Si vous n’avez pas d’énergie, même si vous savez où vous voulez aller, vous n’irez nulle part. Les émotions fournissent par définition de l’énergie. Cette énergie peut être débloquée en réaction à quelque chose. Par exemple lorsqu’on se sent menacé, la peur active le besoin de protection, la colère nous sert à contourner un obstacle. Mais l’énergie de l’émotion peut aussi être un moteur qui apporte du courage, de la détermination, de l’enthousiasme.

Un leader doit donc être capable de fournir à ses équipes une vision, de donner une direction , mais il doit aussi être capable de mobiliser ses troupes pour les mettre en action. Il doit aussi pouvoir faire face aux émotions des autres quand ils se sentent menacés, confus, notamment en situation de crise ou de grands bouleversements stratégiques. Il peut y avoir de la peur, de la colère, des conflits. Un bon leader doit donc être à l’écoute de ses propres émotions et de celles des autres, pour amener de la résilience.

Les êtres humains ne sont pas des robots. Les émotions jouent un rôle très important dans nos vies, on ne peut donc pas les nier au sein du monde de l’entreprise. Cela ne veut pas dire pour autant qu’on doit se laisser dominer par nos émotions. L’intelligence, c’est plutôt d’apprendre encore une fois à accepter les émotions, et à les maîtriser. Un bon leader doit savoir quel type d’émotion est nécessaire pour faire face à des défis difficiles.

Je n’ai jamais rencontré aucun leader d’exception, qui arrivait à mener loin son entreprise, sans utiliser l’ intelligence émotionnelle.

-En France pourtant, ce concept n’est pas intégré. On l’a encore vu aujourd’hui au cours de ce séminaire, où une femme témoignait de ses années passées dans une école de commerce. Elle expliquait qu’ on demandait aux étudiants au contraire de  » laisser leurs émotions à la maison « .

-Le meilleur contre- exemple à cette façon de voir les choses est Steve Jobs. Il a toujours répété qu’il fallait avoir le courage de suivre son coeur et son intuition. Steve Jobs a mené très loin Apple sur la scène du business mondial. Il a toujours dit qu’il n’avait pas réussi cette prouesse en s’appuyant uniquement sur sa raison. Mais il a également dit que l’intuition et la passion ne servent à rien, si elles ne sont pas utilisées au service d’une vision. Pour accéder à son intuition il est nécessaire d’être en relation avec ses ressentis. Les émotions sont des signaux qui nous indiquent nos états internes. Les ignorer revient à s’ignorer soi-même. On se coupe de certaines informations qui nous indiquent des messages très importants.

-Pensez-vous que cette façon de penser est plus développée aux Etats-Unis qu’en Europe ?

-Cette façon de voir les choses est davantage enseignée aux Etats-Unis. Cela ne signifie pas que tous les grands patrons l’appliquent. Ce qui est important, c’est que les chefs d’entreprises réalisent davantage que l’intelligence émotionnelle a de la valeur. Elle est extrêmement importante pour développer le bien-être au travail. Aujourd’hui on sait que le stress est contre-productif. Il peut même tuer. Vous avez ici en France, des exemples marquants, avec près de 25 suicides qui se sont produits ces dernières années au sein d’une très grande entreprise. De mon point de vue, on ne peut pas ignorer les émotions, dire qu’elles n’existent pas. Ne pas tenir compte de l’état émotionnel de ses salariés, peut conduire à des drames.

Si Steve Jobs a fait d’Apple l’une des sociétés les plus innovantes et les plus brillantes de la planète, c’est bien parce qu’il a réussi à motiver, à inspirer les personnes qui travaillaient avec lui. Il n’a pas planifié le succès de manière rationnelle. Cela ne veut pas dire qu’il était irrationnel. La sensibilité, l’intuition n’ont rien à voir avec l’irrationalité.  Il s’agit avant tout d’être à l’écoute de ses ressentis.

– Le mot clé que vous avez beaucoup prononcé au cours de ce séminaire c’est « l’accueil ». Comment fait-on pour accueillir ses ressentis, ses émotions ?

-D’abord, il est nécessaire de créer de l’espace en nous pour observer sans les juger nos émotions. Ensuite, l’autre point important est de reconnaître l’intention positive de l’émotion. Les émotions ne sont pas uniquement des réactions à quelque chose. La peur, la tristesse, la colère, toutes ces émotions, que l’on juge « négatives », la plupart du temps, ont en fait une intention positive. L’intelligence serait donc de connaître l’intention positive de ces émotions pour les intégrer avec créativité et sagesse. L’intention positive de la peur, cela peut être  la protection. L’intention positive de la colère, cela peut être poser des limites, se défendre. L’intention positive de la tristesse, c’est le besoin de libération.

Faire ce travail, est un travail proche de la  » pleine conscience « . La conscience est le socle de l’intelligence émotionnelle. Cela permet d’intégrer nos différentes expériences de vie. Ce que j’ai pu observé en interviewant des centaines de leaders ces dernières années, c’est qu’ils ont tous en commun, une sorte de cohérence entre leur façon d’être et leur façon d’agir. C’est cela, le charisme, une cohérence entre l’être et le faire. Ils savent alors inspirer les autres, ils rayonnent, et attirent à eux ce dont ils ont besoin pour réussir. Ils ont une autorité humble, une confiance tranquille, une présence particulière. On n’obtient pas des autres de l’implication et de l’engagement sans être d’abord soi-même en relation avec sa sagesse profonde, sans être conscient de ce qui se joue à l’intérieur de soi. Que se soit dans le monde de l’entreprise ou dans la vie en général, l’accueil bienveillant de ses ressentis est un pas essentiel vers le leadership de soi-même et le leadership tout court.

Liens pour aller plus loin:

Un livre sur l’intelligence émotionnelle

L’intelligence émotionnelle au travail

Toutes les formations de l’Institut Repère

Photo : Découvrez le fabuleux travail de l’artiste irlandais Gerry Barry !

L’optimisme sans frontières !

« Une personne optimiste ne refuse pas de voir le côté négatif des choses, elle refuse de s’attarder dessus ».

Alexander Lockart (1841-1900 )

Photo : Gregory Criteau du blog http://gregorycriteau.wordpress.com/

Photo : Gregory Criteau du blog http://gregorycriteau.wordpress.com/

Depuis quelques semaines, je découvre régulièrement dans la presse des articles qui abordent sous différents angles le pessimisme des Français.  J’ai donc décidé de rééquilibrer la balance, en vous parlant aujourd’hui d’un mouvement philosophique et intellectuel qui s’étend à travers le monde depuis quelques années : la ligue des optimistes sans frontières.  Cette association a été créée par un homme tout à fait surprenant, Luc Simonet. Il y a quelques jours, il a laissé un commentaire sur ce blog. J’ai naturellement été intriguée par sa démarche et j’ai voulu en savoir plus.

Luc Simonet : Fondateur de la ligue des optimistes sans frontières

Luc Simonet : Fondateur de la ligue des optimistes sans frontières

Luc Simonet est un avocat fiscaliste belge. En 2005, il fonde la Ligue des optimistes de Belgique. Un mouvement destiné à promouvoir l’optimisme et l’enthousiasme comme philosophie de vie. Aujourd’hui son association s’est développée dans plusieurs pays : en France, aux Pays-Bas, au  Bénin, en Allemagne, entre autres.

La ligue des optimistes regroupe des intellectuels, des écrivains, des chercheurs autour de valeurs positives. En France, La ligue des optimistes compte actuellement près d’un millier de membres parmi lesquels : les écrivains Eric-Emmanuel Schmitt, et Erik Orsenna, le moine bouddhiste Mathieu Ricard, Philippe Bobola, physicien, biologiste et anthropologue ou encore Philippe Gabilliet, docteur en sciences de gestion.

 

Photo : Christophe du blog photobach.wordpress.com

Photo : Christophe du blog photobach.wordpress.com  *

Rencontre avec optimiste réaliste !

– Bonjour Luc Simonet. Qu’est- ce qui vous a poussé à créer l’association La ligue des optimistes ?

– Tout a commencé il y a presque 7 ans. J’étais avocat fiscaliste et puis un jour je me suis rendu compte que lorsque mes clients m’appelaient, je ne les écoutais plus. J’avais perdu l’enthousiasme. J’ai réuni mes collaborateurs et je leur ai dit, je vous laisse les clés de la boutique. Je leur ai annoncé que je prenais un congé sabbatique d’un an. J’ai d’abord occupé mes journées à jouer au golf et puis il y a eu un déclic pendant des vacances en Toscane. Mes enfants n’arrêtaient pas de se plaindre de la pluie. Je leur disais :  » Mais non , dîtes plutôt que c’est une belle journée de pluie » ! J’ai eu l’idée de créer des parapluies avec cette inscription ! En rentrant en Belgique, j’ai décidé de faire fabriquer 50 parapluies avec cette phrase, juste pour mon plaisir ! J’ai raconté cette histoire à des amis et on s’est dit que nous devrions créer une association pour promouvoir l’optimisme. Il y a  tout de suite eu un élan et un enthousiasme incroyables ! En 2005, on a commencé avec 175 membres, aujourd’hui l’association en compte 5000 en Belgique et 15000 personnes sont abonnées à notre Newsletter dans le monde ! Finalement, je n’ai jamais autant travaillé que durant ce fameux « congé sabbatique  » !

– Quel est le message que vous souhaitez faire passer à travers cette association?

– Je ne défends pas un optimisme béat. Je pense plutôt que nous sommes maîtres de nos pensées et que nous sommes responsables de notre bonheur. L’optimisme n’est pas une aptitude congénitale au bonheur qui nous affranchirait des problèmes douloureux et des grands chagrins de notre vie. Je crois que l’optimisme est un apprentissage par lequel, à partir d’une décision consciente, l’homme se construit dans la connaissance de lui-même, grâce à une forme de discipline intérieure. La confiance est lumineuse. Elle est à l’opposé de nos peurs,  qui souvent sont arrimées à l’ignorance et en particulier la peur de l’autre dans ses différences, de l’autre si différent de moi socialement et culturellement, de l’autre dont la peau n’a pas la même couleur que la mienne, de l’autre qui pratique une autre religion, de l’autre qui parle une autre langue.

Notre association ne cherche pas à convaincre les pessimistes, les sceptiques ou autres cyniques. Elle s’adresse aux personnes qui ont opté pour l’optimisme. En se réunissant, elles augmentent ainsi la force et l’efficacité de leur enthousiasme.

– Mais n’est-ce pas utopique en ces temps de crise ?

– Justement la crise est peut-être l’ opportunité de changer notre façon de regarder le monde. Quand je vois ces financiers qui dominent la planète, je me dis que cela ne peut pas durer ainsi. On va droit dans le mur si on suit le modèle d’expansion occidentale. On épuise les ressources et la vie finira par ne plus être possible sur la Terre. Je crois qu’il est temps de nous demander ce que nous voulons. Nous avons le devoir d’inventer un nouveau modèle. Et pour moi, l’être humain doit revenir au centre de ce nouveau paradigme.

– Et vous ? Comment faites-vous pour rester optimiste ?

-Je pense être optimiste de nature mais je suis toujours sur le fil du rasoir. C’est pour cela que l’optimisme, cela demande une sorte de discipline. Il faut constamment réajuster ses pensées. Mon expérience m’a démontrée que lorsqu’on est optimiste on attire les gens. On rencontre souvent les personnes dont on a besoin pour évoluer. Il y a une véritable énergie qui naît de ces rencontres. Je fonctionne beaucoup comme cela. Un jour par exemple, une dame à l’issue d’une conférence en Belgique, m’a parlé d’un jeune garçon libanais, qui avait perdu ses bras et ses jambes et qui était passionné par internet. Son prénom m’a interpellé, il s’appelait Saad Saad. En anglais cela veut dire triste. En arabe, cela signifie heureux. Et je me suis dit , ce garçon, je vais l’embaucher car j’ai besoin de quelqu’un pour gérer le site web de l’association. Et je ne regrette pas mon choix ! Il est formidable. Mon ami, Eric-Emmanuel Schmitt à qui j’avais raconté cette anecdote, l’a repris dans l’un des ces livres, d’ailleurs.

– Quels sont vos projets en cours ? Et quels sont vos objectifs ?

– Nous avons organisé de nombreux évènements en Belgique. Nous avons par exemple habillé un tram de Bruxelles de rose en pleine crise politique. Les gens ont bien réagi ! Nous avons également financé un projet fou : une voiture a fait le Paris-Dakar sans une goutte de pétrole .

Le Paris-Dakar sans pétrole !

Le Paris-Dakar sans pétrole !

Cela fait parler de notre philosophie d’une manière légère. Nous organisons également des conférences et de nombreux intellectuels nous rejoignent dans cette aventure. J’aimerais vraiment que ce mouvement touche toutes les classes sociales et pas seulement les intellectuels. Nous avons également créé un nouvel état que j’ai appelé « l’Optimistan ». L’Optimistan, est un état métaphorique, sans territoire physique, dont les optimistes sont les citoyens. C’est l’état de conscience selon la pensée de Pierre Teilhard de Chardin qui disait qu’à mesure que le monde se complexifiera, il conviendra d’en élever l’état de conscience. J’espère que de nombreuses personnes nous rejoindrons ! Je crois aussi beaucoup au partage de connaissances. Il y a tant de choses à découvrir sur l’être humain, sur ses forces, mais aussi sur les liens qu’il entretient avec l’univers. C’est une aventure passionnante et je suis heureux d’y prendre part !

 

 

 

 

 

 

 

©larevolutioninterieure.com

Liens pour aller plus loin :

Le programme des conférences en Belgique

La ligue des optimistes de France

*Merci à Christophe du blog photobach et à Grégory du blog Macro Polo d’avoir accepté de collaborer avec la Révolution intérieure  ! Grégory a réalisé sa photo spécialement pour cet article ! C’est une joie d’être dans la co-création !

Les pionniers du nouveau monde !

« Aucun journaliste ne sait plus ce qu’est une bonne nouvelle. » Le Dalaï Lama

télé

C’est un fait. C’est même devenu une ligne éditoriale. Nos journaux TV nous abreuvent au quotidien de ce qu’il y a de pire en ce monde. Loin de moi l’idée de dire qu’il ne faudrait plus traiter ni les guerres, ni les faits- divers, ni les scandales politico-financiers. Je m’interroge simplement sur la part qui est faite dans nos journaux à ses sujets. Et il faut bien constater que la balance entre les informations positives et négatives penche plutôt du côté du négatif. Cela ne laisse pas le téléspectateur indemne. C’est d’ailleurs la thèse que défend  le psychiatre lyonnais Patrick Lemoine dans son livre Le mystère du Nocébo, où il écrit » Certes, donner de faux espoirs est dommageable, mais ne jamais fournir d’informations optimistes peut aussi provoquer des désastres sanitaires . » Il explique dans ce livre que le  flux continu d’informations catastrophes a un impact sur notre santé et notre système immunitaire. Heureusement, au sein même de la profession de journaliste, des pionniers ont déjà ouverts la voie à une autre vision du traitement de l’information. Catherine Berthillier fait partie de ceux-là. Et j’adhère à 200 pour cent à sa vision des choses.

Catherine Berthillier, créatrice de Shamengo

Catherine Berthillier, créatrice de Shamengo.com

Catherine Berthillier est journaliste en France depuis près de 20 ans. Grand reporter elle a collaboré à de nombreux  magazines d’info tels que  Envoyé spécial ou des Racines et des ailes. Elle a longtemps réalisé des enquêtes de société à travers la planète. Elle était alors portée par l’idée que le rôle d’un  journaliste était avant tout de dénoncer les injustices et de mettre en lumière ce qui ne tournait pas rond dans ce monde.  Il y a trois ans pourtant, elle a décidé de changer de regard sur son métier. Lassée de décrire les problèmes de la société, elle a choisi de mettre en valeur les personnes qui oeuvrent chaque jour pour améliorer les choses.

Elle a créé le site shamengo.com pour donner la parole à  ceux qui participent au quotidien à la construction d’un monde meilleur. Elle réalise des portraits de pionniers, d’ inventeurs, d’ entrepreneurs sociaux à travers le globe. Elle nous offre ainsi une vision résolument positive d’un monde en mutation, dont on sait si peu de choses. Rencontre avec une pionnière du « Nouveau Monde « .

 

-Bonjour Catherine. Qu’est ce qui vous a  poussé à créer le site shamengo.com ?

-Il y a 3 ans, j’étais en Inde pour un sujet. Au cours de ce reportage je me suis retrouvée dans un petit village isolé qui n’avait pas l’électricité. J’ai observé que des enfants jouaient avec des petites lampes solaires. Ils étaient fascinés par ces lampes. Cela m’a tout de suite intéressée. Je me suis rendue compte que dans ce village perdu, la lumière était arrivée par le biais d’une technologie à la fois simple et innovante. J’ai voulu en savoir plus. J’ai appris que le créateur de ces lampes  portables à énergie solaire était un entrepreneur indien, Amit Chugh. Un parfait inconnu en Europe et pourtant son invention a révolutionné la vie de milliers d’habitants en Inde. J’ai eu envie de le mettre en valeur. Je me suis dit qu’on ne donnait jamais la parole à ceux qui apportent des solutions innovantes. On peut dire que c’est à ce moment là que ma  » conversion  » a eu lieu. Il y a eu une réelle prise de conscience.

Comment envisagiez-vous votre métier avant cette prise de conscience ?

-Avant, en tant que journaliste, je n’étais pas vraiment dans cet état d’esprit. Pour moi un reporter, un réalisateur de documentaire était avant tout là pour faire de l’investigation et pour dénoncer les injustices. C’est indispensable de faire de l’investigation, c’est laborieux , mal payé, mais nécessaire. J’ai adoré faire cela. Mais je me suis rendue compte que j’étais arrivée au bout d’un cycle à titre personnel. Je n’avais plus envie d’être dans cette confrontation brutale. J’avais besoin de développer une énergie plus constructive et j’ai choisi de me concentrer sur les solutions.  J’ai ensuite décidé de mettre mes compétences de grand reporter et mon réseau de contact au service de ces pionniers qui oeuvrent dans l’ombre. C’est ce qui m’a poussée à créer ma société de production Kaïa Prod et à fonder le site shamengo.com.

– Comment avez-vous réussi à monter ce projet  ?

-Au départ je suis partie sonner à la porte des chaines de télévision  avec un projet d’émission qui mettrait en lumière ces pionniers et leurs solutions innovantes. Aucune n’a accepté ce projet. On m’a dit que les sujets positifs ne feraient pas d’audience. Il ne faut pas se voiler la face : les grandes chaînes de télévision ont besoin des recettes publicitaires pour vivre. Les reportages qui font  appel aux bas instincts de l’homme font plus d’audience que les histoires positives. C’est comme ça. Mais cela ne m’a pas empêché d’aller au bout de mon projet. J’ai monté un partenariat avec la MGEN, une société d’assurance. C’est ce qui permet de financer nos frais de déplacement pour réaliser des interviews à travers le monde. J’ai auprès de moi une équipe motivée qui accepte d’être moins payée qu’ailleurs parce que ce que nous faisons a du sens.

-Qu’est ce que propose exactement votre site shamengo.com ? 

-C’est une plateforme qui propose de portraits de pionniers dans les domaine de l’économie, de la technologie ou même du bien-être. Nous réalisons des reportages  que nous diffusons sur notre site. Nous en avons déjà réalisé une centaine. Notre objectif est d’en proposer mille.  Nous mettons en ligne une vidéo par semaine. Cette vidéo est également diffusée sur LCI, l’un de nos partenaires.  A partir du mois de  janvier nous souhaitons proposer des versions longues de nos rencontres. Et nous souhaitons également créer une plateforme collaborative entre nos pionniers et le grand public. L’idée serait de mettre en réseau nos inventeurs à travers le monde et des écoles ou des collectivités. Par définition les pionniers sont souvent isolés. Ils ont besoin d’être encouragés. L’idée est de créer du lien, de fédérer des énergies autour de projets  positifs,  innovants et utiles dans  de nombreux pays. Certains de ces pionniers  sont déjà connus dans leurs pays , mais sont totalement inconnus en dehors. Ce qui les relie tous c’est qu’ils ont eu une idée insolite, une idée altruiste qui permet de faire bouger les lignes et qui va à l’encontre du fatalisme économique car elle peut apporter des solutions à moindre coût.

-Qu’est ce que ces pionniers nous enseignent sur l’état actuel du monde  ?

-Il y a une formidable créativité dans les pays en voie de développement. Dans cette partie du monde de nombreuses personnes cherchent des solutions car les défis à relever sont nombreux. Les pays en voie de  développement n’ont pas le choix. Je crois que les valeurs de l’occident, basée sur la compétition et la domination du système financier vont peu à peu être remplacés par d’autres valeurs : la collaboration, l’altruisme, l’innovation, l’harmonie avec la nature.  On constate que dans nos pays occidentaux nous sommes encore frileux face à certains choix, mais si les décisions ne sont pas prises en Europe, d’autres les prendront ailleurs. L’économie de demain naîtra dans les pays émergents, j’en suis convaincue.

-Aujourd’hui que vous a apporté ce projet sur le plan personnel ?

-Je suis très heureuse. C’est peut-être très égoïste mais mon plus grand bonheur c’est lorsque des personnes viennent vers moi et me disent qu’elles veulent rejoindre cette aventure. Nos moyens sont limités, mais notre motivation personnelle amène tant d’émotions positives que cela compense largement le manque d’argent. Ce que j’aime, c’est donner du sens à ma vie, en aidant à ma façon les autres. C’est peut-être une toute petite contribution mais j’ai l’impression que ce que nous faisons à notre modeste niveau permet de faire bouger les lignes et contribue à créer le monde de demain. Je crois que nous arrivons à la fin d’un cycle et j’ai envie de participer à l’émergence d’un monde nouveau.

Liens pour aller plus loin :

-3000 personnes aiment déjà Shamengo sur facebook et vous ?

 Une autre interview de Catherine Berthillier 

-Une interview du Dr Lemoine comment le mental agit sur notre santé physique !

Le congé solidaire : l’expérience de Florence !

Florence Guimezanes

Florence Guimezanes revient du Népal. Cette jeune parisienne consultante dans un cabinet de conseil a passé trois semaines en septembre dernier auprès de jeunes femmes victimes de violences domestiques et de trafic humain à Katmandou.  Durant ce voyage peu ordinaire, organisé dans le cadre d’un congé solidaire, elle a animé des ateliers à vocation thérapeutique au sein d’une association locale Planète Enfants. Une expérience très riche qu’elle partage avec nous ici.

« Chacun de nous peut représenter une différence réelle et substantielle sur cette planète. En vous engageant personnellement dans une quête de la conscience, vous assumerez vraiment un rôle marquant dans la transformation du monde. »
de Shakti Gawain extrait de La Transformation intérieure

Un voyage solidaire

« Je n’ai pas le sentiment d’être partie en mission pour sauver le monde. J’avais juste envie de faire quelque chose à mon modeste niveau  » , résume-t-elle dans un éclat de rire. Florence est une jeune trentenaire. L’altruisme, l’empathie sont des valeurs qui ont du sens pour elle depuis toujours. Cela aurait pu rester de belles idées, mais la jeune femme  décide de défendre ces valeurs  en s’engageant dans des actions concrètes. Ses recherches sur internet la mènent alors sur le site de  Planète Urgence, cette association met en relation des volontaires potentiels avec des associations en quête de compétences dans des pays en voie de développement.  « En allant sur leur site, j’ai tout de suite accroché sur cette association au Népal qui proposait d’aider des femmes victimes de trafic et de violences domestiques « , relate-t-elle. Elle commence par faire le bilan de ce qu’elle a à offrir. Et son goût pour la danse et le théâtre s’est tout de suite imposé. « La danse est un bon moyen d’exprimer les émotions et de se réconcilier avec le corps. Je me suis dit que je pouvais animer des ateliers autour de cela. Cela a plu à l’association. Planète Urgence ne recherche pas forcément des experts de l’humanitaire mais plutôt des gens motivés qui ont envie de transmettre un savoir. Avant de partir on est formé pour bien avoir en tête notre rôle de volontaire au cours de la mission« , explique-t-elle. Florence signe une convention avec l’association et son entreprise. Elle partira  sur ses congés, elle sera logée et nourrie par l’association qui l’accueille et les frais de mission seront en partie pris en charge par son employeur : c’est le principe d’un congé solidaire. Le projet est bien avancé quand, au dernier moment, son entreprise renonce à financer le voyage de Florence, restrictions budgétaires obligent. Elle décide malgré tout de partir. Pas question d’abandonner ce projet. L’engagement pousse à ne pas reculer au premier obstacle. Et la voilà qui atterrit à Katmandou en septembre dernier, accompagnée d’une autre volontaire, Sybille, une architecte qui l’accompagne pour animer des ateliers d’arts plastiques au sein de la même association.

 » Au début c’était difficile, à cause de la barrière de la langue. La plupart des femmes du foyer ne parlaient pas anglais. J’ai un peu tâtonné « , raconte la  jeune femme.  » J’avais bien réfléchi à ce que je voulais faire avant de partir. J’ai passé du temps à préparer ma  mission en lisant des livres sur l’art -thérapie et en recherchant des musiques variées. Ne sachant pas comment ça allait se passer, j’ai prévu un large éventail d’activités pour pouvoir m’adapter et j’ai affiné mes ateliers une fois sur place. »

Florence  découvre alors la terrible condition des femmes népalaises :  » Une partie des femmes qui se retrouve dans ces foyers a été chassé par leur belle- famille et leur mari. Au Népal, une femme ainsi répudiée ne peut pas retourner chez ses parents. C’est culturel.  Elle est donc souvent livrée à elle-même, sans qualification et sans moyens de s’assumer seule. La prostitution est également très répandue. Elle est plus ou moins choisie. Cela permet à des filles issues des campagnes de gagner de l’argent et d’en envoyer sous couvert d’un emploi  » honorable  » à leur famille restée au village. Nombreuses sont celles aussi qui sont kidnappées ou trompées par de fausses promesses d’emploi et se retrouvent vendues dans des bordels en Inde ». Certaines de  ces jeunes filles viennent de régions éloignées, où les conditions de vie sont dures. Elles ne sont jamais allés à l’école, ne savent ni lire, ni écrire et certaines n’ont  jamais tenu un crayon de leur vie. Le contexte est donc délicat mais Florence décide de faire confiance à son intuition. Au fil des jours, grâce à des activités simples et ludiques, la jeune femme finit par tisser un lien avec ces femmes du bout du monde.

Elle réussit à décrocher les premiers sourires en leur faisant imiter des animaux et danser la Macarena.  » J’ai commencé avec des danses et des jeux de groupe pour stimuler l’énergie collective et travailler la coordination « , explique-t-elle. Peu peu Florence tente de nouvelles choses et propose des séances de plus en plus construites. « Je leur ai proposé, par exemple, de danser les yeux bandés pour travailler le ressenti. L’objectif était d’être en accord avec la musique tout en faisant abstraction du regard des autres. « 

Florence utilise aussi la danse libre et le yoga pour les amener à prendre conscience de leur corps et à lâcher-prise. « On sentait que les femmes victimes de violences  avaient du mal à assumer leur personnalité. Leur corps était fermé, les bras souvent croisés, le regard fuyant. C’est sans doute chez elles que, paradoxalement, j’ai pu observé le plus de progrès » , raconte la jeune volontaire.

Au fil des jours, Florence commence à voir une subtile transformation s’opérer dans l’attitude de ces jeunes femmes bléssées par la vie.  » Au bout de trois semaines, certaines d’entre elles étaient plus souriantes, moins agressives. L’activité de groupe les stimulait. Ces ateliers artistiques ont permis je crois, de libérer des choses. Et puis on a beaucoup ri ensemble. C’est sans doute ce que je retiendrais de ce voyage. Les moments de joie partagés ! »

Une petite goutte d’eau dans un océan de misère 

 » J’ai eu un grand plaisir à observer les  progrès de ces femmes. C’est gratifiant. C’est peut-être une goutte d’eau  à l’échelle des problèmes de la planète mais en même temps je pense que c’est par ce type d’ actions aussi modestes soient-elles qu’on plante des graines de conscience » , explique Florence. D’autant que l’action des volontaires ne se limite pas à des ateliers ponctuels. Dans le cadre d’un congé solidaire, l’objectif est de rendre progressivement autonomes les personnes aidées localement. L’un des volets de la  mission de Florence consistait  à  former les membres de l’encadrement des foyers afin qu’ils puissent poursuivre eux-même les activités proposées.  » Nous étions heureuses l’autre volontaire française et moi même de voir qu’ils avaient envie de poursuivre certains ateliers. On a travaillé avec eux sur un plan d’action. Ils ont constaté que les arts plastiques étaient intéressants aussi pour les enfants.  Ils vivent avec leurs mères dans les foyers mais ils ne sont pas stimulés. Ils ne dessinent jamais. Leur mères n’ont pas été sensibilisées à cela. Ce n’est pas dans les mentalités »,  poursuit la jeune femme.

Au-delà de la satisfaction de se sentir utile Florence explique que cette expérience lui a aussi beaucoup apporté sur un plan plus intime : « En aidant les autres , je m’aide moi aussi à me développer, c’est un échange qui va dans les deux sens ». Elle mesure aussi sa chance de vivre dans un pays comme la France. Elle relativise aujourd’hui plus facilement les petits du tracas du quotidien et sait mieux apprécier ce qu’elle a :  » C’est tout bête, mais je fais aujourd’hui attention à ne pas gaspiller l’électricité. Au Népal  l’énergie est une denrée rare. La vie est rythmée par les coupures de courant. Alors une fois ici, je suis davantage consciente de mon confort de vie ».

Sa mission au Népal l’a aussi interrogée sur le système économique mondial et sur la notion même de développement. « La clé du développement passe forcément pour moi par l’éducation des femmes et des enfants. Dans des pays comme le Népal il y a encore beaucoup de travail. Je pense que l’objectif ce n’est pas d’ imposer nos solutions d’occidentaux , au contraire, il s’agit plutôt d’accompagner les habitants afin qu’ils deviennent des acteurs du changement dans leurs pays ».

On pourrait lui objecter que ces changements paraissent dérisoires face aux immenses défis que doivent relever les pays pauvres, mais Florence  ne veut surtout pas se laisser piéger par cette vision pessimiste du monde :  « On ne sait jamais d’avance quelles seront les retombées à long terme de nos actions. J’ai semé des graines en ne sachant pas quelles fleurs vont pousser. Mais si ça se trouve, de proche en proche, c’est tout un jardin qui va fleurir. C’est ça le mystère de la vie, on sème et on laisse la vie faire son oeuvre. Si ce que j’ai fait a des effets positifs sur le long terme, je pourrai dire que j’ai réussi ma mission. Pour moi c’est cela l’engagement. Agir à son niveau, avec ses moyens, mais agir. C’est la somme de ces petites actions qui créera selon moi un changement global ».

Liens pour aller plus loin :

Le congé solidaire avec Planet Urgence

Un rapport de l’ONU sur la condition des femmes au Népal

La petite histoire de la peur !

 

Photo : Régis Minetto

Le thème de la peur trotte dans mon esprit depuis un moment, mais c’est au détour d’une promenade dans un parc que l’idée de cet article s’est précisée. D’habitude je vous offre ici des rencontres. Aujourd’hui, je partage plutôt des réflexions inspirées par une scène dont j’ai été témoin dans ce parc.

Voici donc la petite histoire de la peur !

« Seuls les cailloux ignorent la peur » Pascale Roze, écrivaine française

Nous sommes le 15 août. Un jour férié en France. L’occasion de profiter d’une journée supplémentaire de repos. Je décide d’aller flâner dans un parc avec ma fille de 5 ans. Je m’assois sur un banc pendant qu’elle vaque à ses occupations et à ses jeux d’enfant. L’occasion de méditer sans méditer. Face à moi, une scène attire mon attention. Je suis comme au théâtre observant une pièce improvisée en plein air. Les actrices de cette pièce sont deux petites filles, d’environ 8 et 10 ans. Deux petites filles attirées comme des aimants par un jeu plutôt stimulant. On appelle cela une tyrolienne. Le principe est assez amusant et promet quelques sensations. Il s’agit d’accrocher ses deux mains sur une barre, de s’élancer et de se laisser porter pour relier un point à un autre. Le jeu ressemble à peu près à cela.

Tyrolienne

Deux petites filles viennent de s’élancer avec grâce ,en riant, montrant ainsi aux deux autres, que le jeu ne présente aucun danger. Et pourtant, les deux fillettes  que j’observe sont hésitantes. La première tient fermement la barre mais n’arrive vraiment pas à se laisser aller, elle est comme paralysée.  Elle laisse sa place à la seconde, qui malgré son envie certaine de jouer à ce jeu renonce avant même d’avoir attraper la barre.

C’est à ce moment là que les deux fillettes qui ont visiblement besoin de courage  se tournent vers leurs pères respectifs restés à proximité. Le première s’écrie : » Papa ! Tu me tiens hein ! « C’est une petite fille tout en formes, avec quelques kilos superflus. Son père, un homme au visage jovial,  et au ventre rond accourt et tourne son regard rieur vers elle:  » Allez vas-y fais comme les autres, mais attention, tu fais pas 40 kg non plus hein !« , rigole-t-il. Il l’encourage encore  » Allez vas-y ! »  Mais son regard est inquiet. La petite se concentre, mais non, elle ne peut pas. Son père finit par la tenir. La scène est cocasse, cet homme soutenant les pieds de sa fille accrochée dans les airs. Au milieu du parcours, la petite lâche la barre. Le père rit : » Tant pis, c’est pas pour toi« . Aucune moquerie dans le ton de sa voix.  Il semble tout simplement à cours d’idées.

La seconde petite fille qui est exactement face au même dilemme a les yeux fixes. Elle regarde droit devant elle, vers l’objectif. Son visage est fermé, sa bouche crispée. Elle a vraiment peur, semble-t-il. Son père est un petit homme fin mais au corps athlétique. Un immense sourire illumine son visage. Il observe sa fille et l’interpelle  » Allez ma chérie regarde devant toi, respire un grand coup, c’est bon tu vas y arriver « . La petite jette un coup d’oeil à son père. Le visage du papa  respire la confiance.  » Non j’ai peur  » s’écrie-t-elle malgré tout.  » Allez vas-y !  les autres attendent derrière toi« , continue-t-il avec toujours un grand sourire collé au visage. Elle finit par y aller. Elle tombe, elle aussi. Son père la relève, en riant :  » C’est bien ma fille ! ». La petite sourit.

Durant toute cette scène je n’ai pu décroché mon regard des visages de tous les figurants cette magnifique séquence humaine. Fascinée.

Le peur est une émotion ancestrale, primaire. Elle est utile car elle nous avertit d’un danger et nous pousse ainsi  à fuir et à éviter une situation qui pourrait être douloureuse. La peur est aussi ce sentiment d’angoisse éprouvé en présence ou à la simple pensée d’une menace, réelle ou supposée.

Dans quelle partie de nous-même se loge la peur ? Selon Patricia Angeli, hypnothérateute humaniste française, elle repose dans notre cerveau  reptilien  le plus ancien (500 millions d’années à l’époque où naissent les poissons) : c’est le premier niveau de notre Inconscient. C’est le siège de nos instincts primaires. Sa fonction unique est de garantir notre survie (fonctions vitales). Il influence ainsi notre désir de nourriture, de défense, d’attaque, ainsi que notre sexualité. Il ne comprend ni nos émotions, ni notre jugement intellectuel. En cas de situations stressantes (qu’il considèrera comme des menaces pour sa vie, même pour de petites choses sans importance), il réagit avec rigidité, impulsivité et agressivité ou violence : il « attaque » ou « s’enfuit ». Il est puissant, influence l’ensemble de notre système et possède la capacité d’apprendre par conditionnement. Il n’a aucune notion de temps (passé, présent, futur), pour lui tout est présent. Toutes nos expériences, même celles que nous avons vécues lorsque nous étions enfants, sont stockées en lui et considérées comme actuelles, présentes, ce qui cause la plupart des conflits intérieurs chez l’adulte. (1)

Nos peurs d’enfants sont conservées quelque part dans notre cerveau reptilien. La question que je me pose à l’issue de l’histoire de ces deux petites filles dominées par la peur est la suivante : comment les frayeurs enfantines sont-elles accompagnées? Comment l’enfant inquiet que nous avons tous été un jour a-t-il été rassuré ?

A la vue de la scène que je viens de vous rapporter plus haut : je vois bien que la façon dont un père ( symbole masculin du courage, de l’action  ) rassure une petite fille qui a peur produit un effet différent si celui-ci paraît inquiet ou confiant.

Nous avons  parfois des peurs qui ne sont plus justifiées et qui viennent nous polluer dans notre vie d’adulte, des peurs inconscientes, qui nous font résister au changement, qui nous barrent la route lorsque nous souhaitons nous élancer dans un nouveau projet.

Je me demande si nos peurs d’adultes ne sont pas justes l’écho de nos chagrins et de nos peurs inconsolées. Si c’est bien cela, alors peut-être qu’il suffirait que l’adulte que nous sommes aujourd’hui dise à cet enfant intérieur ce qu’il aurait voulu entendre.

Qu’auriez-vous dit vous, à ces deux petites filles paralysées de peur à l’idée de  s’élancer dans ce jeu pourtant sans danger ?

 » T’inquiètes pas ça va aller ?  » ou  » Allez vas-y t’es la meilleure » ! Si nous sommes capable de le dire à ces deux petites filles pourquoi nous ne pourrions pas le dire à notre enfant intérieur, quand dans notre vie d’adulte nous ressentons de la peur ??

Les encouragements de nos amis, de notre famille peuvent nous soutenir. Mais pourquoi toujours attendre les choses de l’extérieur ? Pourquoi ne pas nous murmurer des mots d’encouragements à nous -même ? Pour guérir nos peurs et enfin nous élancer les bras grands ouverts dans la vie !

Comme ces jeunes français incroyables que j’ai découvert sur le net, et qui dépassent leurs peurs à chaque minute de leur existence sur cette planète !!!!

 » La peur n’a qu’une peur, c’est que tu l’abandonnes  » Anonyme 

Crédit Photo : Découvrez le travail du photographe amateur Régis Minetto

(1) Source Institut français d’hypnose ericksonienne .

Liens pour aller plus loin :

Les 3 cerveaux de l’être humain expliqué par un chercheur de l’Université McGill Québec

D’où vient notre peur du changement  ?

Explications de Patricia Angeli, hypnotérapeuthe

Des téléchargements gratuits d’auto-hypnose à écouter pour se relaxer et faire la paix avec son enfant intérieur 

PS : Ces liens sont des pistes de réflexions mais ne règlent pas tous les problèmes ! Si vous souffrez d’une anxiété tenace et de crises d’angoisses, n’hésitez pas à consulter en priorité un professionnel de santé !