» A l’intérieur de la force est le rire. A l’intérieur de la force est le jeu. A l’intérieur de la force est la liberté. Celui qui connaît sa force connaît le paradis « .
Henry de Montherlant, écrivain français ( 1895-1972 )
C’est un fait, la vie parfois nous secoue. Et si nos tempêtes intérieures avaient malgré tout un sens ? Et si la vie lorsqu’elle nous met face à des crises nous offrait finalement l’opportunité de mobiliser des ressources insoupçonnées ? L’être humain serait-il plus grand que ses peurs et ses contradictions ?
Il y a quelques semaines, j’ai assisté à une conférence animée par l’auteure en développement personnel québécoise Lise Bourbeau. Depuis 40 ans, elle sillonne le monde pour partager ses expériences et ses enseignements. Lise Bourbeau a publié différents ouvrages dont le célèbre » Ecoute ton corps« . Elle y fait un lien très intéressant entre nos émotions, nos pensées et nos maladies. A l’occasion de son récent passage à Paris, fin septembre, Lise Bourbeau a bien voulu répondre à mes questions et je l’en remercie. Sa fraîcheur et sa joie communicative ont fait de ce moment un bel échange spontané, que je partage avec vous aujourd’hui.
-Bonjour Lise Bourbeau. » Comment retrouver sa puissance intérieure ? « , voilà le thème de votre conférence aujourd’hui. Nous aurions donc tous en nous une force intérieure prête à être utilisée à tout moment ? De quoi s’agit-il ?
-J’appelle cette force -là notre super conscience ou notre « Dieu intérieur ». A mes yeux, l’être humain est avant tout un être lumineux qui a choisi une enveloppe matérielle comprenant un corps physique, un corps émotionnel et mental et une énergie vitale, que j’appelle la puissance intérieure. L’être humain est pour moi avant tout un être spirituel. Nous avons oublié cela et nous nous concentrons essentiellement sur les éléments matériels de l’existence, nous vivons beaucoup trop dans notre tête. Je crois pourtant que lorsque cela ne va pas bien dans notre vie, ce n’est pas une punition. Nous oublions bien souvent que nous avons la capacité de créer notre vie, grâce justement à notre puissance intérieure, que je compare au soleil. Le soleil a la capacité de réchauffer, mais aussi de brûler comme toute grande énergie. L’énergie n’est ni bonne, ni mauvaise. Ce qui compte c’est comment nous l’utilisons. Est-ce que je crée une vie que j’aime ou une vie que je n’aime pas ? La question est vraiment de savoir ce que nous faisons de cette précieuse énergie vitale.
– Créons-nous notre vie avec nos pensées ?
-Non. C’est au delà de la pensée. Nos pensées sont souvent influencées par nos croyances et nos peurs. Notre puissance intérieure est davantage reliée à notre intuition. Il nous vient une idée soudaine, on sait que c’est de cela dont nous avons besoin, elle nous fait nous sentir bien. Nous savons intuitivement ce qui est bon pour nous, mais nous pouvons le sentir uniquement si nous sommes reliés avec cette partie de nous, que j’appelle aussi le soleil intérieur et qui pour moi se situe au niveau du coeur.
– Le défi serait donc d’apprendre à dialoguer avec cette super conscience, cette partie intuitive ?
– Oui. Lorsqu’on l’écoute on reçoit souvent des messages parfois indirects. Par exemple, lorsque le corps souffre, c’est souvent pour attirer notre attention sur une façon de penser qui nous fait du mal. Plus on devient conscient, plus on devient alerte aux signaux que le corps nous envoie, plus on entend des choses importantes pour nous.
Par exemple, si je ressens un malaise avec une personne, je sais que je suis connectée à mes peurs, cette personne en éveillant un malaise en moi, me renvoie à quelque chose que je n’ai pas accepté en moi-même. Lorsque je suis connectée avec mon soleil intérieur, personne ne peut me déstabilisée, je suis centrée, je suis dans mon coeur.
-Comment distinguer la voix du mental de la voix du coeur ?
-Nos ressentis sont de sérieux indicateurs. Il est très important d’apprendre à ressentir. On a pas appris à sentir car nos parents n’ont pas appris à le faire non plus. Personne ne nous demande comment nous nous sentons. Or, c’est essentiel, car c’est ainsi que nous pouvons faire des choix. Est-ce que cette idée, ce projet, cette rencontre provoquent de bonnes sensations en moi ? Si oui, alors c’est que c’est bon pour moi. Ecouter la sensation avant que le mental ne reprenne le dessus est important. Le premier ressenti est important. Notre puissance intérieure sait exactement de quoi nous avons besoin au bon moment, pour être bien.
– Est- ce que cette puissance intérieure peut aussi nous aider à transformer les épreuves et les difficultés ?
-Oui, quand on lâche prise, quand on accepte la situation telle qu’elle est, on comprend que rien n’arrive par hasard. Tout est là pour nous aider à apprendre quelque chose de nous-même. C’est important de ne pas rester dans le problème, mais de chercher le sens du problème. Qu’est ce qui doit changer dans notre vie ? Par exemple, une personne perd son travail, ce n’est pas agréable, mais si elle est en contact avec sa puissance intérieure, elle peut arriver à se dire que quelque chose de mieux l’attend. Cet état d’être, apporte une ouverture qui attire des opportunités nouvelles et inespérées.
– Vous avez fait de la connaissance de soi votre activité depuis près de 40 ans, cela signifie-t-il que vous vivez aujourd’hui dans le bonheur total ?
– J’aimerais bien mais cela ne fonctionne pas comme ça. Le fait de travailler sur soi ne fait pas disparaître les problèmes. C’est notre façon de les aborder qui évolue. J’arrive aujourd’hui à prendre beaucoup plus de recul. La panique, c’est le trou noir. On ne voit aucune solution. Si on reste dans la confiance, on mobilise pourtant une force extraordinaire très puissante. Si on part d’un problème en disant, je veux aller vers ça, on finit par trouver les moyens d’y parvenir, parce que l’esprit est focalisé sur le désir d’aller de l’avant, et les opportunités viennent. Ce n’est pas toujours facile, mais ça rend tellement heureux de passer à l’action.
A titre personnel, je peux vous raconter que mon mari qui m’accompagnait partout dans le monde ces dernières années est aujourd’hui très malade et j’ai été obligée pour son bien-être de le laisser dans une maison médicalisée. Il est très diminué physiquement, il n’est plus l’homme qu’il était. Cela m’a fait de la peine, mais j’ai été capable de prendre cette décision. Devais-je tout arrêter pour m’occuper de lui ? J’ai pesé le pour et le contre. J’ai fait un choix en en parlant avec lui. J’ai aussi écouté mon besoin dans l’instant présent.
– En quoi cela est-il important d’écouter et d’identifier nos besoins dans nos relations ?
– C’est très important. Dans mon cas, si je n’avais pas écouté mon besoin, je serai restée aux côtés de mon mari et j’aurai été en colère, ce qui n’aurait été bon ni pour mon mari, ni pour moi. Il est nécessaire de suivre ce qui est juste pour nous, sans culpabiliser.
– Quelle est selon vous, la clé de la transformation intérieure ?
– Je dirai que c’est l’acceptation. Aussitôt que j’accepte le changement qui se présente dans ma vie, je redeviens maître de ma vie et je sors du rôle de victime. Je ne peux pas changer le passé, mais je peux créer mon avenir. Si je reste dans le problème et que je n’arrive pas à m’en sortir, je ne suis plus en contact avec ma puissance intérieure. Je blâme les autres pour ce qui m’arrive, je suis dans mes peurs. Il faut apprendre à regarder ailleurs et à changer de direction. Nous sommes les réalisateurs du film de notre vie, nous ne sommes pas obligés d’adhérer aux films des autres. Je croise de nombreuses personnes dans mes stages qui attendent des recettes miracles, ils enchaînent les ateliers mais rien de change dans leurs vies. Changer, c’est aussi poser des actes. Un pas après l’autre, pour aller vers ce que l’on souhaite pour nous. Cela demande une sorte de discipline intérieure, cela demande d’être à l’écoute de nos besoins, de ce qui nous fait du bien. Une fois que ce travail là est lancé, la vie danse avec nous. Il faut parfois faire du vide, pour se remplir à nouveau d’autre chose et avancer vers une vie plus heureuse.
PS : Merci à mon amie Emmanuelle Fiton-Hellier, qui a accepté de jouer les photographes à l’occasion de cette conférence.
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